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 You're not a drop in the ocean ft. Winnifred Carberry [flashback]

écrivainpoème d'hiver
Jonathan Fox
Jonathan Fox
épargné(e)
avatar // crédit(s) : David Tennant // soldier eyes.
âge : 47 ans
statut marital : éternel célibataire, vieux garçon qui pense qu'il est trop vieux pour toutes ces conneries

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métier : ses mains guérissent, sa tête soigne ; et il essaye de vaincre la mort comme un matador dans une arène (médecin)
carcasse : mortel
damnation : Trouble de stress post-traumatique, cette maladie dont la guerre est la cause, le traumatisme inhérent et implacable, le mal-être déclenché par le plus petit des sons et la plus vive des lumières

échanges : 87
arrivée : 11/04/2020


cthulhu fhtagn
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Mar 5 Mai - 23:50

date du rp ≈ 24 novembre 1981
lieu du rp ≈ le dispensaire


You're not a drop in the ocean

Winnifred Carberry & Jonathan Fox ☆ I have spoke with the tongue of angels. I have held the hand of a devil. It was warm in the night, I was cold as a stone, but I still haven't found what I'm looking for
☾ ⋆  ☾ ⋆ ☾ ☼ ☽ ⋆ ☽ ⋆ ☽

J’enfonce mon visage dans mon oreiller alors que les cris des mouettes me réveillent pour la énième fois, me demandant très sérieusement si ce serait une bonne idée de me lever, de mettre quelques balles dans le barillet de mon ancienne arme de service, et de partir à la chasse de ces maudits volatiles. Je soupire, et ma tête se tourne vers mon vieux réveil mécanique, éclairé par la lueur de la Lune qui filtre à travers mes rideaux. Quatre heures du matin. J’ai parfois l’impression que le temps est suspendu, depuis que je suis arrivé à Selkirk, il y a deux semaines à peine : les jours se ressemblent tellement qu’il est difficile de les différencier, et les nuits ne sont pas en reste. Je ne suis toujours pas habitué aux rires de ces oiseaux qui retentissent dans le vent glacé d’Ecosse et me réveillent régulièrement à des heures indues, rompant allègrement un sommeil déjà chaotique à cause des nombreux cauchemars induits par mon trouble post-traumatique. J’allume la lampe près de mon lit, sachant pertinemment que je ne pourrais pas me rendormir immédiatement, et saisit, en même temps que mes lunettes, le livre soigneusement posé sur ma table de chevet. Je me suis passionné, depuis mon arrivée sur l’île, au folklore écossais et ses légendes mystérieuses, et j’ai commencé un ouvrage relatant en long, en large et en travers, le mythe des Kelpies, créature chevaline aquatique qui séduirait les humains et les pousserait à les monter pour mieux les noyer. Des contes pour effrayer les enfants, bien sûr, mais qui divertissent parfaitement ces moments d’insomnies, entre chien et loup : bientôt, je finirai par m’assoupir, l’ouvrage glissant d’entre mes doigts, et je me réveillerai lorsqu’il sera temps d’aller lever Annie pour qu’elle aille à l’école, la joue froissée par les pages de mon livre.

Huit heures. Je bois un café, à peine habillé, les cheveux à moitié dressés sur ma tête. Ma nièce me presse, déjà prête depuis une bonne demi-heure : maudite soit l’énergie des enfants, qui m’a depuis longtemps échappée d’entre les doigts. Je ne suis pas en retard, pas en avance non plus, je dois simplement me dépêcher si je veux éviter les regards réprobateurs des mères de famille, qui attendent l’ouverture des portes de l’école comme s’il était de leur devoir que leurs marmots soient les premiers à passer le seuil. Lorsque je quitte enfin Annie, après l’avoir embrassé sur le front en lui faisant promettre de ne pas se disputer avec les autres enfants – mais ils sont si bêtes, tonton, tu ne comprends pas – il est temps pour moi de me diriger vers le dispensaire, où je commencerai ma journée de travail. Saluant la secrétaire, je rentre à l’intérieur de la salle de consultation pour m’asseoir à mon bureau, séparé de la table d’auscultation par un petit rideau de plastique : ce qui m’a beaucoup étonné, lorsque je suis arrivé à Selkirk, puisqu’il n’y a certainement pas assez de place pour partager la pièce avec un autre docteur, l’écran d’intimité étant donc loin d’être nécessaire (peut-être que l’ancienne secrétaire avait pour habitude de pénétrer dans la pièce sans s’annoncer ?). C’est ainsi, de toute façon, et j’ai fini par m’y habituer.
Je classe quelques dossiers, note des observations au propre, boit un autre café. Enfin, je finis par regarder mon agenda pour vérifier mon programme de la journée. Mon doigt court sur le papier, jusqu’à tomber sur le premier rendez-vous, dans une dizaine de minutes à peine. Carberry. Hmm. Ce nom m’est familier, sans que je ne parvienne à remettre le doigt dessus, c’est étrange. Il doit probablement s’agir d’une de ces vieilles dames qui viennent sans cesse toquer aux portes du dispensaire pour un oui ou pour un non, prétextes insensés pour faire passer le temps de leurs vieux jours un peu plus vite, et en meilleure compagnie. Je soupire. Ils sont loin, mes journées à l’UPMC Presbyterian, l’un des hôpitaux les plus renommés de l’Est des Etats-Unis. Mais c’est ainsi, ce fut mon choix que de m’installer ici et, pour l’instant, je ne regrette pas cette décision. Oh, il est vrai que je sens la fougue du jeune médecin bouillonner parfois en moi, regrettant les cas passionnants que je traitais à Pittsburg, mais je me rends compte également que mon cerveau se félicite de ce repos bien mérité. Les crises d’angoisse, provoquées par des stimuli extérieurs (bruits violents, mouvements brusques), ou simplement lorsque mes pensées s’aventurent dans des contrées un peu trop dangereuses (en général, tout souvenir concernant mon temps à Saïgon), sont beaucoup moins fréquentes, et j’arrive à maitriser l’anxiété qui tourbillonne au plus profond de moi.  

Un coup à la porte : l’employée à l’accueil m’annonce que mon rendez-vous est arrivé, je me lève pour aller à sa rencontre. Je lève les yeux, et elle est là. Winnifred Carberry. Je me sens si bête, comment ai-je pu ne pas comprendre plus tôt de qui il s’agissait ? Je tends ma main pour serrer la sienne, ne pouvant m’empêcher d’admirer sa stature élégante, sa beauté presque irréelle. Me frappant intérieurement la nuque, comme j'avais l'habitude de le faire à mon petit frère Matthew lorsqu'il disait des âneries, je me fustige d’oublier la moindre des politesses.

