jour de nuit - vivi

date du rp ≈ 24 février 1982.
lieu du rp ≈ l'auberge the crags.

c'est qu'il a parfois l'impression, roy, qu'y'a tout qui va lui tomber dessus, qu'il aura beau faire, y'aura bien une roche qui viendra lui enfoncer le crâne, l'ouvrir en deux, le laisser tomber un poil malheureux. c'est qu'y'a la fin de la course et qu'il est pas loin du dernier perdant, qu'il a pas pu rafler la mise et qu'il est même pas assez entraîné pour affronter le sportif effréné qu'aime rouler des mécaniques devant les gonzesses qu'en arrachent leurs jupes. inspiration profonde, traits de soupirs qui s'attardent sur sa tronche, mains flanquées dans les poches de son manteau, il dévale le chemin de terre, fuit la ferme familiale à même plus saluer de la main son aîné qu'est bon qu'à râler sur le père pas loin de clamser. gorge raclée, chemin tout cuit pour accueillir une sorte de tendresse fraternelle entre ses bras amaigris, il s'en bouffe la lèvre, roy, déploie un sourire franc à mesure que l'auberge se pointer dans son sillage. il en fait pas gaffe aux habitants qui dévisagent, dont un qu'a rien de mieux à foutre que de se marrer, sans doute qu'il est assez torché pour en venir à confondre un poteau et une amante bien fournie. lumière qu'arrache les prunelles, reste planté un peu con, un peu las, à se dire qu'il aurait mieux à faire de s'endormir dans le coin de la salle où tout le monde bouffe plutôt que de se forcer à tenir debout. tête qui se redresse, vivi en ligne de mire qui crache des rayons de lumière rien qu'en ouvrant la bouche, c'est qu'elle aurait de quoi éclairer la ville entière ou au moins de faire pousser les fleurs plus rapidement. cils qui papillonnent, épaules qui se haussent pour s'étirer, il racle le fond de sa gorge, roy, face déconfite, l'est crevé, le visage de l'infâme qui lui revient à l'esprit. y se dit qu'un saut de l'ange dans les rocheuses ç'aurait de quoi faire taire les vipères, ç'aurait de quoi le rendre sourd, lui laminer les paupières pour laisser les sempiternels cauchemars aux autres, leur refiler sa terreur, sa malédiction chatoyante sous les canines acérées de la fausse nymphe bonne à se faire un collier d'entrailles.

- t'as l'air prête à t'endormir sur l'parquet,
- r'marque j'paie pas d'mine non plus,
- j'te propose qu'on s'trouve un coin,
- un bout d'terre au pire,
- deux pieux au mieux,
- et qu'on s'laisse écraser par la fatigue, sans trop broncher.

date du rp ≈ mercredi 24 février.
lieu du rp ≈ the crags, @roy morrison

Les paupières s'alourdissent, les coudes accrochés au comptoir et la tête qui laisse voguer les pensées vers des contrées plus impavides. Ils mangent tels des affamés, boivent tous en cœur, n'savent cependant pas le faire en silence. Ils sont de bonne humeur, bonhommes hilares qui se fendent en deux, se plient de rire, braillards gloussements tapageurs aux effets de coups de marteau sur la boîte crânienne. Du bout de ses doigts, masse les tempes qui ne demandent qu'à ce qu'on achève leur souffrance. L'air blasé ébauché sur les traits souffrants, patraque et surmenée par une journée dont elle n'en voit pas la fin. Pourtant, le soleil s'est affaissé, a laissé place au voile de l'obscurité. Mais, Vivi, encore au Crags, à passer des coups de chiffons ici et là, à servir quelques verres et amener des plats quand les mains ne sont pas assez nombreuses pour tout gérer. C'est que c'est pas son boulot, c'est qu'elle n'est pas payée pour les corvées supplémentaires. Elle jette un coup d'oeil discret aux cuisines, regarde Gabriel qui fait tout sauf se tourner les pouces, serait presque tentée d'aller le déranger, le ralentir dans le labeur. Mais c'est que la porte d'entrée s'ouvre, et laisse apparaître la figure abattue de son petit frère. Elle distingue déjà les œillades curieuses et les chuchotis qui parviennent jusqu’à ses tympans. Serre la mâchoire et les poings, nulle nécessité que de faire des vagues alors que tous deux semblent écrasés par la journée qu’ils viennent d’avoir. Elle inscrit la risette aux lippes et sert un dernier verre avant de rejoindre le cadet qui ne sait pas trop où se mettre.

« Crois-moi, s'ils n'étaient pas tous là, » qu'elle commence à énoncer en faisant un geste pour englober l'assemblée, « je me serais fait une joie de m'allonger à même le sol, bien que crasseux. » Elle frotte les semelles sur le parterre pour décoller un morceau de viande desséché, soupir à l'idée qu'au petit matin, serpillère et seau d'eau seront à la main. Espièglerie s'attache au visage, elle lui prend le poignet pour qu'il se laisse persuader. Serpente entre les chaises et les tables, glisse d'un coin à un autre afin d'atteindre les marches de l'escalier qui amène à l'étage. « Pas d'clients, en ces temps. » C'est que Vivi, elle a pris l'habitude de parfois s'endormir dans une des chambres de l'auberge au lieu de rentrer. Les jambes trop épuisées, excuse pour ne pas avoir à déambuler dans les allées noires de l'île. Pousse une porte d'une des chambres inoccupées, s'affale sur l'un des deux matelas. « Bon, c'est pas la meilleure des chambres. A dire vrai, c'est même la pire. Quelques crevasses dans les planches qui laissent passer les courants d'air, à cause du tremblement de terre. »