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 Baby it's cold outside ft. winnie

écrivainpoème d'hiver
Jonathan Fox
Jonathan Fox
épargné(e)
avatar // crédit(s) : David Tennant // soldier eyes.
âge : 47 ans
statut marital : éternel célibataire, vieux garçon qui pense qu'il est trop vieux pour toutes ces conneries

Baby it's cold outside ft. winnie 2f49fa7d7dad71e1f9f05e430fe12366


métier : ses mains guérissent, sa tête soigne ; et il essaye de vaincre la mort comme un matador dans une arène (médecin)
carcasse : mortel
damnation : Trouble de stress post-traumatique, cette maladie dont la guerre est la cause, le traumatisme inhérent et implacable, le mal-être déclenché par le plus petit des sons et la plus vive des lumières

échanges : 87
arrivée : 11/04/2020


cthulhu fhtagn
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Mar 16 Juin - 21:24

date du rp ≈  11 décembre 1981
lieu du rp ≈  chez Jonathan

Baby it's cold outside

Winnifred Carberry & Jonathan Fox ☆I've got to get home - Baby you'll freeze out there ! Say lend me a coat? - It's up to your knees out there ! You've really been grand -I feel when I touch your hand. But don't you see ? - How can you do this thing to me ?
☾ ⋆  ☾ ⋆ ☾ ☼ ☽ ⋆ ☽ ⋆ ☽

0b7d435ce2fe8de4888d416048a1b445.jpgJ’ôte délicatement les boutons de mes manches pour les remonter sur mes bras, avant de plonger mes doigts dans la farine pour en saupoudrer mon plan de travail. Je dépose la boule de pâte et je me mets à la travailler, concentré sur mes gestes, l’esprit vide si ce n’est l’intention dans mes gestes, la façon de malaxer la substance. J’ai toujours apprécié la cuisine pour le serein abandon qui se dégage des actes qu’elle engendre, et s’il était difficile, lorsque je travaillais à l’UPMC Presbytrian, de trouver le temps nécessaire pour pouvoir préparer quelques recettes pour Annie ou mon plaisir personnel, j’ai redécouvert cette passion en venant m’installer à Selkirk. Oh, je suis loin d’être un professionnel et me contente de réaliser des plats simples, mais je pense avoir quelques spécialités à mon actif : la pizza est l’une d’entre elle. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé d’en préparer aujourd’hui pour mon dîner avec Winnifred – il était plus facile d’organiser un tel repas chez moi, en terrain connu, plutôt que dans un quelconque restaurant où je ne pourrais pas tout contrôler, où la crise pouvait arriver à tout instant pour venir tout gâcher, comme précédemment.
Dehors, il fait froid. Cela fait deux jours maintenant que la neige tombe sans discontinuer, les flocons s’amoncelant sur les routes pour former d’épaisses couches blanches, empêchant les voitures et les calèches de circuler. Annie est à une pyjama party chez une de ses petites camarades - c’est la raison pour laquelle j’ai décidé de proposer à la maire de Selkirk de diner ce soir en ma compagnie. Tout est calme, le temps peu clément formant une sorte de cocon autour de ma petite maison assez coquette mais au décor assez impersonnel, je dois bien l’avouer : si les dessins et les jouets de ma nièce donnent un peu de vie et de couleur aux différentes pièces, le reste des meubles vient d’un catalogue, la décoration d’intérieur étant loin d’être mon fort. Il est difficile pour moi de visualiser l’engencement du mobilier et d’accorder les motifs, je préfère donc me référer à l’avis des professionnels, bien que l’impression finale soit souvent une image tout sauf chaleureuse, artificielle, presque. Je me sens quelque peu… embarrassé de présenter mon intérieur à Winnifred, mais tant pis. Je ne pouvais plus faire machine arrière, pas lorsque j’ai enfin décidé d’arrêter de fuir et d’affronter la réalité en saisissant le taureau par les cornes : j’ai cessé d’écouter la petite voix au fond de mon esprit qui me chuchote de biens viles promesses, j’en ai l’impression, en tout cas. Si j’étais religieux, je prierais pour que ça continue ainsi, mais cela fait bien longtemps que j’ai renié l’éducation chrétienne de mes parents.

La pâte finie, je la laisse reposer dans un saladier que je recouvre d’un torchon, puis je me dirige vers le séjour pour aller dresser la table. Les garnitures sont prêtes, il ne restera plus qu’à enfourner les pizzas, dont la cuisson nécessaire sera d’une dizaine de minute, une fois que Winnifred sera arrivée. Mon regard est attiré par le reflet d’un miroir qui trône dans le couloir menant de la cuisine à la salle à manger : je soupire en voyant mes cernes, mes cheveux indisciplinés. Je ne suis pas de ceux qui prennent grand soin de son apparence, et j’en suis terriblement conscient à cet instant précis. Pourquoi diable l’îlienne a-t-elle accepté mon invitation, elle si belle, si… envoûtante ? Je n’arrive pas vraiment à me l’expliquer. Pourtant, je m’interdis de me lamenter sur mon sort et me dirige sans plus tarder vers la table, que je recouvre d’une nappe blanche et de l’argenterie que j’ai hérité de ma mère, l’un des seuls souvenirs de mes parents que je possède encore. Sans réellement réfléchir à la portée de mon geste, je saisis un candélabre à six branches qui trône sur le montant de la cheminée pour le déposer en plein milieu de la table, allumant une à une les bougies pour conférer à la pièce une ambiance plus conviviale.

C’est à l’instant où j’éteins le briquet à silex que j’entends des coups feutrés contre ma porte. Relevant la tête, oubliant mes manches retroussées et le tablier qui ceint encore mon corps maigre, je me dirige vers l’entrée pour ouvrir la porte et découvrir la maire de Selkirk, sublime, splendide, fascinante. Je rougis lorsque je tends ma main vers elle pour serrer la sienne, ne sachant pas vraiment comment la saluer autrement, et remarquant les traces de farine ornant encore mes doigts. Je m’excuse dans ma barbe, avant d’essuyer les quelques traces blanches sur le tablier.

« - Bonsoir, Winnifred, je… merci d’avoir accepté mon invitation. Excusez ma tenue, je viens à peine de quitter les fourneaux.

Je m’efface de la porte pour la laisser entrer. Son parfum envahit la pièce, bien qu’il ne soit ni trop présent ni entêtant, j’ai l’impression qu’il embaume mes sens. Je me propose de l’aider pour enlever son manteau et me glisse derrière elle, essayant de calmer mon cœur qui bat à vive allure dans ma poitrine. Tu es ridicule, mon pauvre ami.

- J’espère que vous n’avez rien contre la cuisine italienne. Vous avez une préférence de garniture pour votre pizza ? J’ai sorti un assortiment, je me disais que… vous pourriez choisir ce que vous préférez, ainsi… »

Je dirige le cortège vers la cuisine pour lui montrer le plan de travail, sur lequel est disposé, à côté de la pâte, un amoncellement de nourriture assez impressionnant : tomates, basilic, viandes diverses, fromages fins, tout ce qu’on pourrait trouver dans un marché italien nous attend bien sagement. Je me dis soudainement que j’en ai probablement un peu trop fait, qu’elle va s’enfuir en courant en voyant le soin que j’ai pris à disposer chaque ingrédient sur le comptoir. Mon souffle se coupe dans ma poitrine. Non, John. Tu ne vas pas commencer.

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Winnifred Carberry
Winnifred Carberry
épargné(e)
avatar // crédit(s) : cate blanchett // corvidae
âge : 45 ans
statut marital : veuve

puissent les dieux prendre en pitié l'homme insensible qui demeure sain d'esprit, confronté à l'abominable vérité.

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métier : maire de selkirk
carcasse : elle appartient à l'onde.
échanges : 53
arrivée : 14/04/2020


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Mer 17 Juin - 9:58

date du rp ≈  11 décembre 1981
lieu du rp ≈  chez jonathan


baby it's cold outside

jonathan fox // winnifred carberrywhat i can see is just a shade of you and you know i only feel you through the scent of the wave, finding the key while touching the air. ella fitzgerald & the inkspots → into each life some rain must fall  •••

383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpg« maman ? » la voix d’isobel résonne dans la salle de bain alors qu’elle passe la tête par la porte. winnifred se retourne partiellement pour l’avoir dans son champ de vision. « hm ? » la jeune fille, sourcils froncés, rentre un peu plus dans la pièce. « tout va bien ? » winnifred, avec une moue confuse, se retourne entièrement. « bien sûr, pourquoi ? » sa fille sourit, apparemment interloquée. « je crois que c’est la première fois que je t’entends chantonner comme ça… tu as l’air de bonne humeur. » pour tenter de garder sa contenance, la maire de selkirk rit un peu. « allons mon chaton, je suis toujours de bonne humeur. » isobel rit à son tour. « si tu le dis, mam’s, si tu le dis. amuse toi bien, à ton dîner, alors. » winnifred se retourne et alors que sa fille s’apprête à quitter la pièce, elle l’interpelle. « tu restes ici ce soir, on est d’accord ? » l’adolescente roule des yeux, penchant un peu sa tête sur le côté. « oui, comme je t’ai dit, je vais regarder une cassette que m’a prêtée lily, si la télé fonctionne pas à cause de la neige. » l’adulte, satisfaite, hoche la tête. « tu as de quoi manger dans le frigo. » « je sais, maman, j’ai vingt ans, pas douze… » répond-t-elle d’un ton légèrement ironique alors que winnifred fait la moue. « pas encore vingt ans, mademoiselle… et puis tu es mon bébé, tu seras toujours mon bébé. » les deux sirènes se sourient dans le reflet du miroir, et isobel souffle un baiser à sa mère avant de sortir. winnie se reconcentre sur le maquillage qu’elle applique avec précaution. elle en met un peu moins que d’habitude. avec un froid pareil, c’est surtout important de protéger sa peau contre le froid, et de ne pas trop la maltraiter, surtout quand comme la sienne, elle peut révéler des écailles. en parlant d’écailles, elle frissonne légèrement en repensant au bain bi-quotidien et à l’expérience désagréable que c’est depuis quelques jours, comme souvent en hiver. une fois dans l’eau, ça va, mais le passage où il faut se déshabiller et se tenir comme ça nue dans le froid avant de plonger, c’est vraiment loin d’être quelque chose qu’elle aime faire.

une grosse demi-heure plus tard, maquillée légèrement, elle est assise sur l’avant-dernière marche de l’escalier, occupée à nouer les lacets de ses derbies à talons. ils sont moins hauts que d’habitude, comme le requiert la météo, elle se verrait mal en escarpins à déraper dans la neige. elle porte des collants noirs plutôt chauds, une jupe crayon plutôt longue, lui arrivant en dessous des genoux, et à motifs de style vichy bien que beaucoup plus larges, dans des tons noir et blanc. rentré dans la jupe cintrée par une ceinture, un simple pull en cachemire noir, à col cheminée et à manches longues. pas d’autres bijoux que de simples boucles d’oreilles en or et en perle, très légèrement pendantes, et une montre plutôt masculine au poignet gauche. elle prend un sac un peu plus large que d’habitude, place son éternel bonnet noir sur sa tête qu’elle accroche à sa coiffure à la grace kelly à l’aide d’une barrette, et enfile son manteau droit en laine vert émeraude, dont elle serre la ceinture à la taille avant de mettre ses gants et de placer son sac légèrement lourd sur son épaule, puis d’enrouler une écharpe autour de son cou. elle passe à la cuisine prendre la boite en carton contenant le gâteau, récupère ses clés sur la console de l’entrée, et lance un « j’y vais ! » à la cantonade. une vague réponse lui parvient de l’étage et elle sort, cueillie dès le perron par une forte bourrasque chargée de neige. c’est une véritable tempête cette affaire, pardi, se dit-elle alors qu’elle avance. elle profite d’être encore un peu à l’abri de la maison pour s’allumer une cigarette, et la voilà partie. sur le chemin, les pensées se bousculent dans sa tête. d’un côté, il est parfait que le docteur l’ait invitée à dîner, puisque ça lui a donné une excuse toute trouvée pour repousser une réunion avec harry et cain, réunions qu’elle fuit dorénavant comme la peste. elle va donc vraiment payer toute sa vie pour une erreur de jeunesse, hein ? le doute ne date pas d’aujourd’hui, même si le fait qu’elle l’accepte soit assez récent. le problème avec le culte, c’est qu’elle est fondamentalement convaincue que le mythe est tout à fait réel. mais elle secoue la tête. ce soir, elle ne veut pas penser à ça. elle se fait une joie de passer un peu plus de temps avec le docteur fox, et évite soigneusement de trop réfléchir aux implications que pourraient avoir un béguin authentique, car après tout, là n’est pas la question, pas vrai, tant qu’elle fait ce qu’elle a à faire. bien sûr, ce n’est pas la première fois qu’on lui demande de faire usage de son corps pour se mettre des hommes dans la poche, simplement, là… eh bien, c’est différent.

sa cigarette est finie depuis longtemps mais des questions tourbillonnent encore dans sa tête lorsqu’elle arrive devant la maison du médecin. elle remet ses cheveux secoués par les vents chargés de neige en place, prend une grande inspiration, et finalement toque à la porte. elle n’a pas à attendre bien longtemps pour que celle-ci s’ouvre, révélant un jonathan fox encore plus intriguant qu’à son habitude, en bras de chemise et les hanches ceintes d’un tablier. elle lève un sourcil, et lui sourit, avant de baisser le regard vers la main qu’il lui tend, puis qu’il essuie sur son fameux tablier, et alors qu’elle le voit rougir, elle sent le haut de sa poitrine chauffer doucement. après tout, qui n’aime pas un homme qui sait cuisiner ? bien qu’elle ait été surprise par sa proposition que le dîner se fasse chez lui, elle est encore plus agréablement surprise de voir qu’il semble avoir décidé de tout préparer lui même. et puis, forcément, avec quelqu’un d’aussi pudique, c’est tout de suite intriguant de pouvoir pénétrer son lieu de vie. aussi, elle pose ses yeux partout à peine est-elle entrée dans la maison, détaillant les lieux. « bonsoir, jonathan, » dit-elle après une courte hésitation, presque un bafouillage, d’une voix chaleureuse néanmoins. « merci à vous de m’avoir invité, plutôt. » elle pose son sac, il l’aide à retirer son manteau, et elle se retourne vers lui, retirant ses gants l’un après l’autre alors que la boite qui contient le gâteau se balance dangereusement à son poignet. elle fourre les gants dans les poches de son manteau, accroche également son écharpe, et tend le gâteau à son hôte. « j’ai ramené le dessert, j’espère que ça vous plaira. je ne suis pas des plus douées en pâtisserie, » plaisante-t-elle d’une voix douce, dévisageant le médecin de son regard bleu.