« - Bonjour, madame le maire, dis-je sans vraiment réfléchir, oubliant qu’elle m’a pressé, lors de notre dernière rencontre, de l’appeler par son prénom. Entrez, asseyez-vous. Je lui désigne le siège en face de mon bureau, me sentant extrêmement maladroit, comme un adolescent qui ne parviendrait pas à maîtriser ses membres à cause d’une brusque poussée de croissance. Pathétique, mon pauvre ami. Qu’est-ce qui vous emmène ? »

Je m’assois en face d’elle, croisant mes bras, pour mieux les décroiser. J’ai en tête la façon dont ses mains se sont attardées sur mon torse, lorsqu’elle nous a emmené, Annie et moi, dans notre nouvelle maison. Oh, ce n’était rien, bien entendu, qu’un vague geste amical qui ne m’était certainement pas réservé, j’en suis persuadé. Reprends-toi, Fox, me dis-je en imitant, quelque part, la voix de mon supérieur de l’armée. Si elle s’est rendue au dispensaire aujourd’hui, c’est probablement pour un problème médical, et je me dois de me concentrer là-dessus, certainement pas sur mes divagations passagères : j’ai juré, en prêtant le serment d’Hippocrate, de faire passer le soin avant toute chose, et je ne compte pas rompre cette promesse aujourd’hui.

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Winnifred Carberry
Winnifred Carberry
épargné(e)
avatar // crédit(s) : cate blanchett // corvidae
âge : 45 ans
statut marital : veuve

puissent les dieux prendre en pitié l'homme insensible qui demeure sain d'esprit, confronté à l'abominable vérité.

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métier : maire de selkirk
carcasse : elle appartient à l'onde.
échanges : 53
arrivée : 14/04/2020


cthulhu fhtagn
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Mer 6 Mai - 1:52

date du rp ≈ 24 novembre 1981
lieu du rp ≈ le dispensaire

you're not a drop in the ocean jonathan fox / winnifred carberry
there's nothing to see here, people, keep moving on slowly their necks turn, and then they're gone // she wants revenge → these things •••
l’aube se lève et winnifred jette un regard las par la fenêtre à laquelle elle s’est appuyée, à défaut de réussir à dormir. elle siffle entre ses dents, un gémissement de douleur qui ressemble à celui d’un animal blessé lui échappe alors qu’elle masse fébrilement la cicatrice qu’elle porte au côté à travers son déshabillé de soie écrue. le pâle soleil de l’hiver darde ses rayons vers elle, et elle pousse un soupir exaspéré avant de se lever, enfiler ses mules rebrodées de perles et descendre les marches de l’escalier quatre à quatre, quelques gouttes de sueur perlant sur son front d’albâtre, qu’elle essuie d’un revers de poignet, vestiges de la nuit fiévreuse qu’elle a passé à se tordre en tous sens pour essayer d’échapper aux douleurs fantômes qui hantent encore les stries qui parcourent son corps, souvenirs cauchemardesques d’une erreur de jeunesse qui lui a coûté la vie qu’elle aurait voulu vivre. elle sort sans prendre la peine de passer ne serait-ce qu’un manteau, et l’air froid de l’hiver écossais lui mord la peau, tandis qu’elle continue sa route obstinée à travers le jardin, descendant les marches moussues jusqu’à la crique. elle retire ses vêtements de nuit avec des gestes pressés, jette un œil autour d’elle pour vérifier que personne n’est là pour témoigner de son impudeur, et se glisse nue dans l’eau bienfaitrice. bien sûr, si ce remède marchait contre les éclairs lancinants qui lui parcourent le corps, tout serait bien plus simple, mais ce n’est pas le cas. alors, elle barbote pendant une grosse heure, se laissant aller à s’éloigner un peu de la côte et de la surface, puis finit par revenir. un fois à l’air libre le froid est plus intense que dans l’eau, aussi elle s’empresse de remettre son peignoir, et de rentrer à la maison se préparer pour la journée qui l’attend. au milieu du chemin elle doit s’arrêter, le souffle coupé par un éclair plus violent que les autres, et elle s’appuie au tilleul majestueux qui surplombe le domaine, ses ongles griffant la mousse qui le recouvre. respire, winnie darling, respire. ça va aller, se répète-t-elle comme si ça allait faire quelques chose. au bout de quelques minutes, elle finit par reprendre son chemin, et croise isobel qui est, elle, en route pour faire ses ablutions quotidiennes. elle lui sourit, mettant un point d’honneur à ne rien laisser paraître, même si elle sait que sa fille n’est pas stupide.

alors qu’une énième fois l’une de ses cicatrices la lance, elle se félicite d’avoir demandé à aileen de prendre rendez vous pour elle au dispensaire, car après tout, même si timothy lui prescrit des antidouleurs relativement efficaces, peut être qu’un œil nouveau sur son problème pourra aider. et puis, ce sera l’occasion de continuer ce qu’elle a commencé lors de sa première entrevue avec le docteur fox, car s’il se sont croisés quelquefois depuis son arrivée, elle n’a pas eu l’occasion d’être proche de lui comme elle avait pu l’être lors de son emménagement sur l’île. aussi, elle choisit avec soin sa tenue ainsi que la lingerie qu’elle enfile précautionneusement. après un rapide, très rapide petit déjeuner à base de thé et de poisson cru, elle se brosse les dents, et la voilà partie, tirée à quatre épingles dans sa robe bleue, cintrée à la taille et serrée au niveau des genoux, les pieds glissés dans des escarpins bleu pétrole et sanglée dans un manteau de cachemire bleu nuit. pas question de prendre un vélo, elle commence le chemin à pied, fumant une première cigarette, et attrape une carriole à mi-trajet, saluant les autres passagers d’un sourire des plus solaires, contrastant avec le temps froid et maussade de l’île. elle allume une deuxième clope arrivée au centre ville, qu’elle fume sur la distance qui la sépare du dispensaire, où elle entre d’un pas vif mais nullement pressé. elle attend à peine cinq minutes, le temps que la secrétaire signale son arrivée, et voilà que le docteur vient l’accueillir alors qu’elle entre dans le bureau. elle lui décoche immédiatement un sourire envoûtant. ce n’est pas parce qu’elle est là pour un problème qui la rend vulnérable qu’elle doit oublier quel est sa place dans le jeu. « docteur fox, » le salue-t-elle à son tour, défaisant tranquillement le nœud de la ceinture qui retient son manteau serré autour de sa taille, qu’elle déboutonne avant de le laisser nonchalamment tomber sur la chaise à côté de celle qu’il lui désigne où elle pose également son sac. « j’espère que votre installation s’est bien passée. à ce que je vois vous êtes déjà comme un poisson dans l’eau, » plaisante-t-elle en plissant légèrement les yeux, retroussant le nez alors que son sourire s’élargit.

il l’interroge sur la raison de sa présence et elle pince légèrement les lèvres avant de retrouver son sourire éblouissant. « j’ose espérer que nous nous verrons plutôt dans d’autres circonstances, mais il se trouve que j’ai un léger problème dont je dois vous faire part, » dit-elle avec pudeur. « voyez vous, il y a quelques années de ça, j’ai été impliquée dans un accident de bateau. » elle a un petit rire, un peu amer, « mais j’imagine qu’on a déjà dû se faire le plaisir de vous le raconter, » dit-elle en baissant légèrement la voix, comme une parenthèse. « cet accident m’a laissé avec des cicatrices qui, à vrai dire, on très bien guéri, mais qui, parfois, décident de faire des leurs, et ce bien des années après qu’elles se soient refermées. » elle retire ses gants, qu’elle avait gardés jusque là, révélant des ongles soigneusement peints d’une couleur s’approchant du corail, quoiqu’un peu moins vive, et retrousse légèrement une manche, faisant tinter un bracelet en or serti de perles. « évidemment, j’ai toute confiance en timothy. mais je me suis dit qu’en plus de renouveler mon ordonnance, vous pourriez me donner une seconde opinion, docteur. si ce n’est pas trop en demander, bien sûr, d'autant qu'à présent c'est vous qui allez devoir prendre soin de moi, » dit-elle avec un nouveau sourire, plus carnassier celui là, alors que sa voix laisse transparaître une touche d’humour sur la fin de sa phrase.
 
