Hector Desmond
identité ≈ Hector. Rien d’extraordinaire à première vue, un prénom des plus communs - notre Hector, pourtant, ne tardera pas à se prendre de passion pour l’histoire et la mythologie et à découvrir le sous-texte de son prénom, délavé à force d’être utilisé. Ses parents n’en savaient rien, lui assurent-ils, et c’est peut-être encore pire ; il s’imagine objet d’une malédiction, malmené par le destin, tourné en ridicule par les dieux, si toutefois dieux il y a. Son nom de famille, lui, est véritablement sans singularité aucune.
âge ≈ 23 ans - il oublie parfois le compte exact, puisque les années coulent trop tranquillement encore pour creuser sur sa peau les sillons de son déclin.
lieu de naissance ≈ Selkirk même. Toute sa vie, l’immensité azurée pour horizon, la mer qui se cabre sous les assauts des pêcheurs. La paix singulière des falaises coupantes. Les mêmes visages, qu’il esquisse avec le fusain de ses mots. Il peut retracer les contours de cette île dans le noir - on pourrait le croire à court d’inspiration, rassasié par les panoramas limités qu’offre l’humble étendue de terre, isolée, abandonnée au coeur des flots. Mais chaque jour souffle à Hector de nouvelles associations, de nouvelles rimes, de nouvelles formes poétiques.
statut marital ≈ Complètement célibataire - la solitude choisie du poète, qu’il se dit. Mais ça ne l’a pas privé d’avoir çà et là quelques expériences, courtes et assumées ainsi.
orientation sexuelle ≈ On parlera d’elle comme de
pansexualité, des années plus tard. Lui, il se contente de hausser les épaules et de dire que ça lui est bien égal, au fond, et que le genre ne comptera jamais parmi les critères de sélection de son coeur.
métier ≈ Il aime à se croire poète. Ainsi il justifie les errances de la chair et de l’esprit qui sont les siennes. Hector partage sa présence entre l’immensité de la nature et l’exiguïté de la demeure parentale.
carcasse ≈ Un vulgaire mortel - mais il y a quelque chose qu’il aime dans cette fragilité ; les bris d’un verre cassé ont quelque chose de très artistique - et leur musique crie au coeur comme nulle autre. La mort est belle, la mort est art. Poète immortel n’est pas poète - poète l’est car il vous montre son coeur, poète l’est car il met à nu sa faiblesse et ses cassures.
traits de caractère ≈ “J’suis un poète heureux” vous dira Hector si vous vous intéressez à lui. Parce qu’il se veut iconoclaste, parce qu’il aime susciter l’incompréhension, parce qu’il aime qu’on le regarde les yeux ronds qu’on lui ricane à la face “mais ça n’existe pas, un poète heureux, soit t’es pas poète, soit t’es pas heureux”. Et c’est pas faux, parce qu’au fond, il ne l’est pas, heureux. Pourtant il brille, il exsude une joie profonde, qui semble si puissamment véritable - ses sourires semblent si vrais, ses rires si profonds. Mais Hector est
hypocrite, au sens étymologique du terme - il porte un masque, il feint, il se grime en jeune homme épanoui. Comment imaginer, comment simplement concevoir un Hector sombre et torturé ? Un Hector à la voix cassée qui hurle ses démons à la mer, un Hector qui hésite à se projeter sur les falaises pour s’y disloquer ? Nul ne le peut, parce qu’Hector, c’est cet être qui vous éblouit par son apparence - extraverti, solaire, (sou)riant, aimable ; il plaisante et rit à vos côtés, il vous susurre des douceurs de sa voix réconfortante, il est là pour vous quand la peine vous troue le coeur. Vous le pensez si entouré, si soutenu par tous ceux qui gravitent autour de lui - parmi tout ce beau monde, n’y a-t-il personne qui soit là pour lui lorsque c’est son coeur que la peine troue ? Hector a les mots pour seuls confidents. Hector a la dépression comme gangrène. Hector a la mort pour horizon.
groupe ≈ le sacré.