elle se laisse guider jusqu’à la cuisine tout en l’écoutant parler. elle glousse comme une collégienne, une main devant sa bouche, lorsqu’il évoque ce qu’il prépare. « vous savez, j’ai dû manger de la pizza deux ou trois fois dans ma vie à tout casser, alors je pense que je suivrai vos conseils… » elle s’interrompt en réalisant la quantité de nourriture disposée sur le plan de travail et reste coite un instant. « eh bien, en tout cas on ne va pas manquer, » plaisante-t-elle avant de partir sur un rire franc. « je dois dire que je suis impressionnée, d’autant plus que je ne connais pas beaucoup d’hommes qui savent cuisiner sans que ce soit leur métier. » elle lui fait un large sourire, prunelles pétillantes fixées sur lui, et lisse d’une main les plis de sa jupe, puis sa coiffure. « oh ! » réalise-t-elle à voix haute, « j’ai oublié d’enlever mon béret… est-ce que vous m’excuseriez un instant ? » demande-t-elle, et sans attendre de réponse la voilà repartie dans le couloir, dans lequel elle croise son reflet. ses joues sont roses, mais c’est certainement à cause du froid, et ses yeux brillants alors qu’elle n’a pas bu… sûrement le vent, oui, ça doit être ça. elle retire donc son béret qu’elle accroche au portemanteau, tout en regardant autour d’elle. c’est joli, mais un peu impersonnel. peut être que c’est normal, se dit-elle en ouvrant son sac pour y récupérer son deuxième cadeau avant de retourner à la cuisine. « c’est drôle que vous fassiez quelque chose d’italien, parce que j’ai aussi amené du vin italien, » remarque-t-elle, amusée, en lui tendant la bouteille de moscato. « espérons que ça ira bien ensemble ! » elle se tait un instant, son sourire restant sur ses lèvres alors que ses yeux détaillent l’homme en face d’elle, ses avants bras fins, son allure mince mais élégante, son visage fatigué et ses cheveux un peu ébouriffés d’une manière plutôt attendrissante. elle prend appui d’une main sur le plan de travail et se penche vers les aliments, frôlant le médecin. « alors, dites moi, expliquez moi un peu tout ça… qu’est-ce que vous prenez, vous, en temps normal ? »

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Jonathan Fox
Jonathan Fox
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métier : ses mains guérissent, sa tête soigne ; et il essaye de vaincre la mort comme un matador dans une arène (médecin)
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Ven 19 Juin - 20:28

date du rp ≈  11 décembre 1981
lieu du rp ≈  chez Jonathan

Baby it's cold outside

Winnifred Carberry & Jonathan Fox ☆I've got to get home - Baby you'll freeze out there ! Say lend me a coat? - It's up to your knees out there ! You've really been grand -I feel when I touch your hand. But don't you see ? - How can you do this thing to me ?
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0b7d435ce2fe8de4888d416048a1b445.jpgJe tords mes mains, par réflexe, alors que je la conduis vers ma cuisine. J’ai peur que les battements de mon cœur ne s’entendent par-dessus les bruits de mes pas, que mon menu ne lui convienne pas, qu’elle décide de partir en courant en voyant mon intérieur tout sauf chaleureux. Je me sens petit, comme un adolescent qui prétendrait être un adulte et qui se retrouverait soudainement confronté à ses propres limitations. Pourtant, je devrais me concentrer sur ses regards, sur la façon dont son rire s’élève dans l’air comme un léger chant d’oiseau – l’anxiété est amère car elle transforme irrémédiablement l’instant le plus pur en moment de gêne et d’angoisse.

« - Oh, je… Tu ne vas pas commencer à te comporter comme le dernier des idiots, Jonathan, n’est-ce pas ? Tu t’es engagé en l’invitant à ce dîner, ce n’est pas pour perdre tes moyens à l’instant où elle t’adresse la parole, tu n’as plus quinze ans. La pizza est un plat assez facile à faire, et je ne connais personne qui n’apprécie pas une petite part, donc je me suis dit, pourquoi pas… Ma voix est traînante. Pourquoi diable je cherche à me justifier ? Mes mains se tordent, encore et encore, mes phalanges blanchissant à chaque fois que je les presse les unes contre les autres. Je ne prétends pas être expert en cuisine, mais c’est une activité que je trouve relaxante.

Une vision m’assaillit, sans que je ne puisse la contrôler : elle et moi, côte à côte, dans une cuisine, en train de préparer un plat quelconque, sans parler. Se baignant dans la compagnie de l’autre, concentrés sur notre tâche, nos bras se frôlant par instants lorsque l’un de nous saisit un plat ou un ingrédient. C’est calme, c’est simple. C’est ce à quoi j’aspire, ce à quoi j’ai toujours aspiré, si je dois être tout à fait honnête : mais la femme de cette image que j’ai dans ma tête depuis de nombreuses années, je n’avais jamais pu en discerner les traits jusqu’à maintenant. Idiot, je me dis intérieurement. Tu vas un peu vite en besogne, tu ne crois pas ? Un dîner et tu penses déjà qu’il s’agit de la personne avec qui tu vas passer la fin de tes jours ? T’es pire qu’une midinette, mon pauvre ami.
Et j’ai bien raison de me fustiger ainsi, puisque l’instant d’après, voilà qu’elle s’échappe pour retourner vers l’entrée, sans que je ne puisse faire un geste pour la retenir. Elle va s’en aller, je le sais. D’ici quelques instants, j’entendrais la porte claquer et je m’assiérai, seul, sur l’une des chaises de la salle à manger, avec une montagne de nourriture qui ne touchera jamais ses lèvres. Parce que je suis pathétique, parce que je suis bien sot à imaginer que quoi que ce soit pourrait se passer entre elle et moi, parce que ce n’est qu’un dîner amical auquel elle a probablement accepté d’assister par politesse ou pire, par pitié. Mes mains se tordent, encore et toujours, et la peau sèche de mes doigts me fait mal, tiraillée de tous les côtés. Je vois que le bord de mon majeur de la main droite se met à saigner, et je déchire une feuille d’essuie-tout pour la presser sur la minuscule entaille, dont perlent quelques gouttes de couleur carmin. Je suis surpris d’entendre un bruit de talon derrière moi, plutôt que celui de ma porte d’entrée qui se referme, et je sursaute, faisant tomber le papier absorbant marqueté d’une petite tâche rouge. Que je suis bête. Que je suis ridicule. Que je suis gauche. Elle mérite d’être avec quelqu’un de bien plus assuré et habile, je n’aurai jamais dû l’inviter, je ne suis pas digne, je… Je sens, derrière mes paupières, un maelstrom de confusion et de détresse qui se rapproche comme une tornade, détruisant tout sur son passage. Non, je ne dois pas lui laisser gagner plus de terrain, je ne dois pas écouter mon manque de confiance en moi, sinon, notre repas risque de tourner aussi court que la dernière fois, si ce n’est plus. D’un regard penaud, je me penche pour ramasser la feuille d’essuie-tout, et je la jette dans la poubelle.

- Oh, vous n’auriez pas dû, c’est beaucoup trop gentil. Je regarde la bouteille qu’elle me tend, sans réellement savoir quoi faire. Je n’ai pas bu une goutte d’alcool depuis des années, bien avant la guerre, et aujourd’hui, avec les médicaments que je dois ingurgiter chaque jour, boire est particulièrement contre-indiqué. Mais comment refuser un cadeau, surtout lorsqu’il est fait de si bon cœur ? Elle connait ma situation, mais je ne lui ai pas parlé de ma maladie, pas en des termes concrets, en tout cas. Je ne sais pas… Respire, John. Ça va bien se passer. C’est Matthew qui parle dans ma tête, et il me donne la force de faire un pâle sourire à la maire de Selkirk. Je vais vous sortir un verre à vin, je ne bois pas d’alcool mais je suis sûr qu’il se prêtera parfaitement à notre repas.

Je me retourne pour fouiller dans un placard et trouver un verre approprié, parfaite excuse pour cacher mes joues rougissantes. Mes yeux sont attirés par une ombre qui passe devant la fenêtre de ma cuisine : la neige tombe de manière bien plus drue, à présent, et elle semble s’amonceler sur la margelle de pierre sur laquelle est posé en équilibre précaire un pot de fleurs vide. Winnifred ne m’avait pas menti, les hivers sont rudes, par ici, et j’espère que le temps ne va pas aller en se dégradant.

- Ce n’est pas un plat que je prends tous les jours, mais je reste sur des recettes assez classiques, en général. Si vous voulez, je peux faire plusieurs petites pizzas traditionnelles, pour que vous puissiez goûter et connaître votre préférence en la matière : par exemple, la pizza la plus répandue est probablement la Margherita, avec de la tomate, de la mozzarella, du basilic et un peu d’huile d’olive.

Je lui explique les ingrédients nécessaires en enlevant le torchon du saladier qui retient la pâte, et en étalant à nouveau un peu de farine sur la seule portion du plan de travail débarrassé de toute nourriture. De la grande boule de pâte, je forme plusieurs petites puis je les étale à l’aide d’un rouleau à pâtisserie : ensuite, je prends la sauce tomate que je répartis sur le disque de pâte, et je me tourne à nouveau vers Winnifred.

- Vous voyez, c’est assez facile ! Vous pouvez mettre à peu près tous les ingrédients que vous désirez comme ça – bien sûr, il faut que les goûts s’accordent pour que la recette soit tout à fait réussie, mais en général, il est difficile de se tromper. A moins bien sûr que vous ne vous appeliez Annie Fox et que vous décidiez tout à coup de mettre de la confiture de fraise avec du saucisson. »

Je me rappelle tendrement de cet instant privilégié que j’ai passé avec ma nièce, et je me rends compte que mon angoisse s’envole peu à peu. J’ai bien fait de choisir ma maison, pour ce dîner. Ici, je peux faire les choses à mon rythme, je peux prendre le temps de me calmer. J’espère simplement que Winnifred n’aurait pas préféré un restaurant un peu plus huppé que ma pauvre petite cuisine sans prétention…

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Winnifred Carberry
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Sam 20 Juin - 19:52

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383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgen rentrant de nouveau dans la cuisine, elle trouve un jonathan fox nerveux, mais n’y prête d’abord pas attention, plaisantant alors qu’elle marche dans la pièce. et puis elle s’interrompt, son regard passant du médecin au sol où gît un papier légèrement tâché de rouge. « dieux du ciel, jonathan, vous vous êtes fait mal ? vous vous êtes coupé ? » demande-t-elle en s’approchant, mais il ramasse le papier qu’il jette et enchaîne sur le vin, comme si de rien n’était. elle fronce les sourcils, un peu inquiète, mais répond néanmoins, bredouillant légèrement. « oh, euh, je vous en prie, ce n’est rien, vraiment. » elle répond à son sourire mais se trouve confuse lorsqu’il indique qu’il ne boit pas et ses joues légèrement roses rougissent encore un peu plus alors qu’elle bredouille. « oh. quelle sotte je fais. je suis désolée, je n’ai même pas pensé à vous demander si vous buviez de l’alcool, j’ai simplement supposé... je suis navrée. » il se détourne pour chercher un verre et elle se force à respirer et à se détendre, tentant même une plaisanterie. « malheureusement, j’ai bien peur d’avoir tous les vices. La cigarette, l’alcool, le… » elle s’interrompt. non, espèce d’idiote, il va vraiment penser que tu es une espèce de succube. bon, pas qu’il aurait tort de le penser, mais pour une raison qu’elle ignore, elle préfèrerait qu’il ne le sache pas. pour une quelconque raison, elle aimerait qu’il la voit comme quelqu’un de digne, de moralement responsable, comme lui, et pas quelqu’un qui a fait tous les mauvais choix possibles. « hum. » conclut-elle sa phrase, soudainement encore plus gênée de précédemment. bravo, vraiment. quelle éloquence. pourtant, d’ordinaire, ce genre de situation ne lui fait pas peur. enfin, c’est la première fois depuis des années qu’elle est dans une telle situation, mais normalement elle n’a pas de mal à tenir une conversation sans faire de faux pas. il semblerait que ce soir, les choses soient différentes. il sort un verre mais elle préfère s’intéresser à la nourriture, vers laquelle elle se penche, avant de relever les yeux et de poser son regard sur l’américain alors qu’il explique les différentes étapes de préparation. à vrai dire, elle n’écoute pas vraiment, occupée qu’elle est à détailler les traits de son visage, ses mouvements, ses lèvres s’entrouvrant sans qu’elle s’en rende vraiment compte. lorsqu’il se retourne vers elle, elle reprend contact avec le monde réel, réalisant qu’elle n’a pas retenu un traitre mot de ce qu’il a dit, mais elle lui sourit, plissant un peu les yeux, de légères lignes se dessinant aux coins de ses paupières.

elle rit lorsqu’il évoque les choix culinaires d’annie, renversant légèrement la tête en arrière. « si à son âge on ne peut pas faire fi des conventions, alors on ne peut jamais, n’est-ce pas ? » demande-t-elle, son sourire étirant toujours ses lèvres. « mais j’imagine que c’est une combinaison qui demande à ce qu’on s’y habitue… » pouffe-t-elle. elle inspire profondément, la hanche appuyée au plan de travail, le regard légèrement détourné comme pour garder sa propre contenance. « en tout cas, c’est charmant… ça me change de mes habitudes. je crois que je vais vous faire confiance pour les garnitures, je vous laisse me guider. » elle plante à nouveau ses yeux dans ceux de jonathan, et fait même un léger clin d’œil, sans trop le calculer, regrettant un peu son geste par la suite, par peur de le mettre mal à l’aise. elle baisse les yeux et remarque que l’un de ses doigts saigne légèrement, aussi elle prend sa main entre les siennes. « comment vous êtes vous fait ça ? vous devriez peut être mettre un pansement, vous ne pensez pas ? ou au moins désinfecter ? » la sensation de la main du médecin entre les siennes la renvoie à celle qu’elle avait eu lors de leur dernier moment passé ensemble, lorsqu’elle avait posé sa main sur son bras et que c’était comme si le temps avait ralenti. elle relève les yeux vers lui, fébrilement, et laisse passer un instant avant de parler. « vos mains sont vraiment sèches… en hiver ici il fait très froid, c’est important de s’hydrater. rappelez moi de vous donner une crème pour ça, il ne faudrait pas que ça finisse par devenir vraiment inconfortable, » dit-elle avec un peu plus de tendresse que ce qu’elle voudrait. elle retourne la main de jonathan entre les siennes, ses yeux tombant sur sa paume. le repas est oublié, la tempête à l’extérieur, la mission qu’on lui a confiée aussi. « vous prenez soin de tout le monde, docteur, mais qui prend soin de vous ? » demande-t-elle comme dans un rêve, son regard se posant de nouveau sur lui. il lui faut une seconde pour réaliser ce qu’elle vient de dire, et elle finit par lâcher sa main, reculant un peu, la confusion la saisissant. « pardon, je vous empêche de cuisiner. allez-y, je vous laisse faire. est-ce que, hum, vous auriez quelque chose pour ouvrir le vin ? » un petit verre ne lui ferait probablement pas de mal, là tout de suite. elle se sent fébrile, sa respiration saccadée, et se fustige intérieurement. non mais, winnie, darling, c’est pathétique. quel âge as-tu ? tu ne vas quand même pas te comporter comme une collégienne, si ? c’est ridicule allons, reprends-toi. elle prend le tire bouchon qu’on lui tend et ouvre le vin, les mains presque tremblantes, et s’en verse un bon verre. « j’espère que ça ne vous dérange pas que je boive toute seule, alors… » demande-t-elle, avant de boire une gorgée avec laquelle elle manque de s’étrangler. eh bien, pour une experte en séduction, pour une reine des glaces au cœur de pierre, te voilà bien transie.