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Mer 6 Mai - 20:24

date du rp ≈ 24 novembre 1981
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You're not a drop in the ocean

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☾ ⋆  ☾ ⋆ ☾ ☼ ☽ ⋆ ☽ ⋆ ☽

Il y a cette chanson qui hantait les tentes des soldats jusque tard dans la nuit, au Vietnam – We’ve gotta get out of this place, des Animals. On pouvait entendre les paroles décrivant le quotidien d’un couple de jeunes gens, coincés dans une ville morose, sans avenir, à s’occuper de leurs vieux parents fatigués, être fredonnées tout le jour par des gamins à qui on avait mis un fusil entre les mains, transposant leur propre situation dans le refrain en s’appropriant son sens. On doit sortir de là, si c’est la dernière chose qu’on fera, on doit sortir de là, car il y a une meilleure vie pour toi et moi : ce chant d’espoir motivait les troupes en leur promettant des jours meilleurs, après la guerre. Pour certains, ce futur qu’ils imaginaient n’est jamais arrivé, bien sûr, tués dans la fleur de l’âge par un tir ennemi ou une balle perdue, mais pour d’autres, la mélodie signifie encore l’espérance d’un futur un peu plus doux. Je l’avais régulièrement en tête, lorsque j’arpentais les couloirs de l’hôpital, à Pittsbugh. Pourtant, depuis que je suis arrivé à Selkirk, je me surprends à oublier les phrases exactes, à mélanger les notes. Est-ce que cet avenir que nous attendions tant est enfin arrivé pour moi ? Je ne sais pas, en tout cas, pas encore. Je l’espère de tout cœur – c’est, après tout, la raison pour laquelle j’ai décidé de déménager à l’autre bout du monde – mais il est difficile, en deux semaines à peine, de statuer sur l’impact du nouveau dessein d’une vie. Comme le souligne si bien la charmante femme devant moi, qui dépose ses affaires sur les chaises devant mon bureau comme si elle était reine en ces lieux (et c’est le cas, quelque part, il faut bien l’avouer), je me suis relativement bien intégré à la communauté. Oh, j’entends les médisances des vieux gâteux qui voient l’ethnicité de ma nièce et mon accent américain d’un mauvais œil, je remarque les signes de désapprobation lorsque mes patients apprennent que le docteur Lockwood ne reviendra pas pour reprendre la place de l’imposteur que je suis, mais je ne m’attarde pas sur ces détails. Chaque jour, après l’école, j’emmène Annie faire de longues promenades le long de la côte, ou lui montrer les différents champignons qui poussent dans la forêt d’Oyckel. Je prends un jour à la fois, une minute par minute. Je prends le temps de respirer, et c’est tout ce qui m’importe réellement.

« - Oui, tout se passe à merveille, merci, dis-je sans mentir une seule seconde à Winnifred Carberry en m’asseyant derrière mon bureau, plaçant mes mains sous mon menton. Et alors qu’elle m’expose son problème, mes yeux ne quittent pas son visage, comme si j’étais bercé par les nuances chaloupées du son de sa voix. Vous savez, je suis arrivé il y a peu, et je ne suis pas de ceux qui prêtent l’oreille aux commérages, je n’avais donc jamais entendu parler de votre accident… Je suis navré de l’apprendre, en tout cas. Les recherches médicales dans le domaine des douleurs cicatricielles sont malheureusement peu avancées, mais j’ai déjà rencontré ce genre de cas de nombreuses fois lors de ma carrière, ce qui n’est pas si étonnant en traumatologie…

Mon regard glisse presque à regret de ses yeux d’un bleu envoûtant, jusqu’à son bras qu’elle dénude impudiquement, d'un geste machinal. Est-ce un frisson qui court le long de ma nuque ? C’est insensé. Je ne comprends pas pourquoi la simple présence de cette femme, en face de moi, me rend aussi idiot qu’un adolescent en pâmoison. Je ne la connais pas, pas vraiment, et si sa beauté est évidente, cela n’a jamais été quelque chose qui m’intéressait réellement : je reste un homme qui n’est pas indifférent devant les charmes d’une nymphe, mais c’est une personnalité, un caractère bien trempé, une individualité toute particulière qui rend une personne superbe, certainement pas ses formes. Je me reprends, intérieurement. Tu es seul depuis bien trop longtemps, mon pauvre John. C’est vraiment grotesque.

- Je, euh… Je me râcle la gorge pour cacher mon hésitation, me morigénant intérieurement de ma stupidité. Je serais ravi de vous examiner, bien sûr. Mais laissez-moi d’abord trouver votre dossier médical, j’ai récupéré ceux du docteur Lockwood et cela me permettra de savoir exactement quel est le traitement qu’il vous a prescrit.

Je me lève pour me diriger vers le meuble qui contient le document voulu, m’échappant, quelque part, de la présence beaucoup trop subjuguante de la maire du village – et je me traite de plus belle de nigaud fini. Feuilletant les dossiers classés par ordre alphabétique, je finis par tomber sur celui correspondant à Winnifred et je m’assois de nouveau en face d’elle, évitant son regard en essayant d’être le plus discret possible. Lisant rapidement l’écriture en patte de mouche de mon prédécesseur, je prends connaissance de la situation, et notamment des analgésiques prescrits. Diantre, ses douleurs doivent être vraiment horribles, étant donné la puissance des médicaments requis.

- Je vous laisse vous installer sur la table d’auscultation pour que je puisse jeter un œil à ces cicatrices, madame le maire, dis-je en désignant le meuble séparé par le petit rideau blanchâtre. Je ne vous promets rien, bien sûr, mais je ne pourrais de toute façon renouveler votre ordonnance qu’en ayant constaté moi-même ce que je lis ici, j’espère que vous comprendrez, il en va de ma conscience professionnelle. »

Quant à moi, laissant l’îlienne se préparer, je me dirige vers le placard de matériel médical pour saisir des gants jetables, tout en me répétant qu’il s’agit d’une patiente comme une autre, que je dois rester professionnel et arrêter mes sottises. Des cicatrices, j’en ai vu des milliers – et celles-ci ont beau consteller le corps de Winnifred Carberry, elles ne sont pas différentes de toutes celles que j’ai pu traiter tout au long de ma carrière.