avatar ≈ Charlie Heaton
crédit(s) ≈ heybabine.
c'est chacun son chagrin
selkirk ≈ Hector, c’est ce jeune homme rayonnant, de taille moyenne, un peu trop mince peut-être, ce petit Soleil qui, dit-on, s’assume poète. Il est vrai qu’étant enfant déjà, il avait les mots pour musique, donnant naissance sur le papier aux lettres et aux phrases, avec l’encre comme sang et lui comme coeur. Le statut de poète, c’est le dernier qu’on lui associerait - il est si loin du stéréotype du poète esseulé, du poète maudit - si loin du
Desdichado nervalien. Hector vous accueille à bras ouverts, qui que vous soyez ; parangon de gentillesse et de douceur, son sourire fait mollir le coeur et s’adoucir la méfiance. Difficile de haïr quelqu’un comme ça - quelqu’un qui aime tout le monde, quelqu’un qui se montre à vous, qui se dénude ainsi. Il jouit ainsi d’une popularité importante, qu’il ne comprend pas lui-même, mais qui ne change rien à son comportement - il a toujours cette incroyable affabilité, cette humilité qui l’ont toujours caractérisé lorsqu’il est accompagné. C’est de fait ainsi que le perçoivent tous ceux de Selkirk : un mec heureux, un mec qui n’a jamais eu de problème ni connu la souffrance ou la difficulté ; un mec qui a la vie facile. Il est le seul à se voir autrement, lorsque la solitude l’avale et le broie entre ses mâchoires impitoyables.
malédiction personnelle ≈ paralysie du sommeil - comme si on ne voulait pas qu’il s’assoupisse et se rétablisse entre les chaleurs d’un endormissement tranquille, comme si la solitude venait lui rire au nez une énième fois ; le corps a des rigidités avoisinant le cadavérique, et sous les paupières passent des panoramas absurdes, des créatures fantastiques, des tsunamis, des incendies, des explosions, des êtres monstrueux et des tempêtes. Il en résulte une peur du sommeil voire un évitement de celui-ci, de temps à autre. Alors quoi, ne trouvera-t-il jamais la paix ?
yeux disent le contraire
Hector naquit second - il fut le premier à respirer.
Bien sûr, il ne garde nul souvenir de ce premier jour maudit, de cette sanglante venue au monde, et c’est de la bouche tordue par la tristesse de ses parents qu’il entend son nom la première fois : Edmund. Mais l’enfance a pour elle une clairvoyance unique - le jeune coeur sent avant qu’on ne lui dise ; ainsi Hector a senti Edmund avant même que de connaître son existence. Alors c’était ça, le grand creux à ses côtés, cette incomplétude intrinsèque, cette maigreur du corps et de l’âme, comme si on lui avait arraché la moitié de son essence, c’était ça. Parce qu’Hector, il vit pour deux depuis le premier jour ; il vit pour deux mais il n’est qu’un - il se sent si seul, à errer en solitaire dans ce corps à moitié mort. Depuis ce premier jour, il porte en lui Edmund. Depuis ce premier jour, il se bat pour les faire vivre tous les deux, pour être assez, pour compenser la mort traumatique de son frère jumeau. Il veut être assez pour ses parents, mais il voit bien qu’il n’y arrive pas, que sous leurs yeux se creuseront à jamais les sillons bleuâtres d’un deuil éternel. Alors il continue, il se démène auprès d’eux, auprès de tous, en réalité - il est en quête de complétude permanente. Ainsi, Hector a tout de l’enfant modèle ; perpétuellement souriant, serviable, doux, attentionné - au point que cela en devient presque inquiétant. Mais pareille sollicitude, pareille tendresse réchauffent si puissamment le coeur de ceux qu’il s’applique à contenter qu’ils oublient que derrière le grand sourire, que derrière la main réconfortante posée sur l’épaule se cache un coeur troublé et une âme déchirée. En voulant compenser l’absence d’Edmund, en voulant vivre pour eux deux, Hector s’efface sous cette carapace de garçon heureux - il a fait de son sourire une épitaphe. C’est qu’il est tellement grisant de côtoyer quelqu’un comme Hector, quelqu’un qui vous manifeste un intérêt si sincère, qu’on en oublie de penser à lui - il vous fait vous sentir spécial.e et digne d’attention, et vous vous perdez dans le tableau lumineux qu’il dépeint ; éblouies par le portrait harmonieux qu’il fait de vous, vos pensées vagabondent, déréglées par la chaude sincérité de son affection, et il n’existe plus à vos yeux que par le prisme de l’attention qu’il vous porte. En voulant se compléter, Hector se fait oublier.