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Jonathan Fox
Jonathan Fox
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statut marital : éternel célibataire, vieux garçon qui pense qu'il est trop vieux pour toutes ces conneries

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métier : ses mains guérissent, sa tête soigne ; et il essaye de vaincre la mort comme un matador dans une arène (médecin)
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damnation : Trouble de stress post-traumatique, cette maladie dont la guerre est la cause, le traumatisme inhérent et implacable, le mal-être déclenché par le plus petit des sons et la plus vive des lumières

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Mer 24 Juin - 23:02

date du rp ≈  11 décembre 1981
lieu du rp ≈  chez Jonathan

Baby it's cold outside

Winnifred Carberry & Jonathan Fox ☆I've got to get home - Baby you'll freeze out there ! Say lend me a coat? - It's up to your knees out there ! You've really been grand -I feel when I touch your hand. But don't you see ? - How can you do this thing to me ?
☾ ⋆  ☾ ⋆ ☾ ☼ ☽ ⋆ ☽ ⋆ ☽

0b7d435ce2fe8de4888d416048a1b445.jpgLa sollicitude de Winnifred me touche : d’autant plus lorsque je sens encore les traces de l’anxiété persister dans mon esprit, reliquat de la frayeur induite par l’idée qu’elle risquait de partir en claquant la porte. Mais elle en sait déjà bien trop sur mes traumatismes passés, sur mes faiblesses et mes challenges – je préfère, par conséquent, ne pas m’étaler sur le sujet et opte plutôt pour lui donner un verre de vin afin qu’elle puisse déguster sa boisson, choix plus sûr pour moi et ma santé mentale ébranlée.


« - Ne vous inquiétez pas, vous ne pouviez pas savoir, lui dis-je simplement tout en lui adressant un sourire timide. Ce n’est pas quelque chose de si courant, donc il est normal que vous ne vous soyez pas posé la question, et cela ne me dérange aucunement que vous buviez devant moi, ne vous en faites pas.

Même si mon traitement ne m’interdisait pas d’avaler une seule goutte d’alcool, je n’en boirai probablement pas : je n’ai jamais été un grand fan de vin. Il m’est arrivé, dans mes jeunes années, d’apprécier déguster un bon whisky ou un vieux scotch, mais cela restait cantonné à des occasions spécifiques et festives – peut-être parce que Matthew se rendait aux mêmes fêtes que moi, et que je savais inconsciemment qu’il fallait qu’au moins l’un de nous deux reste sobre pour pouvoir nous ramener à la maison en sûreté, c’était mon rôle de grand frère, après tout.
Tandis que je prépare avec attention nos futures pizzas et que j’évoque les drôles d’innovations culinaires d’Annie, je m’empêche de détailler la maire de Selkirk : j’ai conscience de sa présence à mes côtés et j’ai peur que mes regards inquisiteurs, en plus d’être inconvenants, ne soient remarquées par mon invitée. J’ai toujours du mal à comprendre pourquoi une femme comme elle s’embarrasse de ma présence, mieux, la recherche. Je me doute que les hommes doivent se presser à sa porte, cherchant à se baigner dans sa grâce lumineuse, alors pourquoi moi ? Non pas que je pense que quoi ce soit se passera entre elle et moi, je n’ai pas cette prétention, mais… Tout s’embrouille dans ma tête. Je hais ne pas comprendre. Alors, occuper mes mains et préparer ces pizzas est un excellent moyen de m’occuper l’esprit : et je me rappelle mon serment, celui de cesser de me poser trop de questions et de passer un bon moment en compagnie d’une femme extraordinaire. Je me dois de m’y tenir.

- Pittsburgh est loin d’être une ville aux spécialités culinaires raffinées : nous sommes surtout connus pour notre cheesecake, une sorte de sandwich fourré à la viande, aux oignons et aux poivrons frits, recouvert de fromage. Mais il y a aussi là-bas une diversité culturelle énorme, et cela permet d’apprendre à connaître des mets venant des quatre coins du monde, voire à les préparer, pour peu d’être un minimum curieux. Après la sauce tomate, je découpe des tranches de mozzarella pour en déposer sur la pâte harmonieusement. Je me doute qu’en effet, ce n’est pas forcément le cas de Selkirk…

J’ai à peine le temps de glisser un œil vers la maire du village que je sens une pression sur ma main, ses doigts contre les miens. J’ai l’impression que mon cœur manque un battement. Elle… s’inquiète pour moi ? Je ne sais pas vraiment que faire de cette information. Depuis aussi loin que je me rappelle, personne ne s’est jamais inquiété de ma santé à part ma mère, lorsque j’étais enfant. J’étais celui qui se préoccupait de Matthew, des soldats du bataillon qui m’était attribué, et aujourd’hui, je m’occupe de ma nièce, moi et personne d’autre. De sentir une telle douceur dans la voix et les gestes de Winnifred… Mes joues rosissent encore une fois – je me doute que cela ne sera ni la première, ni la dernière fois ce soir.

- Oh, je… ce n’est rien, ne… ne vous en faites pas. Mais il est vrai que ce n’est pas très… hygiénique de ma part de manipuler la nourriture comme ça. Je bafouille alors qu’elle continue à me parler, et j’ai du mal à croire que j’entends bien les mots qu’elle prononce, que ce n'est pas un mauvais tour de mon imagination débordante. Elle a visé si juste, en plein milieu de la cible : et je me sens désemparé, comme un soldat de l’ancien temps à qui l’on enlève son armure après une bataille ardue. Je vais vous donner un tire-bouchon, mais, euh… Attendez. C’est à mon tour de saisir ses mains pour y glisser le couteau que je tenais précédemment. Me glissant à ses côtés, je lui montre le geste que j’effectuais en chuchotant à son oreille un timide : voilà, comme ça, vous pouvez… ?

Laissant ma question en suspens, troublé à la fois par mon audace et sa présence à mes côtés, je lui laisse la lourde tâche de continuer à couper le fromage et à le déposer sur les pizzas, pendant que je farfouille pour trouver de quoi déboucher sa bouteille, au fond d’un tiroir. Alors que mon visage est tourné de l’autre côté, je me permets de fermer les yeux quelques instants pour faire le vide dans ma tête. Lorsque je la relève enfin, le sésame entre mes doigts, je fronce les sourcils en remarquant que la neige s’est mise à tomber de manière bien plus drue : l’on peut voir les arbres, à l’extérieur, qui s’agitent tandis que des flocons innombrables se déposent sur les branches fragiles.

- J’espère que les routes ne seront pas bloquées, sinon pour aller chercher Annie… »

Je marmonne dans ma barbe, soucieux. Je n’ai pas l’habitude d’être éloigné de ma nièce, et je ne peux m’empêcher de m’inquiéter alors même que je sais qu’elle est en parfaite sécurité chez sa petite camarade. Mais après tout, c’est mon rôle de parent, de tout faire pour qu’il ne lui arrive rien, n’est-ce pas ?  

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Winnifred Carberry
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puissent les dieux prendre en pitié l'homme insensible qui demeure sain d'esprit, confronté à l'abominable vérité.

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Sam 27 Juin - 0:13

date du rp ≈  11 décembre 1981
lieu du rp ≈  chez jonathan


baby it's cold outside

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383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgdécidément, elle se trouve ébranlée dans le contrôle nonchalant qu’elle exerce d’ordinaire sur toutes les situations. qui eut cru qu’après autant d’années, la simple présence d’un homme la fasse balbutier comme une adolescente, se fustiger pour la moindre erreur. aucune plaisanterie ne lui vient pour l’aider à retomber sur ses pattes, aucune réplique taquine pour retourner la situation à son avantage. même, lorsqu’il lui sourit, elle se trouve encore plus troublée. elle aurait dû envisager cette éventualité, après tout le docteur fox est quelqu’un qui semble avoir besoin de maîtriser certains aspects de sa vie, ceux qu’ils peut contrôler, du moins, il a des valeurs, une droiture. Bien que sur ces derniers points la ressemblance soit loin d’être flagrante, le besoin de savoir que l’on contrôle certaine choses, à savoir soi même et son propre comportement, winnifred le connaît bien, puisque c’est ce qui régit sa vie. elle baisse les yeux, cillant à plusieurs reprises, et tente un sourire et même une plaisanterie, qui tombe à plat lorsqu’elle réalise que celle ci laisse entendre des choses sur elle qu’elle ne compte pas spécialement montrer à jonathan. bon sang, winnie sweetie, ressaisis-toi. c’est pathétique de se laisser déstabiliser ainsi. mais si elle arrive à suivre la conversation du mieux qu’elle peut, répondre de manière à peu près pertinente, elle se déplace comme dans un rêve. il dit quelque chose sur la ville d’où il vient, et en temps normal elle serait toute ouïe, à l’affût de quoi que ce soit qui puisse lui en apprendre davantage sur le monde extérieur, de l’autre côté des eaux néfastes qui séparent selkirk du reste de l’humanité et de la planète. oh, combien de fois, même après cette funeste nuit, n’a-t-elle pas rêvé de s’échapper, de s’envoler tel un oiseau libre, loin d’eux tous, de leurs faces, endormies, de leurs conversations… et pourtant. et pourtant à cet instant précis il n’y a aucun autre endroit où elle préfèrerait être que dans cette maison à la décoration impersonnelle, à balbutier comme une écolière devant le garçon qui lui plaît. « oh, je vois… effectivement, selkirk doit vous paraître bien ennuyeuse, culinairement parlant, » dit-elle distraitement. « mais si vous nous apportez un peu de différence et de nouveauté, certains d’entre nous vous serons certainement reconnaissants. » elle entend les mots qu’elle prononce, qui sortent d’une voix charmante mais comme automatique. à vrai dire, ses prunelles vagabondent et elles se posent sur la main du docteur, qu’elles détaillent avec curiosité. elle se voit, comme dans un rêve, prendre ses doigts entre les siens, oubliant pendant un instant de jouer son rôle pour se retrouver à dire des mots sincères. elle avait oublié le goût aigre-doux que ceux-ci laissaient sur les lèvres, et lorsqu’elle sort de cet instant de grâce qui l’a saisie, soudainement, la voilà fébrile, honteuse, effrayée même, en quelque sorte.

elle hésite un instant à prendre la fuite, ses yeux scannant l’espace autour d’elle à la recherche d’une issue de secours, mais quelque chose lui intime de rester. ses yeux se posent sur la bouteille de vin. voilà ce qu’il lui faut, du courage en bouteille, tout simplement. elle demande d’une voix hésitante de quoi l’ouvrir, mais voilà que sa fuite est entravée. elle baisse les yeux pour trouver sa main dans celle du docteur, et elle relève ses iris bleus, colorés de surprise, sa bouche légèrement entrouverte dans une tentative de reprendre contenance qui ne sort pas. elle referme ses doigts sur le couteau qu’il lui tend, et se laisse guider. bon dieu, se dit-elle alors qu’il mène sa main, chuchotant non loin d’elle, bon dieu, cette situation est en train de complètement m’échapper. une fois de plus, la possibilité de fuir se suggère à son esprit, mais elle la balaie rapidement, et coupe fébrilement le fromage, disposant une à une les tranches sans trop savoir comment. c’est un miracle qu’elle ne se coupe pas, et lorsqu’il lui tend le tire-bouchon, elle se rince rapidement les mains avant de l’attraper d’un geste un peu moins maîtrisé qu’elle n’aurait voulu, leurs doigts se frôlant à nouveau. respire, winnie chérie, s’intime-t-elle, ouvrant la bouteille et se versant du vin en manquant de peu d’en renverser partout. elle boit une grosse gorgée et s’étrangle à moitié avec, avant de reprendre son souffle, la légère brûlure de l’alcool se faisant sentir dans sa gorge. elle évite le regard du médecin à tout prix pendant un moment, pour essayer de se donner contenance. et, heureusement, sa fonctionne. les battements de son cœur se calment lentement, son souffle reprend un rythme plus normal, elle ferme les yeux en buvant une deuxième gorgée. voilà. tout va bien. elle ne va pas se laisser effrayer par quelques atomes crochus.

elle finit donc par le regarder de nouveau, et penche un peu la tête, tord le cou pour voir ce qu’il voit. elle se retourne vers lui, l’air sérieux. « ce genre de tempête peut être assez violent… où devez vous aller la chercher ? pas trop loin, j’espère ? » demande-t-elle. « quand devez vous aller la récupérer ? demain matin, il pourrait être difficile de circuler même au centre ville. » elle ne pense même pas au fait qu’elle va devoir rentrer à pied dans la nuit, entre les bourrasques. elle n’y a même pas réfléchi en venant, sur son petit nuage qu’elle était. elle tente néanmoins de nuancer son propos. « je ne veux pas vous alarmer, bien sûr. si vous voulez, je viendrai la chercher avec vous, je connais l’île comme ma poche, » explique-t-elle, « ça sera plus prudent que de partir tout seul dans la tempête alors que vous n’êtes pas si familier des lieux. » elle lui sourit, d’un sourire qui se veut rassurant. « je pense que nous avons un peu de temps devant nous, » explique-t-elle, jetant un œil par la fenêtre. la tempête s’est intensifiée, c’est clair, mais elle a du mal à déterminer s’il serait vraiment nécessaire de partir rapidement, ou s’ils n’ont pas à se presser. « mais nous devrions néanmoins surveiller l’évolution de la météo, c’est plus prudent. » elle remercie intérieurement le médecin d’avoir relancé une conversation, car cela lui donne toutes les prises nécessaires pour grimper à nouveau, et adopter un comportement normal, évitant de rester dans des rêveries et autres troubles pour se concentrer sur quelque chose de concret et d’important.

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Jonathan Fox
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Mar 30 Juin - 22:33

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Winnifred Carberry & Jonathan Fox ☆I've got to get home - Baby you'll freeze out there ! Say lend me a coat? - It's up to your knees out there ! You've really been grand -I feel when I touch your hand. But don't you see ? - How can you do this thing to me ?
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0b7d435ce2fe8de4888d416048a1b445.jpgJe ne sais pas vraiment ce qu’il me passe par la tête alors que je saisis délicatement les mains de Winnifred pour lui montrer le geste du couteau sur la pâte persillée du fromage. J’agis presque par automatisme, comme j’avais l’habitude de le faire avec Annie lorsqu’elle n’arrivait pas à nouer ses lacets et qu’elle me demandait de les faire pour elle : je préférais lui montrer afin qu’elle parvienne plus tard à le faire d’elle-même, plutôt que de lui mâcher le travail. Pourtant, c’est une toute autre sensation qui traverse mon corps alors que la peau diaphane de la maire de Selkirk touche la mienne, une sensation qui s’assimile à celle que j’ai rencontré dans mon cabinet, alors qu’elle exposait ses cicatrices à mon œil de professionnel – non pas les émotions crues qui ont alimentées le feu du fantasme, mais bel et bien la douceur touchante qui se dégageait de la fragilité de la femme forte devant moi, abaissant sa carapace pour s’exposer à mes yeux quémandeurs. L’instant est fugace, mais émouvant, et je me détourne en me raclant la gorge, essayant de masquer mon trouble en cherchant dans les tiroirs l’objet demandé.