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Winnifred Carberry
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Mer 6 Mai - 22:39

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elle l’observe, ses yeux pétillants d’amusement fixés sur lui, assise bien droite dans la chaise inconfortable qui lui a été offerte, sans se départir de son sourire. le plus important, c’est de montrer que rien ni personne ne peut te mettre mal à l’aise. personne ne doit savoir que quoi que ce soit t’affecte. maquille tes cernes, ajuste ta coiffure, essuie tes larmes, et camoufle ta douleur derrière le plus solaire des sourires. et c’est ce qu’elle fait, pour s’assurer de toujours régner sur ceux qui l’entoure. elle suit le docteur fox lorsqu’il va fouiller dans le meuble qui contient les divers documents, et notamment le dossier de la carberry, qu’il s’empresse de sortir pour le feuilleter. quelque part, elle craint un instant qu’il n’en apprenne trop, et puis elle se rappelle qu’en faisant comme si ça ne la dérangeait pas, c’est néanmoins elle qui garde la mainmise sur la situation, droite et fière comme une louve. il tente, pas très discrètement, d’éviter le regard de winnifred et elle le laisse faire, ravie de voir qu’elle lui fait de l’effet. bon, pas que ce soit particulièrement surprenant. elle fait de l’effet à tout le monde. ce serait mentir que de dire qu’elle est arrivée à son poste simplement grâce à ses compétences indéniables. pour une femme, il y a des obstacles supplémentaires dans le monde, mais aussi des moyens supplémentaires de les surmonter, et elle n’a jamais rechigné à les utiliser, particulièrement après la mort de duncan. il lui indique d’aller s’installer et elle se lève nonchalamment, appuyant ses mains sur le bureau, faisant fi de la douleur sourde qui s’est de nouveau insinuée sous sa peau, dans des proportions bien moindres que la nuit, cependant. sans qu’elle ne s’explique trop pourquoi, c’est toujours pire la nuit. peut être parce qu’elle n’a pas toujours de quoi se distraire, et même lorsqu’elle est en charmante compagnie, les étreintes que de tels bras peuvent lui procurer ne sont pas toujours suffisantes, ou plutôt, étant elles aussi basées sur les sensations de la chair, elle sont une distraction moins efficace. toujours est-il que la nuit, c’est pire, en général. avant d’obéir et d’aller se cacher derrière l’horrible rideau qui sépare la pièce en deux, elle penche néanmoins un peu la tête. « docteur, il me semble vous avoir dit de m’appeler winnifred, » susurre-t-elle d’une voix chaude, « j’espère que ça ne vous met pas mal à l’aise ? » la réponse à cette question est sans grande importance. lorsqu’elle veut quelque chose, elle l’obtient, à un moment où un autre. la remarque est plus une manière de le taquiner.

elle remarque néanmoins dans ce qu’il a dit une éthique professionnelle indéniable. où d’autres auraient simplement renouvelé l’ordonnance, il accepte de l’ausculter, et ça tombe bien, elle compte sur ça pour remuer le couteau dans la plaie et, avec un peu de chance, augmenter le trouble de l’américain. et puis, ce côté droit dans ses bottes, finalement, c’est assez séduisant. elle se dirige donc vers l’espèce de banquette, se retournant d’un mouvement gracieux vers lui, un sourire sur le visage, empreint d’une timidité feinte. « alors… je me déshabille, c’est ça ? » une fois derrière l’écran de pudeur, sans attendre sa réponse, elle défait la fermeture de sa robe, se contorsionnant légèrement, hésitant à lui demander de le faire pour elle mais décidant finalement que ce serait un peu trop. elle retire donc la robe qu’elle accroche à une sorte de portemanteau fixé au mur, gardant néanmoins ses bas et ses chaussures, alors qu’elle s’appuie nonchalamment à la banquette en attendant qu’il la rejoigne. un effluve de son propre parfum lui parvient et elle se félicite de s’être apprêtée ainsi. remettant en place une mèche de cheveux d’un geste distrait, elle se tourne vers l’endroit d’où il doit arriver, les genoux légèrement serrés et fléchis, une main appuyée sur la banquette, le buste légèrement courbé dans une position digne mais subtilement alanguie. « je ne sais pas si c’est important, » dit-elle d’un ton détaché, « mais les douleurs sont bien pires la nuit, j’en perds le sommeil. la journée, j’arrive à passer outre, en général, même si je dois vous avouer que je n’ai pas fait renouveler mon ordonnance depuis un moment. » elle fait un sourire malicieux, comme une petite fille prise en faute. « je n’aime pas m’abrutir de médicaments, » prononce-t-elle en fixant le médecin. « vous comprenez, j’en suis sûre. » elle se redresse légèrement, dévoilant une part un peu plus grande de son corps, et penche un peu la tête sur le côté. « ah, comme j’en ai aussi quelques unes sur la cuisse, peut être vaudrait il mieux… » elle se laisse aller en avant, et d’une main experte roule le haut du bas pour le descendre, révélant un peu plus de peau nue. « voilà. vous y verrez plus clair. Je m'en remets à vous, peut être arriverez vous à trouver quelque chose que votre prédécesseur a manqué. » elle lui décoche un nouveau sourire pétillant de malice et d’amusement. finalement, jouer avec lui ainsi la distrait parfaitement bien, elle en oublierait presque la douleur qui rampe sous sa peau, se faisant peu à peu de plus en plus sentir.
 
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Jeu 7 Mai - 1:45

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Alors que je me prépare pour l’examen à venir, je me demande ce qui peut bien clocher, chez moi. Est-ce l’âge qui me fait agir ainsi, serais-je devenu l’un de ces vieillards libidineux incapables de se contenir, dès lors qu’une femme à leur goût s’approche d’eux ? L’idée me fait frissonner. J’ai toujours méprisé les hommes qui se cachent derrière de soi-disant pulsions irrépressibles pour traiter les femmes comme des bouts de viande dont ils devraient décider de la cuisson : notamment dans ce contexte professionnel, où la relation médecin-patient est primordiale, je ne devrais avoir des pensées déplacées à l’encore de la maire de Selkirk. Et pourtant, peu importe mes essais désespérés pour gommer les étranges mirements qui naissent à l’intérieur de mon crâne lorsque je me surprends à admirer la noblesse de son port de tête ou les traits fins de son visage, je ne peux les réprimer totalement. J’ai l’impression d’être sous l’effet d’un sort, quelque part – et plus j’essaie de m’en sortir, plus je m’enfonce, sables mouvants tortueux qui m’attirent dans des eaux troubles. La voix de Winnifred me parvient, derrière mon dos, alors que je prends beaucoup trop de temps pour attraper des gants stériles, homme perturbé, homme confus, homme luttant contre ce qu’il ressent sans qu’il ne parvienne à le comprendre. L’inconnu fait peur : et je ne suis pas de ceux qui sont à l’aise avec les charmes de la gente féminine, il faut bien l’avouer. Je ne suis pas pudibond, mais c’était Matthew, le tombeur de ces dames, certainement pas moi, et je peux compter mes relations sur les doigts de ma main.

« - Oh oui, c’est vrai, veuillez m’excuser, je… c’est une erreur de ma part, je ne suis pas habitué à… Le sourire qu’elle m’adresse ne fait qu’augmenter mon trouble. Je me souviens de mes innombrables lectures d’encyclopédies diverses, quand j’étais plus jeune, et notamment des nombreux chapitres sur les insectes : la mante religieuse coupe la tête de son partenaire après l’accouplement, et j’ai l’impression que, si je me laisse aller au charme envoûtant de l’îlienne, un sort bien pire encore me sera réservé. C’est bête, bien entendu, et cette angoisse sourde n’est que l’expression de l’anxiété qui noue mon ventre, mais je sens mon rythme cardiaque s’accélérer à l’intérieur de ma poitrine sans que je ne puisse rien faire pour l’en empêcher. Encore et encore, je me maudis intérieurement. Je ne suis pas mal à l’aise, non… tout va bien.