Alors personne ne sait, personne ne sait vraiment ce qui se cache sous cet air perpétuellement enjoué, sous cet enthousiasme solaire, sous cette douceur presque virginale. Personne ne voit les larmes qui sèchent lorsque la nuit recule, personne n’entend les pleurs, personne ne conçoit un Hector blessé. Car c’est un être d’apparences, un perpétuel ressac entre cette extraversion qui se donne entièrement à une altérité dont il espère que la reconnaissance l’aidera à pallier la fissure originelle de son âme, et cette même fissure qui lui crève le coeur un peu plus chaque jour. Il vit comme ça, Hector, entre deux abîmes, basculant de l’un à l’autre au rythme chaotique de son existence labile. Il vit entre rires et rictus, entre sourires et sanglots, entre douceur veloutée et roideur désespérée. Hector est un Soleil aux rayons de lumière mais au coeur noir - une étoile de nuit et de ténèbres, une étoile qui se meurt. Hector est une solitude au milieu de la multitude, Hector est un isolement dans une étreinte. Hector est un chagrin souterrain, Hector est une hémorragie interne. Rien ne transparaît, rien n’affleure, alors rien ne change ; c’est, toujours, cette insoupçonnable dualité, cette improbable dichotomie qui guide l’existence du jeune homme. Son adolescence a les mêmes linéaments que son enfance - même façade adorable, même intériorité étiolée. Il est, toutefois, de plus en plus ardu pour Hector de se grimer ainsi en permanence, de ravaler son fiel, de jouer aux épanouis, de singer un bonheur qui n’est pas le sien. Il commence à se craqueler - elle est trop lourde, cette armure ; il est trop lourd, Edmund.
Mais Hector a un réel Soleil dans sa vie - la poésie. Il a la feuille pour amie, et l’encre comme voix. A travers ses mots, c’est son désespoir qui filtre, dans tout ce qu’il a de plus déchirant - la poésie d’Hector, c’est un cri d’agonie. Mais là encore, coexistent en lui deux poésies, les deux également nécessaires à sa survie. Il y a sa poésie hypocrite, sa poésie du masque, celle qui lui fait claironner qu’il est un poète heureux ; une poétique de la pureté, de la douceur, de l’harmonie, une poésie qui chauffe le coeur comme lorsqu’il vous sourit, Hector, une poésie tendre comme ses yeux lorsqu’ils se posent sur les autres. Et puis il y a l’autre ; un poésie du sang, une poésie du feu, une poésie des cris et des gouffres, celle qui vous écrase la gorge et fait monter en vous la bile noire de la mélancolie. Ces vers-là, il ne les montre pas, et il est le seul à connaître leur existence. Aux yeux de tous, il est le poète heureux - et même ceux que la formulation laisse sceptiques sont forcés de constater que les vers qu’il produit exsudent la même puissance solaire qui se laisse voir dans ses regards fascinants. La poésie qu’il montre au monde n’est pas mensongère, pas plus que son comportement au contact des autres - elle est simplement lacunaire. Et c’est là toute l’histoire d’Hector ; un être de lacunes et de lambeaux, un être incomplet et incompris.
almilozee
les présentations ≈ bonjour à tous.tes, moi, c’est Léna, j’ai 22 ans et je viens aussi dans le sillage de Flora suite à la fermeture de notre forum ! je suis étudiante en langues et je vis principalement par et pour les chats, la littérature et l’écriture krkr. (les séries aussi un peu j’avoue)