C’est pourtant la neige qui finit par me détourner l’esprit de l’émoi qui m’a saisi en m’approchant de Winnifred : la neige, et surtout ce qu’elle implique. C’est donc ça, d’être un père ? S’inquiéter sans arrêt pour son enfant, s’arracher les cheveux en contemplant tous les possibles, toutes les catastrophes, tous les dangers ? Je n’aurai jamais cru que je m’identifierai à ce point au rôle qui m’a été confié. Si les routes sont fermées et qu’il est impossible de rejoindre  la maison de la camarade d’Annie à pied, je devrais couper à travers champs, mais je risque en effet de me perdre… Je glisse ma main sous mon menton, mes réflexions partant dans tous les sens. Le ton de l’îlienne, heureusement, vient apaiser mes doutes.

« - Elle est à la maison des King, vous voyez ? Annie est amie avec la petite Annabelle, je devais aller en effet la chercher demain matin, mais… Je vois les éléments se déchaîner au dehors, les flocons s’amonceler, et je frissonne. Elle risque de mourir de peur, seule, dans une maison qu’elle ne connait pas, surtout s’il se met à gronder. Je ne sais pas… Je soupire. Je ne peux faire faux bond à la maire de Selkirk, pas après ce qu’il s’est passé la dernière fois, pas alors que c’est moi qui l’ai invité chez moi, pas lorsqu’une montagne de nourriture nous attend. Alors, cette inquiétude que je sens pointer au creux de mon ventre, je me dois de la réprimer. C’est gentil de votre part, mais je ne veux pas vous… Enfin, oui, de toute façon, nous ferions mieux d’attendre de voir comment évolue la météo, on ne sait jamais, peut-être que le temps va se dégager…

Je retourne à ma pâte à pizza en remerciant d’un regard mon invitée de son aide, reprenant ma place derrière le comptoir et enfournant finalement les plaques dans le four, une fois les pizzas garnies. La nourriture cuisant paisiblement, je règle un minuteur sur dix minutes et je me tourne à nouveau vers Winnifred.

- Bien, si nous passions au salon ? »

Je lui ouvre la voie, passant la porte pour atterrir dans la pièce qui sert également de salle à manger. Je m’assoie sur le canapé, qui trône en face d’une impressionnante bibliothèque garnie de livres plus différents les uns des autres, de recueils de poèmes japonais à des revues scientifiques au contenu extrêmement techniques. Sur le côté, la cheminée est éteinte – la pièce n’est illuminée que par la lueur des bougies que j’ai installé précédemment sur la table. Je me dis soudainement que Winnifred doit avoir froid, et je me relève pour attraper quelques bûches, que je jette dans l’âtre avec du petit bois et quelques coupures de journaux. Je craque une allumette et saisit le soufflet en cuir marron posé sur le côté pour attiser le feu qui commence doucement à prendre. Enfin, je me relève et rejoint la maire de Selkirk : je me sens bête, tout à coup, alors qu’elle a un verre à la main et moi je suis là, les bras ballants, sans rien faire de particulier. Je pourrais me servir un peu d’eau, mais ne serait-ce pas plus étrange encore ? Maintenant, je me mets à penser que ça fait depuis longtemps que je ne lui ai pas adressé la parole, et que je dois trouver un sujet de conversation, et vite.

Tu es vraiment lamentable, Jonathan Fox.

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Winnifred Carberry
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Ven 3 Juil - 1:48

date du rp ≈  11 décembre 1981
lieu du rp ≈  chez jonathan


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383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgla conversation qui s’oriente sur le sujet de la météo donne l’impression à winnifred de lui sauver la vie alors qu’elle patauge dans une flaque de son propre embarras, troublée qu’elle se retrouve comme une adolescente face à son premier flirt. la sensation est à la fois grisante et terrifiante, pour elle qui a l’habitude de contrôler en temps normal toutes les situations et conversations dans lesquelles elle se retrouve, à peu de choses près. elle penche légèrement la tête lorsque le médecin indique où se trouve sa nièce, et elle grimace un peu. « je vois très bien où c’est, » le rassure-t-elle d’abord, « ce n’est pas la porte à côté… » elle prend un instant pour réfléchir, tout en buvant une nouvelle gorgée de vin. « écoutez, je comprends totalement votre inquiétude et elle n’est pas totalement injustifiée. d’autant qu’avec une grosse tempête, il ne serait pas impossible qu’on doive rester cloîtrés un ou deux jours. bien sûr, ce n’est pas dit que les choses en soit à ce point. mais ce que je vous propose, c’est que nous mangions, et après le repas si le temps ne s’est pas calmé, je viendrai avec vous chercher annie. d’accord ? » elle retrouve son sourire, et malgré le fait que la situation puisse en effet être inquiétante, cela lui donne au moins la possibilité de se distraire de cette fébrilité nouvellement retrouvée après des années à penser l’avoir perdue. elle observe jonathan pendant qu’il termine son ouvrage, sirotant son vin, détournant finalement le regard pour éviter d’en faire trop, et une fois de plus elle se sent étrangement vulnérable. elle n’en dit rien cependant, et se contente de hocher la tête avec un sourire lorsqu’il suggère de passer au salon.

en entrant, la première chose qu’elle remarque est le chandelier qui trône fièrement au centre de la table et qui, seule source de lumière, confère une ambiance plus que tamisée au lieu. elle regarde le médecin s’asseoir et ne peut s’empêcher de le taquiner. « si vous m’aviez dit que c’était un dîner aux chandelles, je me serais mieux apprêtée, » plaisante-t-elle avant de faire résonner son rire grave mais chaud dans l’air. il se lève pour démarrer un feu et elle se détourne, attirée plutôt par la bibliothèque comme un renard par un poulailler. elle est particulièrement bien fournie, mais surtout, de nombreuses choses qui ne garnissent pas sa propre bibliothèque. elle laisse son doigt caresser les dos des ouvrages, plissant les yeux pour essayer d’en distinguer les titres malgré le peu de lumières. l’un d’eux en particulier attire son attention : journaux de voyages. le nom de l’auteur, bashô, elle croit se souvenir l’avoir croisé au détour d’une page, mais elle pourrait tout aussi bien ne jamais l’avoir vu. néanmoins, c’est le titre qui l’intrigue et ainsi elle plie un peu son doigt, et l’enlève à la collection. elle se retourne et s’approche de la table pour que la lumière des bougies l’éclaire un peu mieux, et ouvre le livre à une page au hasard, déposant son verre sur le meuble. entre deux poèmes délicats et beaux, un troisième attire néanmoins particulièrement son attention.

Neige qui tombait sur nous deux –
Es-tu la même
Cette année ?


elle se surprend à relire le haïku plusieurs fois, un sentiment étrange et vague s’écrasant comme l’onde contre ses côtes. elle finit par fermer l’ouvrage, un peu plus brusquement qu’elle ne l’aurait voulu, le papier claquant sèchement, et elle se tourne d’un coup vers jonathan, de nouveau troublée. « docteur, ce livre… vous me le prêteriez ? » demande-t-elle comme une enfant avec un air presque coupable, avant de se reprendre. « pardon. jonathan. les habitudes ont la vie dure. » elle s’appuie légèrement sur la table, penchant un peu la tête avec un nouveau sourire. « en tout cas, je dois admettre que je suis assez impressionnée par votre bibliothèque. vous n’êtes pas seulement un homme de science. shakespeare, maintenant des poètes voyageurs japonais… on ne dirait pas comme ça, à première vue, que vous avez une âme de poète. » elle lui sourit, d’un sourire tout particulièrement sincère, comme elle se retrouve à en faire de plus en plus souvent dès qu’il est dans les parages, à ce qu’on dirait. « et en même temps, je crois que ça n’est finalement pas si surprenant. » elle boit une nouvelle gorgée de son vin, nonchalamment alanguie contre la table, et ce même pas dans une volonté de séduction, simplement parce qu’elle se sent, eh bien, en sécurité ? assez en tout cas pour se permettre de lâcher un peu de lest, de laisser un peu tomber les masques, les faux semblants, oublier sa mission, les paradoxes de son attitude, et simplement passer un moment avec un homme qui, elle doit bien l’avouer, a piqué son intérêt et même un peu plus que ça.

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Jonathan Fox
Jonathan Fox
épargné(e)
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âge : 47 ans
statut marital : éternel célibataire, vieux garçon qui pense qu'il est trop vieux pour toutes ces conneries

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métier : ses mains guérissent, sa tête soigne ; et il essaye de vaincre la mort comme un matador dans une arène (médecin)
carcasse : mortel
damnation : Trouble de stress post-traumatique, cette maladie dont la guerre est la cause, le traumatisme inhérent et implacable, le mal-être déclenché par le plus petit des sons et la plus vive des lumières

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Sam 4 Juil - 22:41

date du rp ≈  11 décembre 1981
lieu du rp ≈  chez Jonathan

Baby it's cold outside

Winnifred Carberry & Jonathan Fox ☆I've got to get home - Baby you'll freeze out there ! Say lend me a coat? - It's up to your knees out there ! You've really been grand -I feel when I touch your hand. But don't you see ? - How can you do this thing to me ?
☾ ⋆  ☾ ⋆ ☾ ☼ ☽ ⋆ ☽ ⋆ ☽

0b7d435ce2fe8de4888d416048a1b445.jpgIl y a des mots qui n’ont pas besoin d’être prononcés pour qu’ils soient compris. Il suffit d’un rien, un froncement de sourcil, une lueur dans l’œil, un tressautement de la lèvre : les expressions humaines ont inspiré les artistes depuis des millénaires, et ce n’est pas un hasard. Il y quelque chose de l’indicible et du beau, dans les regards et les sourires, quelque chose qu’on ne peut jamais tout à fait décrire et qui pourtant existe, dans tous ses splendides paradoxes. Je ne sais pas ce que peut voir Winnifred dans mes yeux alors que l’inquiétude commence à ceindre ma poitrine quand je pense à ma nièce, recluse loin de moi en plein milieu de ce qui ressemble au début d’une tempête de neige : probablement une expression qu’elle ne reconnait que trop bien, puisqu’elle est mère elle-même. Cela explique fort bien sa proposition, qui me réchauffe le cœur par son amabilité et sa bienveillance – mais la voix est toujours là et j’ai bien du mal à la faire taire.

« - Je ne veux pas vous déranger et encore moins vous infliger une expédition par un temps pareil, Winnifred, je… Enfin, j’apprécie votre proposition, bien plus que vous ne pouvez l’imaginer, mais… Mon regard se porte à nouveau vers la fenêtre, comme si mes yeux étaient aimantés et qu’ils ne pouvaient échapper à une attraction physique et irrésistible. Je soupire. Je constate les gros flocons, les branches qui s’agitent sous l’effet du vent. Enfin, nous verrons bien après le repas, de toute façon.

Attendre et voir, une technique que j’ai maitrisé au fil des années : car c’était Matthew qui fonçait tête baissée en plein milieu du danger, moi, j’étais celui en retrait qui analysait tous les possibles avant d’oser poser le pied dans les eaux agitées de l’existence. Ici, pourtant, la stratégie existe surtout pour se donner quelques instants de répit, pour savoir qui gagnera entre la raison et l’inquiétude qui pointe au creux de mon ventre. La bataille fait encore rage, les lames sont tirées, mais le sang n’a pas encore coulé.

Voilà maintenant que nous arrivons dans mon salon, pièce tout aussi impersonnelle que les autres, si l’on excepte bien sûr la bibliothèque qui y trône comme un monarque dans son château. Mes joues s’empourprent alors qu’elle me fait remarquer que le geste innocent de vouloir allumer quelques bougies pour éclairer notre repas a des implications auxquelles je n’avais pas pensé au préalable : mais que répondre face à cette boutade, sans m’enfoncer davantage dans ma gêne ? Je me contente donc de ricaner doucement, incapable de savoir si c’est une réaction appropriée à la situation.
Alors que j’allume le feu, je vois du coin de l’œil que mon invitée s’affaire auprès d’un ouvrage, et un sourire se met à flotter sur mon visage. J’ai cru comprendre, au fil de notre conversation, que la maire de Selkirk était tout autant intéressée que moi par les merveilles que contiennent les livres. Les écrits qui se trouvent dans le salon ne sont qu’une fraction de la collection assez impressionnantes d’œuvres diverses que j’ai amassé au fil des années, la majeure partie des tomes se trouvant dans ma chambre, abrités par de hautes bibliothèques en bois de hêtre qui ont été construites sur-mesure, les seuls meubles que j’ai emporté de Pittsburgh. Le feu commence à prendre et une flamme timide s’élève dans l’âtre, en même temps que la voix de Winnifred.

- Oh oui bien sûr, n’hésitez pas. Un silence, j’écoute la suite de sa diatribe. De poète, je ne sais pas… Je suis bien plus friand de fiction que de poésie, mais j’apprécie le jonglage subtil que doit entreprendre le poète pour charmer ses lecteurs. Bashô, et les grands maîtres du haiku en général, parviennent à toucher la sensibilité de ceux qui les lisent en quelques mots seulement – le pouvoir extraordinaire des mots. Il y en a un que j’apprécie tout particulièrement, je… Je m’approche de la maire de Selkirk et saisit délicatement l’ouvrage en effleurant ses doigts par mégarde. C’est comme une décharge électrique, comme un instant suspendu dans le temps qui implose en une pluie d’étoile filante. Et c’est tremblant, mon regard dans le sien, que je tourne les pages pour trouver le poème que je cherchais : lorsqu’enfin la page se révèle à mes yeux, ma voix est vacillante, ne cachant pas mon trouble. "Aux admirateurs de lune, Les nuages parfois, Offrent une pause."

J’ai soudainement extrêmement conscience de la proximité de nos corps, du rouge sur mes joues, de sa beauté ensorcelante. Tout est flou mais précis, tout est étrange mais rationnel. Je ne sais plus ce qu'est la réalité du rêve. Et je me dois de m’échapper de l’embarras qui m’étreint le corps : mais est-ce réellement de la gêne, ou autre chose ?... Je me racle la gorge, et redonne le livre à Winnifred.

- Enfin, je serais ravi d’avoir votre avis sur le recueil, et tous les livres qui vous intéresserons. Ma bibliothèque est la vôtre.

Je me tourne vers la table pour faire mine d’y avoir oublié quelque chose, me dirigeant vers le buffet pour en sortir une grande cuillère qui ne sera d’aucune utilité pour notre plat, mais que je dépose néanmoins à côté du grand chandelier. Enfin, un ding m’interpelle : celui du minuteur que j’ai installé pour chronométrer le temps de cuisson des pizzas.

- Installez-vous, Winnifred, je reviens avec nos plats. »

Le chemin vers la cuisine me semble en effet être une pause, s'assimilant aux nuages, puisque je contemple, depuis le début de la soirée, un astre si brillant qu’il m’en donne le tourni, un astre si beau qu’à ses côtés, je me sens plus insignifiant que de la simple poussière de corps céleste.

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Winnifred Carberry
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puissent les dieux prendre en pitié l'homme insensible qui demeure sain d'esprit, confronté à l'abominable vérité.