Un autre raclement de gorge, j’enfile mes gants, me tourne vers le rideau et me place aux côtés de ma patiente, bien décidé à garder cette auscultation purement professionnelle. Non, mes yeux ne vont pas s’attarder sur ses courbes ou sa lingerie qui met en valeur la pureté de sa peau d’albâtre, et sa silhouette galbée. Je suis médecin, je vois chaque jour des personnes dans leur plus simple apparat, et c’est mon travail que de les soigner, peu importe leur apparence. Donc, non, je ne vais pas regarder la splendeur de sa nuque qui rejoint parfaitement l’arrondi de son épaule, je ne vais pas admirer sa taille fine et sa poitrine cintrée dans un soutien-gorge à la dentelle noble. Je me concentre sur ses mots, sur son mal et ses cicatrices. Je range dans un compartiment, loin, bien loin dans mon esprit, toutes les inconvenances et pensées inopportunes pour me concentrer sur ce qui compte vraiment : et je m’en veux que de devoir recourir à un tel détachement, me fustige de n’être qu’une créature de chair et d’os quand Winnifred mérite d’avoir, en face d’elle, un médecin compétent sans pensées libidineuses.

- Ce n’est pas si étonnant, en effet. Le cerveau a une formidable capacité de compartimentalisation, et sans doute qu’il est occupé, dans la journée, à s’occuper d’autre chose que de la douleur. Il peut aussi masquer l’odeur subtile qui se dégage du cou de Winnifred, la vision de l’arrondi de sa bouche, celle de ses longs doigts fins, n’est-ce pas, Docteur Fox ? Et il vaut mieux, dans tous les cas, éviter la médication quand c’est possible. Les effets secondaires peuvent être dévastateurs, notamment lorsqu’ils sont aussi puissants que les vôtres. Mais je me doute que vous avez déjà eu cette conversation avec le docteur Lockwood – vous ne devez pas hésiter à prendre votre traitement si la douleur se fait trop insupportable.

Bien sûr que je comprends l’envie d’envoyer valser les traitements et, par moment, d’en prendre tellement que l’on est sûr de ne plus jamais se réveiller – lorsque je prends mes anti-dépresseurs, que je regarde les petites pilules blanches qui me rappellent à chaque fois que je les avale à quel point je suis brisé, je me perds dans mes pensées les plus obscures. Je ne vais certainement pas lui révéler cette partie beaucoup trop intime de ma vie privée, cependant. Je suis le médecin, elle, la patiente : et il serait malvenu de ma part de parler de mes propres soucis lorsque je suis censé la soigner.

- Asseyez-vous, s’il vous plait, dis-je en saisissant un petit tabouret à roulette, près de la table d’auscultation. Je m’approche de son côté gauche, puisqu’il semblerait que la majorité de son tissu cicatriciel se trouve sur ce flanc, et avant de poser ma main sur sa peau, je demande d’une voix neutre. Puis-je ?

Mes doigts gantés effleurent son épiderme, palpant délicatement la peau fine, essayant de sentir une grosseur ou quoi que ce soit d’anormal. Je ne suis pas spécialiste dans le domaine, mais il est vrai que le soin post-opératoire, en particulier dans ma spécialité, la traumatologie, est particulièrement important – et j’ai vu tant de soldats, après la guerre, souffrir chroniquement à cause de mauvais soins prodigués dans le feu du combat et mal suivis une fois la bataille finie, que je me suis intéressé à leur prise en charge.

- Dites-moi si un endroit en particulier vous fait plus souffrir que d’autres, mada… Winnifred, je me reprends sans pouvoir m’empêcher de rougir. Je suis là, à la toucher d’une manière qu’on pourrait qualifier d’intime si le contexte n’était pas si rigoureusement innocent, et pourtant, mon éducation rigide me pousse à vouloir l’appeler par tout, sauf son prénom. Votre accident est survenu il y a combien de temps, environ ? C’est le docteur Lockwood qui s’est occupé de l’intégralité de vos soins ? »

Je me doute qu’elle a dû être emmenée en urgence sur le continent pour se faire opérer dans un bloc opératoire bien plus équipé que ce simple dispensaire, mais je n’en ai vu nulle trace dans son dossier, que j'ai étudié sommairement. Je préfère donc directement lui poser la question afin de pouvoir la conseiller de la meilleure manière possible, bien que je sache que je ne pourrais, de toute façon, pas faire grand-chose pour elle. Ses cicatrices sont régulières, belles, même, si j’osais employer un tel langage. Je ne vois aucune lésion qui aurait guérie incorrectement ou quoi que ce soit de cet acabit : je me doute donc que sa douleur n’est pas physique, à proprement parler – oh, elle est réelle, aussi réelle que si l’on brûlait la chair à vif ou qu’on y plantait la pointe d’un couteau. Mais elle est bien plus sournoise et insidieuse, aussi. Serpent que ce mal qui ondule sous la peau pour la glacer : j'aimerai pouvoir lui apporter une solution miracle, mais je n'en ai pas à ma disposition, malheureusement. Au moins, les analgésiques permettront de calmer ses symptômes, bien qu'ils ne la guériront pas.

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Winnifred Carberry
Winnifred Carberry
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statut marital : veuve

puissent les dieux prendre en pitié l'homme insensible qui demeure sain d'esprit, confronté à l'abominable vérité.

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Jeu 7 Mai - 17:59

date du rp ≈ 24 novembre 1981
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elle s’amuse comme une petite folle à le voir ainsi lutter pour faire semblant de rien, alors qu’il la voit ainsi vêtue, ou plutôt dévêtue. elle sait pertinemment l’effet qu’elle a sur les hommes, pour ne citer qu’eux, lorsqu’elle le souhaite. et là, elle le souhaite tout particulièrement, non seulement parce qu’il y a des secrets qui doivent rester cachés et qui ne pourront l’être qu’avec la collaboration du docteur, ou du moins même si ce n’est pas nécessaire, elle doit s’assurer de pouvoir l’obtenir si besoin est. et puis, à vrai dire, elle se doute bien que le docteur fox est quelqu’un de droit, sûrement un peu vieux jeu, et c’est donc d’autant plus drôle de le torturer gentiment. elle se contente de hocher la tête lorsqu’il explique pourquoi les douleurs sont plus supportables la journée. bien sûr, c’est ce qu’elle avait supposé. « bien sûr, timothy sait de toute façon que je ne suis pas du genre à prendre quoi que ce soit si je peux l’éviter, » dit-elle simplement, « mais quand je n’ai pas le choix, alors… » elle ne termine pas sa phrase, se contentant d’un haussement d’épaules, la fin en étant évidente selon elle. « je ne suis pas si masochiste, » dit-elle sur le ton de la plaisanterie. elle obéit lorsqu’il lui demande se s’asseoir, montant sur la banquette et balançant légèrement ses pieds toujours chaussés de ses escarpins. il demande son autorisation et elle se tourne légèrement vers lui avec un sourire. « je vous en prie. »  elle a un peu envie de s’amuser à nouveau à l troubler, alors elle laisse échapper un petit soupir lorsqu’il pose ses mains sur elle, l’air de rien, juste comme ça, pour jouer un peu avec ses nerfs. à vrai dire, la délicatesse avec laquelle il procède la touche, ça a beau n’être qu’un geste clinique, il s’y prend avec douceur. elle tourne la tête vers lui pour le regarder faire, posant sa joue sur son épaule dans une pose enfantine, une légère moue sur le visage alors qu’elle suit des yeux chacun de ses mouvements. « hm », répond-elle simplement lorsqu’il lui demande de lui indiquer les points plus douloureux.

