date du rp ≈ 2 mars 1982
lieu du rp ≈ boutique de mercy, nuit tombée

y a ce tintement - le même que d’habitude. le même depuis des semaines - des mois. celui qui lui rappelle qu’elle se jette dans la gueule du loup. gri-gri fantaisiste au-dessus de la porte qui l’annonce, l’empêche de se faire disparaître, de se rendre invisible. elle compte plus, jemima - devrait tenir un carnet, graver les allées et venues dans le bois de la tête de lit. peut pas, rappellerait trop à quel point c’est devenu une routine, un presque besoin. elle sait pas bien ce qui l’y pousse - le regard charbon, le sourire impérial, l’aura saturnienne qui dégouline de ses orbites à ses courbes, tout à la fois. se prend à attendre impatiemment le coucher du soleil, comme s’il ne devait y avoir aucun témoin à ses errances spirituelles (fantasmatiques) - secret sous clef. y a peut-être de ça, aussi. mercy. mercy elle colore ses pensées, habite son cogitum éparpillé, prend un goût d’interdit, un goût de défendu - tient finalement plus du fantasme que du réel. et c’est plus simple, alors, à avaler - c’est plus simple d’oublier les pourquoi et les comment, les non et les stop, les petites voix qui piaillent à l’arrière du crâne, qui se battent en duel sans jamais gagner la joute. idées intrusives qui pénètrent les pores et les méninges, font leur nid entre sylvius et rolando, réveillent l’angoisse ensommeillée au passage. elle chasse, repousse - demeure les mains secouées de spasmes et nauséeuse, l’impression ridicule de retourner au premier rendez-vous en boucle.
elle vient toujours les mans vides, jemima. refuse de donner. refuse d’offrir. n’accepte que de payer - déguise ses envies en commerce, en échange désintéressé, en curiosité simple. dénégation absolue de ses raisons profondes, de celles qu’elle connait sans les admettre. elle inspire, expire. inspire - perd son souffle.

il est coupé
perdu au fond de la trachée
asphyxié dans sa gorge

et la porte est ouverte. la porte aux étrangetés, la porte aux merveilles, la portes aux - elle cisaille ses pensées, les déchire en menus morceaux, les réduit en boule à jeter dans le feu. le coeur au bord des lèvres, les viscères mélangées, elle parle pas tout de suite - regarde, regarde comme si elle voulait mémoriser le visage de mercy pour deux décennies encore, comme si son existence n’était autorisée que dans ses mémoires confinées, que c’était à cette seule place qu’elle pourrait la visiter encore et encore. elle ouvre la bouche et la referme, bégaie un mot - se tait. fronce les sourcils, les mains qui remettent en ordre les boucles défaites, rit nerveusement.

- hm
- bonsoir. j’ai - je. rendez-vous.
- comme d'habitude. ponctué par un sourire, les mots anesthésiés, emmêlés.

date du rp ≈ 2 mars 1982
lieu du rp ≈ boutique de mercy, nuit tombée

curieux manège que visites à répétition – ne sait trop quoi penser, ignore volontairement tout des motifs qui conduisent brunette à ne que trop pousser la porte de la minuscule échoppe, lèvres pincées sitôt qu'elle découvre à nouveau patronyme au papier froissé, nouvel écart à la nuit tombée, sorgue misère pour mieux y lover mille secrets. ennui agité d'une curiosité lassive, celle de percer palpitant à jour, bien que succession d'entrevue oblige sirène à revoir systématique, à piéger la presque môme aux yeux vieillis par la peur, mensonge sur mensonge tandis qu'elle lui tire les cartes et prétend visionner avenir glorieux. elle aurait dû tiquer, dès les premières heures, que cela sonnait faux - qui était destiné au bonheur, alors enfermé à cet îlot de malheur ? pour autant, négationnisme fallacieux mène brebis à paraître toujours, aurait-elle dû se méfier du loup. panurge flanqué icare n'avait jamais volé si haut que ses ailes auraient pu le porter. crash assourdissant, risible hégémonie de marâtre aux chuchots mensongers.

- jemima. un plaisir, comme toujours.

qu'elle assène en lui faisant signe de s'installer - comme à son habitude, pas l'canapé du fond mais le fauteuil, elle commence à connaître l'invitée. dénote encore, les pommettes hautes, le teint rosi, la chevelure triturée du bout des doigts. n'est pas sirène qui veut, mercy n'est en rien ignare des séductions, des gênes liées à celles-ci, des émois presque adulescents qui agitent sa compagne d'infortune. celle qui n'assume en rien les élans, l'érotisme confondu derrière quelques excuses d'une crédibilité sotte.

- ne crois-tu pas qu'il serait temps que nous parlions véritablement de ce qui t'amènes si souvent auprès de moi ?

pour la sixième fois déjà en deux mois. elle devinait dès lors qu'elle prétendrait adhérer à toutes sortes de croyances, même aux plus risibles, vouer passion inanimée aux cartes et au fatum intangible s'il s'agissait de ne pas perdre la face vis à vis de maugham qui ne l'entendait pourtant pas d'une même oreille. Force un peu le destin, charme surréel venant entourer castafiore. et soudainement, vénus n'paraît plus si humaine, blancheur curieuse du sourire qui se dévoile de trop, des yeux clairs qui la dévorent, et le grondement sourd de la bête qui lui souffle de répondre vérité, hante brusquement la cabèche déjà atrophiées par les songes. ça résonne encore et encore, à l'écho de ses propres fantasmagories.

- ma chère jemima... tu sais que tu peux avoir toute confiance en moi.

pas totalement faux, pas totalement vrai non plus. un petit mensonge de plus ne ferait pourtant de mal à personne. certainement pas à elle.