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baby it's cold outside

jonathan fox // winnifred carberrywhat i can see is just a shade of you and you know i only feel you through the scent of the wave, finding the key while touching the air. ella fitzgerald & the inkspots → into each life some rain must fall  •••

383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgpourtant, elle pensait que plus personne ne pourrait la toucher, la troubler, la mettre dans cette position si particulière entre la fébrilité et le confort. elle était persuadée que plus jamais elle ne se retrouverait ainsi, à perdre le contrôle de la situation, et à aimer ça. heureusement pour elle, la conversation se relance, à propos d’annie, et c’est naturellement qu’elle propose son aide. à ce qu’il paraît, les sirènes n’ont pas l’instinct maternel, eh bien elle ne doit pas être sirène autant qu’on pourrait le penser, alors car lorsqu’on s’attire son affection ou son intérêt, il est peu de choses devant lesquelles elle reculerait pour le bien de l’objet de sa tendresse. alors, elle balaie d’un mouvement de la main les précautions du médecin, ses formules de politesse. « allons donc. ne vous en faites pas. de toute façon, j’habite dans ce coin là, alors il aurait bien fallu que je fasse le trajet de toute façon. » ou alors, peut être qu’elle n’aurait pas fait le trajet de retour. peut être qu’elle serait repartie au matin, qui sait, habillée comme la veille. peut être qu’elle aurait passé la nuit. mais cette possibilité est belle est bien révolue, et elle décide de ne pas s’égarer à y rêvasser. « mais, oui, nous verrons bien. » il passent ainsi au salon et elle ne peut s’empêcher de le taquiner, ce à quoi il ne répond pas vraiment, et elle l’observe simplement de ses yeux clairs, qui détaillent en même temps la pièce, attirés inexorablement par la bibliothèque vers laquelle elle se dirige sans même y penser, y récupérant un livre alors que son hôte allume un feu dans la cheminée.

elle se laisse aller à le feuilleter, et à laisse libre cours à des pensées qu’elle exprime à voix haute, alors qu’en temps normal elle choisirait de les garder bien précieusement au fond d’elle pour les distiller aux moments les plus opportuns, s’assurant ainsi de garder la mainmise sur la conversation, sur la relation, et sur tout le reste. elle le regarde alors qu’il met des mots sur des choses qu’elle ne cherche pas à qualifier, ou à exprimer à voix haute, penchant un peu la tête par curiosité. leurs doigts se frôlent une nouvelle fois alors qu’il lui prend le livre des mains et elle tressaille, fébrile, avant de le laisser prendre l’ouvrage. elle l’écoute sans rien dire, ses prunelles posées sur ses mains qui tiennent le livre, et puis, lorsqu’il a fini de lire, qui remontent jusqu’à son visage dont elles suivent une nouvelle fois les traits comme si elle cherchait à les imprimer dans son esprit. l’instant qui suit lui semble hors du temps alors qu’ils sont tous les deux là, à se regarder sans rien dire, comme en train de se communiquer des choses sans avoir à se parler, et même si elle n’est pas entièrement sûre de ce qu’ils peuvent bien être en train de se dire, leurs regards, elle laisse faire, les lèvres légèrement entrouvertes, le silence brisé seulement par les craquements du feu et leurs respirations erratiques.

c’est lui qui rompt le calme du moment, et elle cligne des yeux, comme sortie soudainement d’un rêve. « merci, » dit-elle simplement. elle le suit distraitement du regard alors qu’il va farfouiller dans un tiroir, serrant dans sa main le livre qu’il lui a rendu. alors qu’il quitte la pièce, elle hésite à proposer son aide, mais finalement prendre un instant pour souffler et retomber sur ses pattes, ou plutôt ses nageoires, lui semble une meilleure idée, et c’est donc ce qu’elle fait. ne sachant pas où s’asseoir, elle continue à fureter dans la bibliothèque, avant d’aller relancer le feu qui menace de s’éteindre, rajoutant du bois un peu moins gros avant d’actionner le soufflet, agenouillée, presque à quatre pattes devant la cheminée puisque sa jupe ne lui laisse pas vraiment le loisir de s’accroupir sans perdre l’équilibre. elle est toujours dans cette position alors qu’il revient, mais se redresse promptement, lissant sa jupe d’un mouvement machinal, et elle lui sourit. « ça sent rûdement bon ! vous êtes bon à marier, dites-moi, » plaisante-t-elle avec un petit rire. on ne lui avait jamais dit qu’elle était bonne à marier. et pourtant, elle s’était mariée. elle ne regrette que pour une seule raison : leur mariage n’avait jamais donné à kenneth l’occasion d’être heureux. il aurait certainement désiré une vie d’un autre genre. si elle avait pu, elle lui aurait laissé la possibilité de vivre cette vie, d’être avec une femme qui l’aurait véritablement aimé. si elle avait pu partir, c’est ce qu’elle aurait fait. mais c’était comme si elle avait décidé de le punir pour son propre malheur. ou plutôt, si elle s’était vengée de n’avoir pas pu vivre la vie qu’elle voulait sur quelqu’un qui n’avait, pourtant, jamais rien demandé, et ne lui avait jamais rien fait.

elle désigne la cheminée du doigt, « ah, désolée, le feu était en train de s’éteindre… sûrement parce que le bois doit être un peu humide... alors je me suis permise de lui donner un petit coup de boost, » puis montre les deux chaises qui sont face aux assiettes du doigt, hésitante. « où voulez vous que je m’asseye ? » demande-t-elle, toujours souriante, une main posée sur le dossier de l’un des sièges.


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Dim 26 Juil - 14:57

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0b7d435ce2fe8de4888d416048a1b445.jpgJ’ai grandi dans les échos de murmures poussant à une existence "normale", celle d’une vie bien carrée avec un travail qui donne plus d’argent que de satisfaction, et surtout, une famille traditionnelle composée d’une femme, de quelques enfants et pourquoi pas un animal de compagnie pour mettre un joli ruban autour de cette vision idyllique. Pourtant, j’ai toujours su que je n’adhérerai jamais à un tel mode de vie. Je ne renie pas mon attrait pour une existence tranquille où je baignerai dans l’amour de mes proches, et je suis loin de penser être supérieur à un destin que certains qualifieraient de banal, mais je ne me suis jamais senti à ma place dans cette peinture aux traits fins, cette image parfaite que tous rêvent d’atteindre sans forcément y parvenir. J’ai toujours été décalé, trop timide, pas assez sûr de moi, enfermé dans un monde de littérature dans lequel je me suis moi-même reclus, héritier de manières surannées qui marquent ma différence, que je le veuille ou non. Aujourd’hui, je suis loin d’être heureux, mais je ne suis pas malheureux non plus, et c’est suffisant. Je ne peux pas espérer plus : surtout pas lorsque mon frère, celui qui était supposé réussir à obtenir tout ce qu’il voulait, ne peux plus espérer toucher du doigt ce rêve.

Alors, lorsque Winnifred me fait une boutade innocente qui ne se veut aucunement corrosive, je ne peux m’empêcher de sentir comme un pincement au niveau de mon cœur, un nœud dans ma poitrine qui coupe ma respiration abruptement. Me marier restera un fantasme lointain qui ne fera que s’effacer dès l’instant où l’espoir se mettra à effleurer mon esprit. Je n’ai pas le droit d’envisager un futur aussi heureux. La mort de Matthew a enterré la mienne par la même occasion : et si les psychologues que j’ai rencontré m'ont encouragé à reprendre ma vie en main, en prétendant que mon frère aurait aimé me voir épanoui plutôt que coincé dans un deuil éternel, je n’ai jamais écouté de telles sottises. C’est de ma faute s’il n’est plus de ce monde, qu’ils prétendent le contraire ou non. Et ce serait une insulte que de poursuivre mon existence comme si de rien n’était, même lorsqu’une femme aussi extraordinaire que Winnifred se trouve à mes côtés – et de toute façon, ce regard que nous échangeons, cette sensation qui ceint ma poitrine, j’ai conscience que c’est mon cœur, fatigué de la solitude qu’il ressent constamment, qui l’imagine pour essayer de combler le vide béant qui le compose en majeure partie. Alors, je me racle la gorge en me tournant vers le buffet, j’essaie de cacher le trouble qui me saisit. Je suis pathétique jusqu’au bout des ongles. Et lorsque le four vient me délivrer de l’effervescence chaotique qui agite mes entrailles, je me précipite dans la cuisine pour aller chercher les pizzas, bredouillant quelques mots en direction de la maire de Selkirk pour qu’elle s’installe autour de la table.

Dans la petite pièce vide, je laisse échapper un souffle. Mes mains tremblent, je sue abondamment – je ne sais pas si j’ai réussi à dissimuler mon affliction à Winnifred, mais je l’espère de tout cœur. Je suis las de voir chaque seconde de mon existence entachée par un passé qui me colle à la peau. Reprends toi, John. Ce n’est pas le moment, je croyais que tu devais cesser de te comporter comme le pire des crétins mais plutôt comme un homme, un vrai ? Et pourtant, tu es là, à vaciller comme si tu n’étais qu’un fétu de paille soumis à la force du vent, à agir comme un être misérable qui ne mérite même pas de respirer le même oxygène que Winnifred Carberry. Incroyable. J’agis par automatisme, pour ne pas avoir à écouter les médisances de mon subconscient. J’ouvre la porte du four, saisit une paire de maniques, sort les pizzas et les dispose dans un plateau de taille appropriée. Je dois faire semblant d’aller bien, et peut-être que j’oublierai ces sordides insultes qui naissent dans mon cerveau malade. Revenant dans la pièce principale, un faux sourire plaqué sur mon visage, j’ai la surprise de retrouver la maire de Selkirk agenouillée devant la cheminée. Elle s’excuse de sa position, mais je suis loin de lui en tenir rigueur : si seulement elle savait la nature de mes pensées agitées, elle comprendrait que ce n’est pas à elle de demander pardon, mais bel et bien à son hôte qui ne cesse d’être ébranlé pour un rien, même la plus petite des boutades.
Je dépose les plats sur la table, puis me glisse derrière une chaise pour la reculer et laisser la place à Winnifred de s’asseoir, dans un geste qui peut sembler un peu machiste, je le concède, mais qui fait parti intégrante de mes manières de vieux garçon trop poli pour son propre bien. Enfin, je m’assois en face d’elle, et je commence à découper les pizzas pour que nous puissions commencer à déguster notre repas. Une fois les tranches prêtes, je dépose dans nos assiettes de quoi nous sustenter, et je m’apprête à lui souhaiter un bon appétit lorsqu’un grand bruit sourd me fait sursauter.

Un coup de feu. C’est la première chose à laquelle je peux penser. C’est un coup de feu, un tir de pistolet, probablement de calibre 45, une arme de poing légère, maniable, parfaite pour finir un ennemi touché par des balles de mitraillettes alliées. Je suis de retour au Vietnam. Il y a du sang partout, des cadavres à mes pieds. Bien sûr, en réalité, je suis toujours dans mon salon, le couteau levé, le regard fixé sur la vitre contre laquelle vient de s’abattre une branche d’arbre immense, probablement rompue à cause de l’amoncellement de neige et de la force du vent au dehors. Le verre a par miracle été préservé, mais le volet accroché au mur de pierre s’est décroché et se fait emporter par le blizzard. C’est maintenant une véritable tempête de neige au dehors, et pourtant, dans mon esprit, je suis dans la jungle asiatique, à combattre un peuple qui n’a jamais demandé à être envahi par l’impérialisme américain. Je n’entends plus rien, je ne vois plus ce qui m’entoure. Je ne sens pas mes couverts glisser de mes doigts et encore moins mes bras se renfermer autour de mon corps frêle. Tout est noir et rouge. Les ténèbres et le sang. C’est tout ce qu’il me reste.

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Winnifred Carberry
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Ven 25 Déc - 17:09

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383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgTout avait si bien commencé. Bon, si on omet la nervosité, les bafouillages, la perte quasi-totale de son éloquence habituelle. Mais à la limite, bon. Elle s’efforce malgré tout de ne pas laisser paraître le fait qu’elle est déstabilisée, troublée même. Il revient dans la pièce et elle réalise qu’elle est dans une position plutôt ambiguë, aussi elle se redresse rapidement, plaisante doucement avec lui. Elle sent qu’il ne faut pas le brusquer. C’est peut être ce qui l’attendrit chez lui, l’impression qu’il s’agit d’un oiseau avec une aile brisée, et que si elle tente trop, trop vite, même si c’est avec toute la bienveillance du monde, il va paniquer, battre des ailes à tout rompre, et se faire encore plus mal. Alors, elle y va doucement, comme si elle tentait de l’amadouer avec des graines, dans le but ultime de pouvoir prendre son petit corps palpitant entre ses paumes et de lui donner un endroit chaud et protégé où guérir. Son nom c’est Fox, mais alors un renard farouche, qu’il ne faut pas effrayer si on veut pouvoir l’apprivoiser. Elle le regarde sans rien dire, il ne répond pas à la taquinerie, alors elle ne réitère pas, et s’installe sur la chaise qu’il lui tire, avec un petit mouvement de tête de haut en bas. « Merci, D… Jonathan. » Elle le regarde couper ce qu’il a préparé. Quand était-ce, la dernière fois qu’un homme lui a fait à dîner de ses propres mains ? Jamais, peut être. Ou alors, pas depuis… Elle sent un léger pincement dans sa poitrine, mais ne dit rien, et un sourire un peu forcé se met en place, presque automatiquement, pour cacher l’ombre qui passe sur son visage.

Il la sert, et le fumer parvient à ses narines une nouvelle fois, et même si c’est loin d’être aussi alléchant qu’un poisson cru, frétillant et encore vivant, ça a l’air pas mal, alors elle complimente. « Je sens que je vais me régaler ! Bravo au cuisinier, » dit-elle en battant un peu des mains. Elle a à peine fini sa phrase qu’elle sursaute, un bruit particulièrement fort lui glaçant le sang. Elle tourne immédiatement les yeux vers la fenêtre, et comprend qu’il s’agit d’une branche, reprenant son souffle. Cependant, lorsqu’elle revient à Jonathan, il est pâle à faire peur, comme s’il avait vu un fantôme. « Eh bien, ça m’a fait sacrément peur ! » s’exclame-t-elle pour détendre l’atmosphère. Pas de réponse.  Elle repense à ce que lui a dit Annie lorsqu’elles ont parlé toutes les deux. Avant qu’elle n’ait eu le temps de vraiment faire le lien, elle entend le choc des couverts contre la vaisselle, le voit se recroqueviller, les yeux écarquillés, la mine terrifiée. Elle repense aux vieux du pub lorsqu’elle était plus jeune, ou même aux hommes revenus du front, et à leurs airs hagards au moindre son brusque ou fort, même des années après. Elle se souvient qu’ils racontaient que c’était comme s’ils étaient de nouveau à la guerre, comme s’ils étaient coincés. Elle se lève, faisant râcler les pieds de sa chaise contre le sol. « Jonathan… » Elle commence d’une voix douce. « Jonathan, » répète-t-elle, plus fort cette fois, et elle contourne la table. Elle ne sait pas s’il faut le toucher, si ça risque d’empirer les choses, elle se sent paniquer. « Docteur. Docteur ! Regardez moi, » dit-elle, se penchant un peu vers lui pour essayer d’apparaître dans son champ de vision. « Docteur. Jonathan ! Tout va bien. Vous êtes en sécurité. Vous êtes à Selkirk. Avec moi. Regardez moi. Vous êtes à Selkirk, Annie est allée dormir chez une amie, et moi je suis Winnifred Carberry. Nous sommes en 1981. Je suis là avec vous. » Elle n’a aucune idée de si ses propos servent à quelque chose, et alors elle se souvient vaguement d’une technique qu’elle avait vue employée. Elle rassure l’homme d’une voix douce. « Je reviens, » dit-elle, et elle s’avance jusqu’à la fenêtre, qu’elle ouvre, prenant une grosse poignée de neige qu’elle s’efforce de serrer dans son poing pour la rendre plus compacte, et revient à l’intérieur après avoir fermé. « Prenez ça, Jonathan. Ça va vous aider à vous rendre compte que vous êtes ici. » Elle dit ça d’une voix tremblante, incertaine, butant un peu sur les mots. Elle n’a aucune idée de si ça marche vraiment. Elle lui tend la neige dure, ses doigts rougis par le contact, et se dit que s’il ne fait rien, il faudra qu’elle lui prenne la main pour l’y mettre, et que ce sera quitte ou double.