à vrai dire, la douleur n’est pas vraiment localisée à un point spécifique, et elle ne semble pas augmenter sous la pression ; sans quoi elle ne pourrait bien sûr pas masser avec cette fameuse pommade anesthésiante lorsqu’elle se fait trop intense. il continue de palper et elle lève vers les lui ses yeux bleus avec un regard innocent, chose rare chez elle. « ça ne me fait pas plus mal quand vous appuyez, » dit-elle doucement, « ça ne change rien, en fait, » précise-t-elle. « pour ce qui est de l’accident… c’était il y a vingt-quatre ans et six mois... environ, » précise-t-elle comme si elle ne savait pas exactement la date, comme si elle n’avait pas compté les jours. elle ferme les yeux lentement, n’aimant pas se remémorer cet épisode. « à vrai dire, c’est le docteur lockwood senior qui s’est occupé de moi, avec l’aide de timothy. » il n’était pas question de la transporter ailleurs que sur l’île, son père s’en était assuré, et dès qu’elle avait repris conscience, lorsqu’on lui avait demandé si elle voulait qu’on l’emmène sur la côte, dans un hôpital, elle avait hurlé, pleuré, s’était débattue, et finalement l’idée avait été abandonnée, d’autant que les soins avaient été apparemment suffisants. bien sûr, le fait que les douleurs subsistent encore plus de vingt ans après tendraient à prouver qu’elle n’a pas totalement guéri, mais elle soupçonne l’existence de ce mal de venir d’autre chose que son corps lui même. bien sûr, jamais ne s’aventurerait-elle à le dire au docteur fox, mais elle a la quasi-certitude qu’il s’agit d’un malédiction lancée par le même dieu auquel elle adresse ses psalmodiements fiévreux. cette idée ne fait qu’augmenter sa foi en Lui, la terreur qui traverse son âme lorsqu’elle l’imagine. retrouvant ses esprits, elle sort de ses pensées et fixe à nouveau son regard bleu acier sur l’américain. « alors ? vous trouvez quelque chose d’anormal ? » demande-t-elle, bien qu’elle connaisse déjà la réponse. il n’y a rien. le poison qui la tourmente est tout autre. elle l’observe sans se cacher, ses yeux accrochant les quelques tâches de son qui parsèment son visage fatigué, sa barbe qui lui sied plutôt bien, ses prunelles brunes, son nez qui dévie légèrement. oui, vraiment, il pourrait être bel homme, s’il dormait plus. il en a la stature, la taille, le port de tête. elle ne peut s’empêcher de s’interroger. qu’est-ce qui l’empêche de dormir la nuit ? qu’a-t-il vu qui lui fait craindre le sommeil ? que fuit-il ainsi pour venir s’échouer sur un pauvre caillou comme selkirk ? elle détourne le regard, sa chevelure accompagnant son mouvement de tête, et courbe légèrement la nuque pour regarder ses mains qui sont posées sur ses cuisses. si elle arrive à le mettre dans sa poche, qui sait, peut être qu’elle pourra satisfaire sa curiosité. en attendant, elle se contente simplement de tourner de nouveau ses prunelles pour les planter dans celles de jonathan fox.
 
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Jonathan Fox
Jonathan Fox
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statut marital : éternel célibataire, vieux garçon qui pense qu'il est trop vieux pour toutes ces conneries

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métier : ses mains guérissent, sa tête soigne ; et il essaye de vaincre la mort comme un matador dans une arène (médecin)
carcasse : mortel
damnation : Trouble de stress post-traumatique, cette maladie dont la guerre est la cause, le traumatisme inhérent et implacable, le mal-être déclenché par le plus petit des sons et la plus vive des lumières

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Dim 10 Mai - 1:49

date du rp ≈ 24 novembre 1981
lieu du rp ≈ le dispensaire


You're not a drop in the ocean

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Lorsqu’on devient chirurgien, on apprend à oublier la personne pour se concentrer sur le corps - le patient qui se trouve sur la table d’opération ne devient qu’un mannequin de chair à la mécanique précise, qu’il nous faut réparer selon des protocoles complexes. Le quidam étalé devant nous, à la peau tailladée par l’acier chirurgical et aux entrailles exposées à n’importe qui pénétrera à l’intérieur du bloc, ne peut avoir d’âme, de personnalité, une façon particulière de rire ou des rêves qu’il n’a pas encore accompli : ce serait une responsabilité bien trop lourde pour la personne qui tient le scalpel s’il venait à échouer sa réparation. Le patient ne redevient un individu que lorsqu’on quitte l’espace stérile et qu’on se rend dans l’espace réservé aux familles, pour annoncer le résultat de l’opération – quand l’on ne tient plus la vie ou la mort entre ses doigts. Il retrouve son visage et son identité, comme un fantôme qui aurait soudainement retrouvé le chemin de son cadavre.
J’ai toujours réussi à faire la part des choses, faire cette distinction entre la personne à qui on a discuté de son traitement juste avant l’anesthésie, avec qui l’on a peut-être plaisanté ou discuté de sa vie de famille, et le corps froid et vide qui est allongé et s’apprête à subir les assauts du scalpel. La plupart des jeunes chirurgiens mettent du temps à atteindre ce que certains qualifient d’indifférence, quand il s’agit, en réalité, d’un instinct de survie inhérent à ce métier : ce n’était pas mon cas. Je ne sais pas si c’est parce que je manque d’empathie ou quoi que ce soit de cet acabit, en fait, je ne me suis jamais vraiment posé la question avant de changer de voie pour prendre la place de médecin généraliste de Selkirk – cette facilité à se détacher avait toujours été une qualité dans mon travail à Pittsburgh, mais j’ai l’impression qu’aujourd’hui, cette capacité s’est changée en défaut. Je peine à retenir mes soupirs lorsque les vieilles mégères viennent toquer à la porte du cabinet pour un oui ou pour un non ; je me lamente lorsque mes seuls cas de la journée sont des mauvais rhumes ou de simples entorses. Pourtant, j’ai conscience que les maux de ces personnes ne sont pas moins importants que ceux des patients que je traitais à l’UPMC Presbyterian, bien qu’ils soient évidemment moins urgents. Chaque personne que je vois défiler dans le cabinet a une histoire, un passé, un vécu qui l’a emmené à se présenter dans mon bureau, et je ne dois pas l’oublier pour pouvoir l’aider au mieux.

Néanmoins, lorsque je vois cette femme admirable devant moi, au pouvoir évident, à la posture altière, à l’aura éminente, et que je l’imagine crier à la mort alors qu’elle voit la mort l’accueillir à bras ouvert, perdue au milieu de l’océan, le corps déchiré, je me dis que je ne suis pas aussi désensibilisé qu’on pourrait le penser. Je me mets à la place du docteur Lockwood, un de ces amis proches j’en ai l’impression, et je ressens le terrible effroi qui a dû le saisir lorsqu’il a dû se battre pour la garder en vie : aurais-je été capable de faire la même chose, si nos rôles étaient inversés ? Je n’en suis pas certain. Elle est spéciale, Winnifred Carberry. Je ne saurai l’expliquer, ou mettre les mots sur mon ressenti, mais derrière ses yeux enchanteurs et ses allures séductrices, il y a comme une tristesse touchante. Tu dérailles, mon pauvre John, me dit pourtant la petite voix dans ma tête. Tu essaies de trouver des excuses à ces élucubrations libidineuses que tu ne devrais certainement pas penser à propos d’un patient.

