brume pluie soleil brume
brume puis fin du monde.
gerald arran pourquoi est-il encore vivant (il ne sait pas encore loth que le vieux lui fera le plaisir de mourir dans sept ans) gerald arran déjà trop vieux pour gérer la distillerie qui ne règne plus sur l'empire cain (en 1974, on l'appelle encore cain) s'était imaginé qu'une fois le vieux mis à la retraite alors le vieux n'aurait plus rien à dire sur rien. comme il s'est trompé puisqu'il y a trois quart d'heure.
le visage tordu du vieux capable encore de colère qui l'eut cru visage de vieux qui gronde tu es fiancé à dorothy barrow c'est entendu et tu n'as rien à redire. le vieux qui lui met la corde au cou la sentence est implacable gerald ne parle plus beaucoup alors quand il le fait ses mots sont gestes et actions. voilà cain qui apprend il y a trois quart d'heure depuis trois quart d'heure il est fiancé. lui, fiancé. il pense à aller voir timothy immédiatement. tout lui raconter. puis je ne suis pas une bonne femme je ne vais pas aller gémir chez ma confidente. comment peut il salir ce lien aller à l'encontre le démolir sans faire face à ce père tout puissant ? le tuer il faut le tuer il ne peut pas le tuer malgré tout quelque chose le bloque lui d'étouffer ce qui lui a donné la vie. c'est l'envie de tuer néanmoins qui le projette dehors qui bout qui le harcèle un taon inlassable l'envie de meurtre de faire souffrir sous ses doigts de sentir se tordre les dents crisser les unes contre les autres.
je suis fiancé. je suis fiancé il faut courir au scandale. il faut sentir en moi la liberté la désobéissance la provocation le stupre. il ne convoque pas l'image c'est d'elles mêmes que ces lèvres pleines viennent danser dans son esprit. lèvres pleines sourire rare dévastateur. d'où sera venue ce jour là mercy maugham dans l'esprit de caïn les voies de cthulhu sont impénétrables comme celles qu'ils donnent à leur ridicule idole. dieu si tu existais ça me ferait un malin plaisir de te faire voir mon corps qui se meut vers errochty mon corps qui pulse mon corps qui va chercher la souillure qui cherche à souiller mon corps hanté depuis quelques temps déjà par cette femme. elle est la femme de l'autre médecin de l'île. il l'a croisée en étant dans les pattes de tim plutôt tim étant entre ses pattes il l'a vue il l'a voulue et puis même selkirk est vaste et d'autres femmes d'autres désirs. mais maintenant que l'envie de meurtre se mêle à l'envie d'étreinte c'est sa silhouette qui se dessine. pourquoi elle. pourquoi elle. je m'en fous je cours presque. et si son mari est là peu importe. si elle ne veut pas ça il ne se le dit pas il est cain ce ne sont pas des pensées qui lui arrivent.
il est hanté. il a mis tout ce temps là à s'en rendre compte. vue il y a quelques mois a continué sa vie comme si de rien n'était de qui te fous tu caïn tu es foutu depuis des mois hanté par elle depuis des mois et tu geins intérieurement parce qu'on te fiance tu t'imagines que l'image de mercy ne t'es pas plus imposée ? pauvre petit humain qui s'imagine qu'il est plus qu'un humain.
bientôt vite tout de suite il est à la porte de la demeure maugham. il ne réfléchit pas ne sait pas réfléchir quand le corps pulse. il lève la main serre le poing l'élan un coup. dur, sec, implacable.
brume puis fin du monde
cain se sait maître de sa fin du monde.

son corps à elle qui s'écarte grêle sa peau à lui à l'arrière de sa nuque sur son avant bras partout : la chair est faible. il frotte comme on se réchauffe en passant devant elle comme si ça lui donnait une contenance maître de ses mouvements maître arran se veut - se croit. son coude frotte le bras de la jeune femme de l'électricité se crée on ne peut rien à ces phénomènes physique cain les déteste. aucune main posée à plat ne peut empêcher le choc de se produire. il faudra subir serrer les dents. tant qu'il était dehors la parole il se la refusait. principe basé sur rien, habitude de sa voix qui résonne contre les murs d'une alcôve chaude. et puis ses dents sous la contraction inarrêtable de sa mâchoire ne desserrent pas. colère, désir, pulsion. il entre comme s'il venait consulter. et puisqu'aucun muscle romantique en cain il entre comme d'autres entrent dans une maison de passes. intérieur. il déduit de sa présence ici de son passage de la porte qu'hadès a laissé perséphone seule - quel imbécile. il s'imagine posséder une bonne petite femme pas trop mal il cohabite avec une démone indomptable. il se supporte pas, cain, les idiots qui se sentent bien installés dans l'idée qu'ils ont de la vie et ne prennent pas le temps de regarder ce qui la compose. femme - maison - chien ce n'est pas tout à fait semblable à succube qui accepte de partager ton habitation on ne sait pourquoi - manoir - molosse des enfers. et pourquoi succube s'est-elle faite épouse ? c'est peut être ça la question première. c'est peut être dans cet ordre là. cain est un ambitieux désorganisé. alors au lieu de répondre à ce qui lui a été dit il se retourne attrape les épaules serre. dis moi une chose mercy. pourquoi ? pourquoi t'es tu mariée ? il pourrait ajouter "à ce type" mais ce n'est pas le sujet. ça le ferait paraître amant jaloux quand il n'est qu'homme à destin de bête, homme destiné à un enfermement qu'il sent venir.

il en oublie le besoin de souillure. il ne voit plus que cette vénus superbe qui s'est quand même donnée à un époux. il entrevoit l'espoir. il entrevoit la possibilité de continuer à s'appartenir malgré tout. l'espoir que cette toute petite chose qu'ils vont lui mettre entre les pattes ne l'entravera en rien. que tout cela sera malléable, que sa rage s'apaisera un jour.
si mercy n'avait pas été mercy mais une créature plus à disposition il l'aurait jetée par terre possédée. son ire va jusque là. prendre l'autre, l'autre féminin, comme un animal, une caricature, un prétexte à pulsion. ce qu'on appelle dans le langage commun un souffre douleur, un bouc émissaire.
sa peau n'est plus grêle elle brûle. sa peau brûle il se laisse diriger dans le boudoir lui traversé par le besoin de diriger. il se laisse manipuler pour éviter d'agir. il n'est pas encore prêt à parler, pas prêt à répondre ou à s'excuser, il veut sa réponse comme il veut son corps, avec avidité, avec une impossibilité de compromis absolue. pourquoi t'es tu mariée ? et pourquoi tiens tu tant à ne pas faire d'esclandres auprès de ce prétexte d'époux ? elle a la superbe d'un humain libre de tout et de tout le monde. pourquoi s'enchainer à un autre humain ? pourquoi ne pas exploser en fleurs pleines, en volcan qu'elle est ? c'est bien cela qui fait écumer cain, qui l'a précipité jusqu'à cette porte, jusqu'à ce boudoir. il est incompatible pour lui de porter le nom de quelqu'un d'autre ou de donner son nom à quelqu'un d'autre et d'être magnifiquement libre, indépendant toujours.
ses lèvres blanches. ce boudoir les a connues roses, rouges, aux fluctuations de son sang et du désir. il n'a jamais montré sa colère à mercy. à personne - ne s'est jamais dépassé ailleurs qu'à la distillerie où les regards sont inférieurs et ne pourront jamais le juger puisqu'ils n'arrivent pas à sa botte. il peut se montrer horrible, sans ses moyens dans les effluves de whisky. mais pas ici. pas devant elle. dos de la main sur lippes tremblantes de fureur.