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Sam 2 Jan - 14:17

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0b7d435ce2fe8de4888d416048a1b445.jpgLa guerre, c’est avant tout une ombre. Une silhouette qui hante ses protagonistes, plus sinistre encore qu’un fantôme ; car dès l’instant où l’on met une arme entre les mains d’un soldat, il devient un homme différent. L’ombre l’a emporté. Les ténèbres ont remporté la victoire, plus sûrement qu’aucun ennemi ne l’aurait fait. Et l’ombre a cette nature insidieuse qui permet aux innocents de ne pas se douter de son caractère néfaste, en tout cas, pas autant qu’il ne l’est vraiment, se cachant sous des valeurs mensongères telles que le patriotisme ou le civisme. Elle trompe. Elle soumet. Elle donne l’estocade. Et l’on chante des hymnes pour mieux la célébrer.

Moi, je l’ai regardé dans les yeux, l’ombre, et j’ai cru pouvoir l’apprivoiser. J’étais jeune et fou. Trop arrogant probablement, aussi. Les rêves plein la tête, les pansements plein ma sacoche, j’ai pensé l’espace d’une seconde pouvoir sauver l’humanité un blessé à la fois, mais je me trompais lourdement. Tout ce que je faisais, c’était recoudre des plaies pour mieux renvoyer la chair à canon sur le champ de bataille – quelque part, je transformais la vie en mort, puisque je pouvais seulement leur octroyer un sursis, un souffle qui allait leur être volé quelques heures, quelques jours plus tard. J'étais meurtrier. L’ombre m’avait emporté sans que je ne m’en rende compte. Même aujourd’hui, bien que des années soient passées, elle ne m’a pas lâché et continue d’hanter mon être. Je ne suis plus qu’une marionnette à sa merci.

Elle s’agite en moi, alors que ce bruit qui retentit soudain me transporte dans la jungle du Vietnam. Elle aspire mon souffle, accélère mon rythme cardiaque. Elle me rappelle qu’elle me contrôle. Autour de moi, il y a le noir, l’odeur du sang, le bruit des bombardiers. Je crois voir une silhouette au loin : mon frère ? Je murmure son prénom, il ne me répond pas. Soudainement, tout s’accélère et le visage de Matthew se trouve à quelques centimètres du mien. De sa tempe coule le sang, de sa bouche exhale une odeur putride qui n’est pas sans rappeler un charnier. Je titube, j’essaie de tourner les talons, mais alors que je lève les mains vers mon visage pour plaquer ma paume contre ma bouche, dans un espoir vain d’essayer de contenir l’odeur nauséabonde, je m’aperçois que mes mains sont, elles aussi, couvertes de sang. J’écarte mes doigts. J’essaie de les frotter les uns contre les autres pour évacuer l’excès d’hémoglobine mais rien à faire, il se colle à ma peau et s’infiltre sous mes ongles. Et puis, une voix retentit.

C’est mon nom qui est prononcé d’un ton calme et apaisant. Les syllabes se détachent comme si elles étaient prononcées avec tant de douceur, que le tissu même de la réalité ne pouvait parvenir à transposer l’information avec justesse. Je ne sais pas qui me parle ; après tout, personne de bienveillant ne peut subsister dans cet environnement en noir et blanc, où nulle joie ne peut exister. La mort est maîtresse dans un lieu tel que celui-ci, où les Etats-Unis se croient défenseurs de l’opprimé tout en devenant ce qu’ils prétendent combattre. Les feux s’éteignent dans la jungle vietnamienne ; les rires se brisent sous les coups de feux. Pourtant, la voix ne s’arrête pas. Tout va bien. Vous êtes en sécurité. En sécurité ? Je me gausse. Tout n’est que danger, ici. Danger et désolation.

Mes yeux tombent sur le sol. Le sang qui coule le long de mes mains forme, autour de moi, une sorte de traîne maritale. A moins qu’il ne s’agisse d’un linceul – le doute est permis. Toujours est-il que derrière la flaque rougeâtre, j’aperçois le corps de Matthew qui se rapproche toujours, zombie décrépi, créature glissant sur le sol comme un arthropode pour mieux m’emporter dès l’instant où je serais à portée de main. Je veux partir à nouveau, mais cette fois, mes pieds sont comme cloués au sol. J’essaie de crier, d’avertir à celui qui a été mon frère que je ne me laisserai pas emporter, mais tout comme mes talons, ma bouche semble être engluée. Je panique – jusqu’à ce que la voix se fasse entendre à nouveau. Vous êtes à Selkirk, Annie est allée dormir chez une amie, et moi je suis Winnifred Carberry. Ces noms prononcés par le même timbre mélodieux qu’un peu plus tôt réveille en moi des souvenirs endormis. Ils semblent étrangers, mais douloureusement familiers à la fois ; comme s’ils avaient été emportés par une vague gigantesque pour mieux s’échouer sur une plage anonyme, à des milliers de miles de là. Ils s’évanouissent sans jamais disparaître totalement, signaux de fumée produits par des naufragés désespérés. Nous sommes en 1981. Je suis là avec vous. La date m’est totalement étrangère, car les chiffres ne font pas de sens dans la dimension non euclidienne dans laquelle je me trouve ; dans ce tombeau qui se matérialise sous la forme d’une forêt vierge asiatique. La dernière phrase, pourtant, résonne en moi. Je sens une présence certaine, non pas celle de Matthew, dangereuse, dérangeante, mais celle d’une silhouette gracile, maternelle, presque. Je ne sais pas si elle est le produit de mon imagination, ou si elle se trouve bel et bien à mes côtés – car j’ai l’impression que dès l’instant où je pourrais la toucher du doigt, elle s’évaporera pour me laisser seul dans cet endroit ; seul dans l’horreur.

Et puis, il fait froid. Il ne fait jamais froid au Vietnam. Au contraire, il fait si chaud qu’une pellicule de sueur colle constamment à la peau des soldats – et la fièvre saisit quiconque resterait trop longtemps sous le soleil de plomb. Lorsque la pluie tombe, la chaleur devient suffocante car elle monte le long de la gorge et vomit ses gouttes incandescentes ; on a l’impression de noyer ses propres poumons à chaque fois que l’on a le malheur d’ouvrir la bouche. Pourtant, c’est un fait, présentement, il fait froid. Dans ma main, je ressens une brûlure caractéristique, la même que celle qu’on peut ressentir lorsqu’on forme une boule de neige lors des premières giboulées, pour la jeter sur un proche en riant.

Que se passe-t-il ? Il est impossible que le moindre flocon ne tombe ici. Je ne sais pas, je ne sais plus. Suis-je bien là où je crois me trouver ? Mes yeux papillonnent. Le noir et blanc se transforme petit à petit en couleur. Les arbres menaçants, sous lesquels gisaient précédemment les cadavres identiques de mon frère, morbides clones me jugeant de leurs yeux exorbités, ne sont plus que les murs en briques d’une maison de maître écossaise. Et voilà qu’elle est là, à mes côtés, la voix. Sa voix.

« - Wi… Winnifred ?

J’entends ma voix éraillée racler tout contre ma gorge, comme si je n’avais pas bu une goutte d’eau depuis des siècles. Je sais où je me trouve, à présent, bien que je ne comprenne pas tout à fait ce qui s’est passé. L’ombre s’endort – Dieu sait quand elle se matérialisera à nouveau.

- Je suis… désolé, qu’est-ce que… Que… »

Je peine à former une phrase cohérente. Je dois paraître pathétique, misérable. J’ai honte de moi et de ce que je présente à cette femme qui me fait l’honneur de venir partager un repas avec moi. Je n’ai envie que d’une seule chose, c’est de disparaitre – je prie pour que la terre s’ouvre sous mes pieds et m’engloutisse, comme si je n’avais jamais foulé le sol de Selkirk. Que doit-elle penser de moi ?

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Winnifred Carberry
Winnifred Carberry
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puissent les dieux prendre en pitié l'homme insensible qui demeure sain d'esprit, confronté à l'abominable vérité.

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Sam 9 Jan - 14:36

date du rp ≈  11 décembre 1981
lieu du rp ≈  chez jonathan


baby it's cold outside

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383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgLa panique commence doucement à monter en elle lorsqu’un éclair lui traverse le cerveau. Elle se souvient des hommes du village, quand elle était enfant et adolescente, qui lorsque l’un d’entre eux était saisi d’une tétanie semblable, que son visage était marqué, déformé par la terreur, le trempaient d’eau glacée, lui faisaient toucher la neige. Elle s’en souvient comme d’un rêve, mais elle n’a que ça à tenter, alors c’est ce qu’elle fait. Prendre la neige, la serrer fort entre ses doigts tremblants, la tendre au médecin dans l’espoir qu’il la prenne. Mais non, il ne bouge pas, alors elle se voit forcée de prendre sa main, de l’ouvrir comme une porte qu’on forcerait au pied de biche, et d’y mettre le glaçon improvisé avant de refermer ses doigts, glacés eux aussi, dessus. Se passent plusieurs secondes et elle a l’impression d’avoir mis un coup d’épée dans l’eau. Elle continue de lui parler de la voix la plus rassurante possible bien que son timbre soit un peu ébréché. « Jonathan… Ça va aller… Regardez moi, je ne sais pas où vous êtes mais je vous promets que vous ne risquez rien ici, avec moi. Je suis là, je vous protège, » dit-elle, « Tout va bien. » Elle même n’est pas totalement convaincue, mais que faire d’autre ? Et puis, soudainement, un miracle. La tétanie semble abandonner le corps du médecin, voilà qu’il cligne des yeux, que le film vitreux qui les recouvrait semble s’estomper, voilà qu’il la voit. Elle pourrait pleurer de soulagement lorsqu’il prononce son nom, mais elle se contient, laissant seulement ses yeux s’humidifier un peu. « Mon dieu, Jonathan, » dit-elle en resserrant ses doigts sur les siens. « Vous… Vous m’avez fait une sacré frousse, » balbutie-t-elle. « Vous êtes parti ailleurs, le temps d’un instant… Où étiez vous ? » Son autre main vient d’elle même se poser sur la joue de l’homme, douce, légère, fébrile. « Enfin, l’important c’est que vous me soyez revenu, » souffle-t-elle.

Et puis, dans un élan qu’elle ne contrôle pas vraiment, elle lâche sa main, délaisse son visage, et ses bras viennent entourer le cou du docteur Fox, elle se serre contre lui, se blottit autant qu’elle peu, enfouissant son nez dans le cou de Jonathan, lâchant un soupir de soulagement alors que son corps se détend un peu. « Comment vous sentez vous ? » demande-t-elle, l’étreignant toujours étroitement, avant de réaliser qu’après ce qu’il lui est arrivé, il aimerait peut être mieux qu’on le laisse tranquille. Alors elle s’éloigne d’un pas. « Oh, pardon. Je… Je vous laisse respirer, » dit-elle, toujours aussi chamboulée, « Je ne voudrais pas vous étouffer. » Elle reprend lentement sa respiration, son souffle, ses esprits, et sa main revient toutefois chercher celle du docteur, qu’elle effleure du bout des doigts sans oser la prendre. « Je… » Elle baisse les yeux, puis les relève vers lui. En temps normal, une situation comme celle ci aurait été gérée sinon dans le plus grand des calmes, au moins avec le recul nécessaire pour ne pas tant se laisser chambouler, mais pas cette fois. Pourquoi, ou plutôt comment se fait-il que tout ce qui touche à Jonathan Fox lui fasse perdre ses moyens, et la froideur chirurgicale avec laquelle elle analyse d’ordinaire tout, derrière un masque au sourire solaire. Elle ne se l’explique pas, mais elle se sent comme une envie de le protéger, de prendre soin de lui. Peut être simplement reconnaît elle en lui quelqu’un qui est seul, seul comme elle est seule, peut être une possibilité de combiner leurs solitudes. Comment savoir ? Alors que ses yeux détaillent les traits tirés du médecin, ils tombent sur un détail qui la fait rougir. « Oh. Je… Je suis désolée. Je crois que je vous ai mis du rouge à lèvre sur le col, » s’excuse-t-elle, penaude. « Vous m’enverrez la facture de la blanchisserie, bien sûr, » dit-elle, retrouvant l’espace d’un instant son flegme de femme habituée à avoir toutes les situations en main, dans sa main d’acier gantée de velours.

Elle reste plantée là, face à lui, sans vraiment savoir quoi dire ou faire, et puis une possibilité, qu’elle n’aime pas envisager mais qui s’impose à elle, lui apparaît. Peut être a-t-il besoin de se reposer. « Est-ce que… » Commence-t-elle, hésitante. « Est-ce que vous… Voulez-vous que je parte, Jonathan ? Que je vous laisse tranquillement vous remettre de vos émotions ? » Ça ne lui plaît pas, elle aimerait mieux rester auprès de lui vérifier qu’il ne lui arrive rien d’autre, mais elle n’a d’autre choix que de lui laisser cette option, car après tout, peut être n’est-elle pas la bienvenue, ou peut être est elle encombrante, ou encore la cause de toutes ces angoisses, qui sait.