« - Je me doute que cela a dû être un épisode particulièrement traumatisant, je laisse échapper d’une voix douce en continuant d’inspecter les cicatrices sur la peau tendre de la maire de Selkirk. Je n’ai pas vu de telles marques depuis la fin de la guerre.

Il est rare que j’évoque ma participation au conflit vietnamo-américain, mais de voir Winnifred exposée devant moi, fragile, quelque part, alors que tout en elle exulte le pouvoir, me donne envie de partager sa peine. Je ne sais pas si une telle conversation n’est pas malvenue. Tant pis. J’espère simplement qu’elle ne me trouve pas cavalier, ou pire, indiscret.
Je finis par relâcher l’îlienne (à regret, si je dois être tout à fait honnête, bien que mes gestes ne se soient aucunement égarés) et me redresse, impuissant face à son mal. Mon prédécesseur avait raison : il n’y a rien à faire de particulier, concernant son cas. La médecine peut traiter ses symptômes, voilà tout.

- Rien d’anormal, non… J’ai bien peur ne rien pouvoir faire d’autre que renouveler votre ordonnance, effectivement, Winnifred, je suis désolé. Peut-être que je pourrais vous donner l’adresse d’un kinésithérapeute sur le continent, il y a certaines nouvelles techniques qui font des miracles et aident vraiment à faire face à la douleur, mais… Que dire, que faire de plus ? Je me targue d’être ce médecin infaillible, et pourtant, voilà que je ne peux rien faire pour venir en aide à cette personne qui n’a fait que me tendre la main, depuis mon arrivée sur l’île. Enfin, ça pourrait vous soulager un peu. Vous pouvez vous rhabiller, je vais écrire votre prescription. »

Je me sens soudain bien bête, comme un enfant qui aurait voulu jouer à l’adulte, et qui s’est vu confronté à ses propres limitations. J’aurai aimé pouvoir aider Winnifred, et pour être tout à fait franc, ce n’était pas seulement par conscience professionnelle : ça aurait prouvé que je mérite ses regards, ses attentions. La petite voix au fond de moi ricane ironiquement. Tu vois, je te l’avais dis.  

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Jeu 14 Mai - 0:53

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elle obtient des éléments de réponse plus tôt et plus facilement qu’elle ne se l’imaginait. la guerre, hein. évidemment. elle aurait dû y penser. elle se souvient vaguement qu’il a passé du temps comme médecin militaire, qu’elle l’ait lu ou bien qu’on lui ait soufflé en confidence, mais elle ne l’avait pas retenu. d’ailleurs, à le voir, elle n’y a pas repensé. il n’a pas l’allure martiale, ou plutôt si, mais elle ne l’a pas un seul instant imaginé à se traîner auprès de soldats aux membres transpercés de balles, arrachés par des bombes artisanales ou quoi que ce soit d’autre que les hommes aient pu inventer pour s’entretuer. la guerre, donc. bien sûr. quelque part, elle ne peut s’empêcher d’être touchée, son regard sur lui s’adoucit légèrement. elle s’égare à vouloir se confier un peu plus, et c’est sans réfléchir, dans un souffle qu’elle avoue « je ne me souviens pas vraiment. c’est une nuit que mon cerveau, je crois, s’est empressé d’oublier. » ses yeux restent posés sur le visage du médecin, mais son regard est un peu plus vague, et puis elle bat rapidement des cils, comme si elle reprenait contact avec la réalité. elle n’aime pas repenser à cela, veut éviter à tout prix de s’égarer dans ces souvenirs là. « vous avez dû voir des choses terribles, » dit-elle simplement, pour lui signifier qu’elle a écouté, qu’elle a entendu, que ce n’est pas tombé dans l’oreille d’une sourde, mais ce n’est pas vraiment une question. elle s’attirera plus facilement ses faveurs en le laissant venir à elle à son propre rythme. quelque part, elle regrette cette mission qu’elle a. peut être qu’en d’autres lieux, en d’autres temps, elle aurait pu se permettre d’apprendre à le connaître vraiment. il retire ses mains et elle reste là, assise sur la banquette. elle remonte le bas qu’elle avait roulé, et relève la tête vers lui, levant les yeux dans une position volontairement vulnérable.

elle hausse les épaules avec un sourire comme pour lui dire qu’elle s’attendait à cette réponse. à vrai dire, elle sait bien qu’il n’y a rien à faire. cette auscultation était plus un prétexte pour le troubler que quoi que ce soit d’autre. il ne faut pas qu’elle oublie pourquoi elle est là. éviter qu’il fouine, qu’il mette son nez là où il ne devrait pas, et que s’il le fasse, il soit assez sous son emprise pour ne pas chercher plus loin et boire sans se poser plus de question les mensonges qu’elle tissera avec minutie. néanmoins, elle ne peut retenir un froncement de sourcils lorsqu’il évoque l’idée de quitter selkirk. « je ne vais jamais sur le continent. c’est hors de question que je quitte l’île. » dit-elle d’un ton un peu plus froid qu’elle n’aurait voulu. même en oubliant sa condition de créature l’enchaînant à ce caillou, elle se sait incapable de reprendre la mer. elle reste un instant légèrement abasourdie face à sa propre réaction, et puis retrouve son sourire solaire, comme si de rien n’était. « pour ce qui est de trouver quelque chose d’anormal… pour être franche, je m’en doutais un peu. mais je me suis dit que ça ne coûtait rien de tenter le coup. je me suis laissé entendre dire que vous étiez plus que compétent, alors… Si même vous, vous ne trouvez rien, c’est qu’il n’y a rien à trouver, » susurre-t-elle, retrouvant son ton de velours, doux comme un ronronnement.

elle se lève, ses talons hauts claquant sur le sol, et remet sa robe, laissant néanmoins la fermeture ouverte. elle contourne le rideau, se rapprochant de lui, et lui fait un sourire faussement gêné. « docteur… pourriez vous m’aider avec ma robe ? » demande-t-elle d’un ton qui imite parfaitement l’innocence. « je n’ai pas vraiment réfléchi en m’habillant, et cette robe est plus facile à retirer qu’à remettre… » elle a un petit sourire. bien sûr, qu’elle a réfléchi en s’habillant. bien sûr, qu’elle peut remonter la fermeture elle même. mais ça serait beaucoup moins drôle, n’est-ce pas ? elle courbe légèrement la nuque, une main retenant délicatement sa chevelure mi-longue pour qu’elle ne se coince pas dans le zip. pendant qu’il l’aide, elle tourne très légèrement la tête vers lui, glissant un regard de côté vers l’arrière. « dites-moi, me feriez vous le plaisir de m’accompagner déjeuner, ce midi ? » demande-t-elle d’un ton chaleureux, avec une légère pointe de séduction, dosée à la perfection. « vous me raconterez votre installation, les aventures de votre nièce… annie, c’est ça ? son intégration à l’école, toutes ces choses-là. je serais ravie de discuter avec vous davantage, je regrette de ne pas avoir eu l’occasion de vous le proposer plus tôt. » c’est l’avantage de sa position. sous couvert de se soucier du bien être de ses administrés, elle peut se permettre de mettre en mouvement des mécanismes qu’elle n’a ensuite plus qu’à laisser s’enclencher tous seuls. la méthode a fait ses preuves. il n’y a aucun risque, se dit-elle sereinement. tout va se passer selon son plan, comme c’est toujours le cas.
 