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Jonathan Fox
Jonathan Fox
épargné(e)
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âge : 47 ans
statut marital : éternel célibataire, vieux garçon qui pense qu'il est trop vieux pour toutes ces conneries

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métier : ses mains guérissent, sa tête soigne ; et il essaye de vaincre la mort comme un matador dans une arène (médecin)
carcasse : mortel
damnation : Trouble de stress post-traumatique, cette maladie dont la guerre est la cause, le traumatisme inhérent et implacable, le mal-être déclenché par le plus petit des sons et la plus vive des lumières

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Lun 11 Jan - 10:35

date du rp ≈  11 décembre 1981
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Baby it's cold outside

Winnifred Carberry & Jonathan Fox ☆I've got to get home - Baby you'll freeze out there ! Say lend me a coat? - It's up to your knees out there ! You've really been grand -I feel when I touch your hand. But don't you see ? - How can you do this thing to me ?
☾ ⋆  ☾ ⋆ ☾ ☼ ☽ ⋆ ☽ ⋆ ☽

0b7d435ce2fe8de4888d416048a1b445.jpgIl y a cet instant entre le rêve et le réveil, un entre-deux étrange où la brume est reine, le flou son vassal. Toute sensation s’accompagne d’une impression d’ankylose, comme si l’on était enfoui dans de profonds sables mouvants et qu’on oubliait, l’espace d’un instant, comment exécuter les actes les plus anodins – bouger, respirer, penser, même. L’effort est constant ; car lâcher prise signifie retomber dans la torpeur du songe, et trouver la force de confronter la réalité est encore trop ardu pour l’esprit nébuleux. Alors on souffre, alors on pousse, alors, on est coincé sans avoir aucun moyen de savoir si l’on sera libéré dans une seconde ou des années. Le temps, après tout, n’a pas sa place dans cet endroit de l’irréel, et se voit modifié à loisir et de façon totalement arbitraire, minutes devenant heures, siècles se changeant en souffles. Rien n’est tangible. Et à la minute où l’on se réveille, on oublie l’existence de ce lieu, comme s’il n’avait jamais réellement existé.

J’ai l’impression d’avoir passé une éternité entière à errer là-bas, car tout se mélange en moi – qu’est-ce que le rêve, qu’est-ce que le monde réel ? Où commence le souvenir, où finit le cauchemar ? Les jungles du Vietnam me hantent, et j’ai peur qu’après un simple battement de cil, je me rende compte n’en être jamais parti. Ma vie à Selkirk n'aurait donc été qu'un doux entracte, un simple moyen d’échapper à l’horreur m’entourant. Heureusement, lorsque la brume se dissipe, je sens l’air pénétrer mes poumons, mon corps se mouvoir : tout est réel. Et je finis par m’accrocher au tangible en admirant deux yeux bleus qui me regardent, ceux de Winnifred. Et sa voix, sa voix… Elle est celle qui achève de me ramener sur la terre ferme, les mains encore tremblantes, le cœur tambourinant dans ma poitrine, un sentiment de honte m’étreignant, mais bel et bien en vie.

Elle se presse contre moi et l’homme que je suis devrait rougir à cette idée simple – pas par pudeur, mais parce qu’il n’oserait espérer qu’une femme aussi splendide et admirable que la maire de l’île ne s’embarrasse d’un acte aussi trivial que le réconforter, lui, Jonathan Fox. J’accepte pourtant cette étreinte comme un assoiffé dans le désert : elle est ce dont j’ai besoin, en ce moment même, et si je prenais le temps d’y réfléchir réellement, ce à quoi j’aspirais depuis de nombreuses années. Pourtant, la honte est bien là – qu’elle attende un peu.

« - Je, je suis navré, c’est le bruit qui… Je secoue la tête. Ce faisant, mon nez effleure ses cheveux et mon odorat saisit les notes subtiles de son shampoing, à moins qu’il ne s’agisse tout simplement des fragrances de son parfum. Enfin, je, oui, tout va bien, je ne voulais pas vous… vous faire peur ou… vous, vous embarrasser…

Et c’est le moment où je dois la repousser, j’en ai conscience, c’est le moment où je dois inventer une excuse pour m’enfuir et l’éviter suffisamment longtemps pour que je n’ai plus jamais à repenser à cet instant, c’est le moment où je dois imprimer dans mon esprit la carte de son visage puisque je ne pourrais plus le voir pendant bien longtemps, c’est… En fait, c’est elle qui s’éloigne avant même que je n’ai le temps de mettre mon plan à exécution – la danse à la chorégraphie bien huilée que j’ai appris par cœur pour continuer à subsister dans un monde auquel je n’appartiens plus vraiment, depuis la guerre. Mais si nos corps s’éloignent, je sens toujours sa présence contre moi, fantôme d’une présence chérie : et si je m’attends à ce qu’elle parte en courant en me traitant de faible, de fou, elle reste à mes côtés, yeux dans les yeux, mains tout contre la mienne sans qu’elle ne la retienne captive.

- Vous ne m’étouffez pas, vous… Vous m’avez sauvé. Les mots sont au bord de mes lèvres, mais n’en franchissent pas le seuil – car leur implication serait bien trop complexe. Et un rire discret d’habiter ma bouche puisqu’elle parvient l’exploit de me faire oublier l’instant passé en me ramenant au présent, à la trivialité d’une marque rouge sur du tissu. Ce n’est rien qu’un peu de vinaigre ne pourra enlever, ne vous en faites pas. Mer… merci. Je me demande si mes joues sont semblables à la trace qui orne ma chemise.

Ma gorge râcle durement, pour me laisser un peu de temps afin de reprendre mes esprits. Je retrouve sensation, physicalité. Je me rappelle tout à fait où je me trouve, ce que nous faisions avant que ma maladie ne se manifeste, dans toute sa perfide grandeur. Elle est restée à mes côtés, je n’arrive pas vraiment à y croire – ce qui rend sa demande des plus incongrues. Pourquoi diable voudrais-je donc qu’elle parte ? A moins que, bien sûr, ce ne soit sa volonté, un subterfuge de la politesse pour pouvoir s’échapper tant qu’il est encore temps. Je ne sais pas. Je n’ai jamais été très doué pour comprendre les subtilités des sentiments des autres, en tout cas, quand ils me concernent directement.

- Non, je… Enfin, ce genre de choses m’arrive de temps en tempsJohn, tu vas l’effrayer à révéler ce genre d’information et j’y suis… habitué, en quelque sorte, enfin, je ne sais pas si le mot est juste mais… Mes yeux se plongent dans les siens. La présence brûlante de sa main, tout prêt de la mienne, hante mon esprit. Si vous voulez partir, je comprendrais, néanmoins, et… Enfin, ne vous inquiétez pas pour moi, c’est ce que j’essaye de direbien maladroitement, me souffle ma sévère conscience.

Mes pupilles s’arrachent à regret aux siennes, pour regarder dans la direction de la branche qui s’est abattue non loin de la maison, arrachant un volet. La neige est maintenant drue, pas encore assez violente pour que la situation soit critique, mais suffisamment abondante pour que le temps soit préoccupant : c’est un miracle que l’électricité fonctionne toujours. Le visage de ma nièce me vient à l’esprit. Je me demande si…

-  Je sais que je vous ai promis un dîner, Winnifred, et que… Je vous ai déjà fait perdre suffisamment de temps avec mes… Comment définir une ombre ? Soucis, mais la météo m’inquiète un peu. Vous pensez qu’il serait sage d’aller chercher Annie ? Je crains qu’elle ne soit effrayée, elle n’a certainement pas l’habitude d’un temps pareil… »

Et j’espère de tout cœur qu’elle ne prenne pas mes paroles pour une fuite – car c’est ce que j’aurai fait dans n’importe qu’elle autre situation, avec n’importe quelle autre personne. Je suis couard, j’en ai conscience, un trait de caractère développé pour garantir ma propre survie. Mais là, à cet instant, je me rends compte que je ne veux pas partir. Mieux, je veux qu’elle reste à mes côtés.

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Winnifred Carberry
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Mer 13 Jan - 22:54

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383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgIl s’excuse, une fois de plus. Il n’a pas de quoi, pourtant. Il n’a rien fait de mal. Winnifred sourit contre lui, doucement, gentiment, comme on sourit à un enfant qui a peur de se faire gronder après s’être perdu. Elle essaie de lui faire comprendre qu’elle n’est pas son ennemie, qu’elle ne le jugerait pas comme elle juge tous les autres ou comme elle l’a jaugé au premier abord, avant d’entrapercevoir qui il est vraiment. Elle secoue la tête. « Ne vous en faites pas pour ça, c’est vous qui avez eu l’air de vivre quelque chose de bigrement effrayant, alors… Ne vous excusez jamais auprès de moi pour ce genre de choses. » Elle finit par le lâcher mais son sourire ne la quitte pas, ce sourire qu’on lui voit souvent mais qui, avec lui, est sincère. Elle remarque la tâche sur son col de chemise et ne peut s’empêcher de l’en notifier à voix haute, erreur de débutante qu’elle n’aurait jamais commis en temps normal, laissant l’objet de son intérêt en être troublé quand, plus tard, il le découvrirait tout seul. Mais décidément, avec lui, elle ne fait rien comme d’habitude. À le voir rougir lui prend l’envie de se rapprocher de nouveau, de l’effleurer, peut être de poser ses lèvres sur celles du médecin. Mais ce n’est probablement pas le moment opportun, n’est-ce pas ? Il ne faudrait pas le faire fuir, lui qui a l’air craintif d’un animal pris dans les phares d’une voiture. Alors, elle se contient. C’est bien la première fois qu’elle se contient avec un homme, ou du moins la première depuis longtemps.

C’est toujours dans ce but de ne pas l’envahir, l’étouffer, l’apeurer qu’elle propose de partir. À son grand soulagement, ce n’est pas ce qu’il a l’air de vouloir, même s’il semble essayer de lui faire comprendre qu’elle pourrait, si elle voulait. Elle qui est si habituée à ce qu’on la retienne, même parfois contre son gré, à être l’objet d’un désir impérieux si familier aux hommes, elle apprécie l’attention. Cependant, elle secoue la tête. « Non, bien sûr, je vais rester. Je voulais simplement m’assurer que… Enfin, j’ai supposé que vous auriez peut être besoin d’espace. » Le regard du médecin s’envole vers la fenêtre, et elle le suit, hoche la tête lorsqu’il explique son inquiétude. Elle se laisse une seconde ou deux pour réfléchir, avant de se retourner vers lui, l’expression sur son visage de nouveau sereine, de nouveau celle d’une femme qui maîtrise la situation, qui sait exactement quelle réponse donner à quelle question, et qui ne se laisse jamais déstabiliser. « Ecoutez, Docteur. Je pense que vous avez raison, il faut prendre nos précautions. Alors, voilà ce que nous allons faire. » Elle l’a appelé docteur, sans vraiment y réfléchir, oubliant l’espace d’un instant qu’il lui a dit de l’appeler par son prénom. À vrai dire, la distance que cela met entre eux l’aide à réfléchir. « Vous allez fermer les volets de la maison, histoire que la tempête ne fasse pas plus de dégâts. Pendant ce temps, je vais mettre les pizzas au réfrigérateur, mais pas avant d’en avoir mangé au moins une part. Vous me les avez si bien vendues que cela a éveillé ma curiosité. Vous allez également changer de chemise, et mettre un gros pull. Prendre votre plus gros manteau, une écharpe, et vos chaussures les plus chaudes. Et nous allons aller chercher Annie. À pied, avec ce temps, ça risque de nous prendre facilement trois quarts d’heures pour y arriver. Alors, vous devriez manger au moins une part de pizza. On pourrait même en emporter une chacun pour la route. Vous n’allez pas tenir contre ce vent avec le ventre vide. » Elle s’arrête, pas essoufflée le moins du monde malgré la longueur de sa tirade, et fixe Jonathan de ses yeux bleu acier. « Ça vous va ? » demande-t-elle en levant un sourcil.

Elle reprend ensuite. « Ah, et vous devriez vous essuyer la main, la neige a fondu, » conseille-t-elle avant d’essuyer ses propres doigts, toujours trempés, dans sa serviette de table. « D’ailleurs, prenez des gants. Et je vous donnerai de la crème à mettre avant de les enfiler, il faut vraiment vous hydrater les mains, ou vous aurez perdu des doigts avant la fin de l’hiver. » Son ton ne tolère pas de contradiction, typique de la position de pouvoir dans laquelle elle se complaît. Néanmoins, elle sourit toujours. « Allez, hop hop, du nerf, docteur, » dit-elle plus doucement, presque sur le ton de la plaisanterie, posant sa main sur l’épaule du médecin, avant de se mettre elle aussi en mouvement, soufflant les bougies, récupérant les plats et la nourriture qu’elle ramène dans la cuisine, se délectant d’une part, en laissant trois autres sur le comptoir avant de mettre le reste de côté au frais, et de retourner finir son verre de vin, en boire un deuxième, puis reboucher la bouteille qu’elle met également au frigo, pour quand elle reviendra, se dit-elle. Finalement, c’est assez rapidement qu’elle est prête, et qu’elle se dirige vers le couloir pour remettre son béret, son manteau, son écharpe, et attendre le médecin.

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Jonathan Fox
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Ven 22 Jan - 20:49

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Winnifred Carberry & Jonathan Fox ☆I've got to get home - Baby you'll freeze out there ! Say lend me a coat? - It's up to your knees out there ! You've really been grand -I feel when I touch your hand. But don't you see ? - How can you do this thing to me ?
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0b7d435ce2fe8de4888d416048a1b445.jpgJe me suis toujours excusé pour mon frère. Matthew, c’était l’adolescent qui ne se souciait pas des conséquences, et même lorsqu’il a finalement atteint l’âge adulte, c’était souvent le grand frère que j’étais qui devait réparer les pots cassés et demander pardon lorsqu’il refusait de le faire lui-même – souvent par orgueil. Cette pratique ne m’a jamais quitté, peu importe la situation ; les mots sortent de ma bouche sans que je ne parvienne à les réprimer, même lorsque j’ai conscience de n’être en aucun cas fautif, automatisme ordinaire, réflexe de Pavlov, mauvaise habitude tenace. Pourtant, ici, je sais que je me dois de m’excuser, malgré les dires de Winnifred. Ce n’est pas une intuition, mais une certitude. Qui suis-je pour l’embêter ainsi avec mes maux ? Qui suis-je pour la forcer, quelque part, à rester à mes côtés, simplement parce que sa bonté l’incite à porter assistance à une personne en difficulté ? Ma plus grande peur, ce n’est pas de retourner au Vietnam, que j’ai un fusil à la main ou non. Ce n’est même pas d’affronter le cadavre refroidi de mon frère qui me demande pourquoi il est mort par ma faute. Non, ma plus grande peur, c’est d’être un poids – pire, d’être un poids que mes proches se voient obligés de porter, par obligation et par pitié. Alors je m’excuse parce que c’est ce que je dois faire, et j’espère de tout mon cœur ne plus jamais à avoir besoin de l’aide de Winnifred pour me remettre d’une de mes crises. Je me suis toujours débrouillé tout seul, et d’envisager un instant de devenir une gêne pour les gens qui m’entourent me donne la nausée.
Alors, j’hausse les épaules sans vraiment répondre à la maire de Selkirk. Je ne veux pas me perdre dans des explications qui n’auront pas vraiment de sens, de toute façon – et je ne me vois pas partir dans de longs discours, alors que je peine encore à me remettre de ma crise. Je suis de retour dans la réalité, mais mon corps doit encore se remettre de ses émotions. C’est toujours éprouvant, ce genre d’épisodes. Comme si l’affliction de mon esprit parvenait à infliger des courbatures à mes muscles, ma peau, mes organes, mes os. Comme si, chaque fois que je m’égarais à l’intérieur de ma psychée, je me perdais un peu moi-même.

Malgré tout, elle me dit vouloir rester, et je ne sais pas vraiment… que faire de cette information. Winnifred me surprend, à chaque fois que j’ai la chance d’être à ses côtés. Elle est tantôt figure tentatrice, sirène qui essaie, sans même qu’elle n’ait besoin de faire le moindre effort, de me noyer dans les bleus de ses yeux, tantôt figure maternelle, qui parvient à me réchauffer le cœur sous les effets de son sourire et de son soutien. Je ne sais jamais sur quel pied danser avec elle – et je me doute que, de toute façon, de telles impressions ne sont que le reflet de mes désirs, plutôt que celui de la réalité. Je ne penserais jamais mériter ses attentions, peu importe leurs natures.

Je suis donc tout à fait surpris lorsque son ton change pour devenir diligent. Elle prépare notre sortie comme un sergent dirigerait ses soldats, et je vois là l’aperçu de son charisme naturel en tant que politicienne. Je ne m’attendais pas à ce qu’elle m’accompagne, en réalité, j’aurai présagé qu’elle veuille rentrer chez elle pour ne pas avoir à endurer une difficile virée dans le blizzard. Mais je vois là que je me trompais – je proteste, pourtant. Je n’essaie pas de la faire changer d’avis, un insecte voudrait-il qu’on éteigne la lumière ? Je veux simplement qu’elle pense un peu à elle, également.

« - Winnifred, je… Enfin, vous vous inquiétez pour ma tenue, mais je me doute que vous n’aviez pas, vous non plus, prévu de vous aventurer ainsi dehors par ce temps. Je sais que vous êtes plus habituée que moi à la météo locale, mais je ne voudrais pas vous voir blessée, à cause de mes sottises. Je peux au moins vous prêter des chaussures, je sais qu’elles ne seront pas aussi nobles que vos toilettes habituelles, mais… Au moins, elles pourront vous éviter de vous briser une cheville.

Suivant son plan, je me dirige dans ma chambre, sort de mon armoire un pull de laine bordeaux aux mailles étroites, que je passe par-dessus ma chemise en faisant ressortir son col. Ensuite, je reviens dans la pièce principale pour me diriger vers l’entrée, et laisse planer sur mon visage un léger sourire, voyant l’écossaise s’affairer à ranger la nourriture dans la cuisine. Je prends une part de pizza en entendant très clairement ses recommandations dans ma tête. Dans le placard de l’entrée, je sors deux paires de boots qui ont vu de meilleurs jours mais qui feront parfaitement l’affaire pour notre entreprise – je ne connais pas, évidemment, la pointure de la maire de Selkirk, mais même si elles sont un peu grandes, je pense qu’elles conviendront. Enfin, je prends mon gros manteau de laine grise qui avait appartenu à mon père et que j’ai récupéré à sa mort, au col pouvant être relevé pour lutter au mieux contre les intempéries, ainsi qu’une écharpe et des gants.

Lorsqu’enfin, nous sommes tous les deux prêts, je prends mes clés et je pose ma main sur la poignée. Le vent fait rebondir la porte contre le mur alors que je l’ouvre, tant je n’étais préparé à sa violence. Je peux sentir le froid mordre mon visage, et je me sens bien coupable d’infliger cela à Winnifred.

- Vous êtes sure, Winnifred ? Je pourrais y aller seul, si vous m’attendiez… »

Mais mes paroles s’envolent dans l’air environnant, et j’ai tout à fait conscience de n’avoir pas parlé assez fort pour qu’elle m’entende. Le vent fait un vacarme du tonnerre, comme si quelques mauvais dieux laissaient libre court à leur colère à travers les nuages. Un pas, deux pas à l’extérieur, et je bénis déjà d’avoir pressé la femme à mes côtés d’avoir chaussé des boots, tant la neige forme un épais tapis à nos pieds, cachant les plaques de verglas qui, je me doute, se trouvent tout autour de nous. Pourvu que cette escapade se déroule sans encombre…

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Winnifred Carberry
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puissent les dieux prendre en pitié l'homme insensible qui demeure sain d'esprit, confronté à l'abominable vérité.

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Dim 24 Jan - 20:01

date du rp ≈  11 décembre 1981
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jonathan fox // winnifred carberrywhat i can see is just a shade of you and you know i only feel you through the scent of the wave, finding the key while touching the air. ella fitzgerald & the inkspots → into each life some rain must fall  •••

383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgLorsque le médecin la presse d’enfiler des chaussures plus résistantes, Winnifred hausse d’abord les épaules. Elle a bien fait l’aller avec ses chaussures normales. Et puis, en un coup d’œil dehors, elle se trouve bien forcée d’admettre qu’il a raison. Ses chaussures, bien qu’elles ne soient pas les plus hautes ni les moins pratiques, sont loin d’être adaptées maintenant que la neige est tombée de manière aussi drue. Aussi, elle finit par hocher la tête. « For bien, puisque vous le dites, » soupire-t-elle, un peu inquiète de l’allure que tout ça va lui donner. Mais bon. « Il faut ce qu’il faut, » ajoute-t-elle. La voilà qui, après un, deux verres de vin, prend d’assaut la cuisine, mangeant une part de pizza par ci, mettant une bouteille au réfrigérateur par là, et finalement en deux temps trois mouvements, la voilà prête. Elle enfile son manteau, béret, écharpe, et finalement les boots prêtées par le médecin. « Je ne sais pas si elles vont m’aller, » dit-elle, mais une fois qu’elle les a lacées, elle se redresse avec un sourire. « Eh bien si, » confirme-t-elle, « elles sont parfaitement à ma taille ! » Son sourire s’élargit et elle plisse légèrement les yeux. « Si vous avez besoin de talons aiguilles, faites le moi savoir, je serai ravie de vous en prêter. » Elle se place face à lui, arrangeant un peu son écharpe, lissant son manteau au niveau du torse du plat de la main, et tapote un peu celui ci, satisfaite. « Très bien ! Vous êtes au chaud et en plus vous êtes très élégant ! » Déclare-t-elle comme on féliciterait quelqu’un d’avoir fait du bon travail. « Je ne peux pas vraiment en dire autant, mais... Allons-y ! »

Elle se prépare à sortir, et se rappelle de quelque chose sur le pas de la porte, non loin duquel elle a d’ailleurs, plus ou moins volontairement, laissé ses chaussures. « Ah ! Attendez ! Enlevez vos gants, deux minutes, » Ordonne-t-elle, alors qu’elle fouille dans son sac pour en sortir une seconde plus tard un tube de crème. « Tendez les mains. » Elle y verse une quantité généreuse de produit, et profite de n’avoir pas encore mis ses gants pour l’étaler, massant un peu les paumes, s’assurant qu’il y en a bien partout, entrelaçant ses doigts avec ceux du médecin. « Voilà, vous pouvez les remettre, » dit-elle, rougissant légèrement. Elle réalise seulement à ce moment précis ce qu’elle vient de faire. Pourtant, en temps normal, une action comme celle ci aurait été largement préméditée. Mais là, non. Elle l’a simplement fait sans réfléchir, pour qu’il n’ait pas les mains sèches, et cela la trouble plus que de raison. Elle finit d’étaler la crème restante sur ses propres mains puis enfile ses gants, détournant un peu le visage pour qu’il ne remarque pas qu’elle rougit. « Eh bien, allons-y ! »
Elle le regarde ouvrir la porte, celle ci allant taper contre le mur à cause du vent, pas plus surprise que ça. Elle connaît le climat de cette île, pour y avoir passé toute sa vie. Aussi, lorsque Jonathan lui propose de l’attendre ici, elle fronce les sourcils. « Allons docteur, ne soyez pas ridicule. Sans moi, vous allez vous perdre en moins de dix minutes. Bien sûr, que je viens avec vous. N’allez pas espérer vous débarrasser de moi comme ça, » le taquine-t-elle, un sourire sur les lèvres. « Il vous faut quelqu’un qui connaît l’île, surtout que sous toute cette neige, tout se ressemble. »

Ils descendent tous deux dans la neige, et elle se félicite d’avoir accepté les chaussures du médecin. Elle fourre ses poings dans ses poches, et avance à pas élastiques, le genre de pas qu’il faut pour éviter de tomber dans ce genre de météo. Ils avancent, et Winnifred n’essaie pas vraiment de faire la conversation. Le vent ne serait de toute façon pas d’accord, puisqu’il siffle et hurle à ses oreilles. Heureusement qu’elle a remis en place les épingles qui tenait son béret, sans quoi elle aurait pu lui dire adieu. Finalement, ce sont surtout les cheveux en dehors de celui ci qui pâtissent du vent. Elle finit toutefois, après plusieurs minutes qui paraissent interminables, par se tourner vers le médecin, pour lui crier : « Tout va bien, docteur ?! Pas trop dur ? » Elle lui sourirait bien, mais le vent glacial sur l’émail de ses dents est trop douloureux. « On en a encore pour une bonne demie heure ! Est-ce que vous voulez faire une petite pause ? » Demande-t-elle toujours sur le même ton. « Vous n’avez pas trop froid ?! »

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Jonathan Fox
Jonathan Fox
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statut marital : éternel célibataire, vieux garçon qui pense qu'il est trop vieux pour toutes ces conneries

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métier : ses mains guérissent, sa tête soigne ; et il essaye de vaincre la mort comme un matador dans une arène (médecin)
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damnation : Trouble de stress post-traumatique, cette maladie dont la guerre est la cause, le traumatisme inhérent et implacable, le mal-être déclenché par le plus petit des sons et la plus vive des lumières

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Ven 19 Mar - 21:40

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Baby it's cold outside

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0b7d435ce2fe8de4888d416048a1b445.jpgDans la neige, les sons sont à la fois feutrés et multipliés. Il y a ce vent froid qui semble traverser mes vieux os pour étreindre mes poumons, il y a ces plaques glissantes qui se cachent sous la poudre pour renvoyer l’homme à sa nature de misérable insecte face aux forces de la nature, et il y a surtout ces couleurs grises, blanches, bleutées, qui offrent un spectacle aussi sublime qu’effrayant. Je ne m’occupe pas d’elles, pourtant. Deux femmes occupent mon esprit, pour des raisons bien différentes mais tout aussi déroutantes, pour le pauvre fou que je suis. Et leurs visages m’obsèdent, se superposent au camaïeu de teintes froides, sans que je ne puisse faire quoi que ce soit pour les repousser.

Il est aisé de dire que l’inquiétude qui serre mon ventre, tandis que je songe à Annie, est disproportionnée. Ceux qui penseraient que j’exagère, que je projette des peurs illusoires sur une petite fille probablement au chaud et en sécurité auprès des amies de son âge, ne sont certainement pas des parents. Ils ne savent rien des pensées intrusives qui polluent l’esprit et imaginent le pire ; un effroi bien plus profond que celui qu’on ne pourrait jamais éprouver en contemplant sa propre mortalité. Et Annie n’est pas ma fille, mais elle est ma responsabilité. Le seul lien qui me relie encore à mon frère : le seul moyen de me racheter, aussi. Il est mort. Je ne pourrais jamais changer ce fait indéniable, autant que je ne pourrais détacher la part de responsabilité m’appartenant, correspondant à son trépas à un âge bien trop jeune, pour des raisons bien trop futiles – je peux, cependant, m’assurer qu’il n’arrive rien à cette fille unique qu’il n’aura jamais l’occasion d’élever comme étant la sienne. Pâle fardeau, j’en ai conscient, faible paiement pour un crime qui ne sera jamais pardonné, mais c’est tout ce que j’ai pu trouver pour pouvoir me regarder dans la glace tous les matins. Je m’en veux, souvent, de ressentir de la joie à rester auprès de ma nièce, à la voir grandir. Elle est ma pénitence, pas ma récompense. Et si jamais il lui arrivait quelque chose… Je ne peux imaginer ce que je ferai. J’ai la certitude absolue et inconditionnelle que je pourrais devenir le pire des hommes, une créature qui n’aurait même plus l’apparence d’un être de chair et d’os tant sa moralité se serait éteinte pour laisser place à sa féroce justice, simplement pour m’assurer qu’elle soit sauve. Cela m’effraie. Moins que la perspective de la perdre, cependant.

Des yeux rieurs de la fillette, les branches effacent les prunelles pour laisser place à des orbes tout aussi bleues : celles de Winnifred, qui pourtant, marche à mes côtés. Elle a tenu à m’accompagner, et la culpabilité de forcer une femme aussi admirable à braver la tempête pour des histoires qui ne la concernent pas, a bientôt laissé place à l’incompréhension. Je lui ai donné une porte de sortie, pourtant, elle n’en a même pas effleuré la poignée. Je ne sais pas ce qui la pousse à se comporter ainsi. J’ai l’impression d’être devant un de ces tableaux de détective, où un bout de fil de laine rouge relie des indices, sans jamais trouver la moindre cohérence aux liaisons entre les différents éléments de l’enquête. Et elle fait bonne figure, malgré la neige et le froid, se préoccupant encore de mon bien-être avant du sien, sa voix perçant les cris du vent pour s’enquérir de ma santé.

« - Ne vous occupez pas de moi, Winnifred ! Je suis obligé d’hurler pour me faire entendre, les éléments se déchainant toujours autour de nous. Je suis tellement confus de…

Ma voix se brise, je vais encore m’excuser, lui dire de rentrer chez elle, de me laisser aller à la rencontre d’Annie pour qu’elle n’ait pas à subir cette épreuve qu’elle ne mérite pas d’affronter, mais je me retiens. Nous sommes là, au milieu de la neige et des assauts du vent, que je le veuille ou non : et faire demi-tour serait aussi sot que de continuer à avancer. Alors, je m’apprête à lui demander si elle va bien, elle aussi, tout en continuant ma route, lorsque mon œil est attiré par une branche qui se balance dangereusement au-dessus de nos têtes. Je ne réfléchis pas. Je me précipite sur Winnifred pour éviter que l’énorme bout de bois ne lui tombe dessus, et heureusement, il s’abat à une dizaine de centimètres à peine de nous, à l’endroit même où elle se tenait quelques secondes plus tôt. Je nous évite de tomber tous les deux en la tenant fermement contre mon torse, mon souffle court se perdant dans la caresse de ses cheveux blonds. Cet effort soudain et inattendu me laisse interdit, et l’espace d’un instant, je me tiens contre elle, à essayer de calmer mon cœur battant la chamade à cause de l’adrénaline. Je finis par la lâcher, cependant, lorsque la réalité reprend ses droits et que je me rends compte de l’inconvenance de nos positions.

- Winnifred ! je crie, toujours au-dessus du vacarme du vent. Vous allez bien, vous n’êtes pas blessée ? Je songe à ce qu’elle m’a dit : il resterait une demi-heure de trajet avant d’arriver à bon port, et si jamais elle se sentait mal, je ne sais pas si je serais en mesure de lui porter assistance, à cause de la violence de la tempête. Je me sens bien bête de l’avoir trainé à mes côtés – et le fait que je ne comprenne absolument pas pourquoi elle ait accepté, pire, qu’elle ait refusé que j’y aille seul ne me rend que plus perplexe encore. J’aperçois une habitation, un peu plus loin. Peut-être est-ce la maison des parents de la petite camarade d’Annie ? Je n’en ai aucune idée, il est difficile de jauger les distances avec la neige qui nous entoure. Nous y sommes presque ! » je m’exclame pourtant. Je ne sais pas vraiment si c’est elle que j’essaie de rassurer, ou simplement les pensées qui s’agitent dans ma tête.

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