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Jonathan Fox
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Sam 16 Mai - 21:48

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☾ ⋆  ☾ ⋆ ☾ ☼ ☽ ⋆ ☽ ⋆ ☽

Des nuits que j’aimerai oublier, il y en a bien trop pour que je puisse les compter. Des nuits où les cris des soldats blessés couvraient à peine ceux des civils aux corps mutilés par des bombes, des nuits durant lesquelles des hommes que j’appelais la veille camarades aimaient à se vanter des jeunes filles qu’ils avaient violés dans les ruines d’un village décimé, des nuits de souffre et de sang, des nuits de larmes et de haine, des nuits où le monde semblait si terrible qu’il ressemblait davantage aux descriptions de l’Enfer qu’on raconte pour faire peur aux enfants, plutôt qu’à la réalité que je devais affronter chaque jour. J’ai essayé de toutes mes forces de faire abstraction des horreurs que j’ai vécu, mais je n’y suis jamais arrivé : et les souvenirs me hantent sans que je parvienne à les effacer de ma mémoire. Je souris en écoutant Winnifred, qui a dû vivre des heures bien sombres, elle aussi, lorsque cet accident l’a frappé de plein fouet, bouleversant son petit monde bien rangé. Elle a de la chance de pouvoir oublier – j’en suis jaloux, quelque part. A moins bien sûr que ces mots ne soient que des paroles de convenance pour ne pas avoir à parler outre mesure d’un événement particulièrement traumatisant, ce que je comprendrais parfaitement. Elle ne me presse pas, elle-même, quant à la révélation que je viens de lui souffler à demi-mot, et j’en suis reconnaissant : ce qui me fait le plus peur, peut-être, c’est que j’ai envie de lui en parler. J’ai envie d’en savoir plus sur elle, autant qu’elle en sache plus sur moi, mais je sais que ce serait bien inconvenant de ma part d’étaler mes problèmes devant elle, ou de la presser sur son passé. Je me tais donc, me demandant simplement pourquoi j’ai envie de lui faire confiance à ce point. Ce n’est pas mon genre. Je relègue mon questionnement dans un coin de mon esprit, me disant que j’y reviendrais plus tard, probablement en plein milieu de la nuit, lorsque les cauchemars me tiendront éveillés et que je regarderai la Lune, par la fenêtre, en me posant mille et une questions toutes plus métaphysiques les unes que les autres – je me contente donc d’hausser les épaules.

« - Pas plus qu’un autre, je suppose, dis-je d’un ton badin, comme si je ne parlais pas d’une guerre qui a causé presque un million et demi de morts, dont une bonne moitié de civils. La conversation s’enchaîne, heureusement, et je ne peux m’empêcher de lever un sourcil lorsque je constate la véhémence de la maire de Selkirk, lorsque j’ose évoquer un possible voyage sur le continent. Oh, bien sûr, rien ne vous oblige… enfin, je voulais simplement vous aider, je comprends.

Cela doit être diablement difficile pour elle de remettre un pied sur un bateau, étant donné son accident : je n’irai pas en vacances au Vietnam moi-même. C’est une survivante, et je l’admire pour ça – elle si fière, si élégante, si assurée, alors que je ne suis que l’ombre de moi-même, depuis que j’ai vécu les heures les plus sombres de ma vie.

- Je suis réellement désolé. La médecine fait des progrès chaque jour, peut-être que dans quelques années… Je ne finis pas ma phrase. Je ne veux pas lui donner de l’espoir, alors que je n’ai aucune certitude. Enfin, on ne sait pas ce que l’avenir nous réserve.

Alors qu’elle se rhabille sans ajouter un mot, je griffonne sur mon carnet d’ordonnance, à mon bureau, les quelques analgésiques qui pourront l’aider à rendre la douleur un peu plus supportable, lors de ses crises. Je laisse traîner mon stylo sur le papier, toujours un peu songeur quant à notre conversation précédente, et je manque de sursauter lorsqu’elle m’adresse à nouveau la parole.

- Oh euh… oui, bien évidemment, dis-je en me relevant et en m’approchant timidement du rideau qui nous sépare. Voilà qu’elle tend son cou, l’arc de sa nuque semblable à ceux des statues antiques regardant dédaigneusement les pauvres humains en les accablant de leur beauté, son dos dénudé n’appelant que mes doigts. Je retiens mon souffle – si elle me regardait, probablement verrait-elle mes joues rosées et mon souffle saccadé se perdre dans mon embarras. Ces pensées licencieuses, que j’ai réussi à enterrer dans les tréfonds de mon esprit en me réfugiant derrière mon professionnalisme, reviennent dévaster la moindre idée cohérente que pouvait encore produire mon cerveau. Quel idiot. Tu peux faire des chirurgies de précision, et pourtant, tu n’es même pas capable de refermer une robe sans trembler de la tête au pied. Je finis par m’exécuter, maladroitement, j’en ai conscience. Perdu dans les nuées insondables de fantasmes irrésistibles, je n’entends que la fin de sa phrase. Elle me parle… D’Annie ? Oui, un terrain neutre, loin des sables mouvants que représentent sa sensualité et la cambrure de ses reins. Oh, oui, Annie euh… Elle va bien, elle me répète sans cesse qu’elle s’ennuie à l’école, mais c’était déjà le cas à Pittsburgh. Elle est avancée, pour son âge. Donc je suppose qu’elle s’intègre aussi bien qu’elle le peut.

Je comprends que j’ai raté une partie de la conversation lorsque Winnifred me regarde comme si elle attendait une autre réponse de ma part. Je fouille mon esprit, priant que mon audition rattrape mon attention. Peine perdue.

- Excusez-moi, j’étais ailleurs, vous disiez …? J’espère de tout cœur que je ne rougis pas trop, que je n’ai pas l’air trop idiot – bien que je sais, au fond de moi, que c’est forcément le cas. Lorsqu’elle répète enfin sa proposition, je me trouve consternant de stupidité et d’impolitesse. Oh, oui, oui, bien sûr, avec plaisir. J’ai encore quelques consultations ce matin mais nous pouvons nous retrouver vers… Je me dirige vers mon bureau pour poser mon doigt sur mon agenda. Midi et demi, si cela vous convient ? Je ne voudrais pas vous… retarder dans vos obligations, si ce n’est pas possible pour vous, je comprendrai parfaitement… »

Et je bafouille, encore et encore. Quand est-ce que je ne passerai pas pour le dernier des abrutis devant Winnifred Carberry, je me le demande : mais visiblement, ce jour n’est pas encore arrivé.

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Winnifred Carberry
Winnifred Carberry
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statut marital : veuve

puissent les dieux prendre en pitié l'homme insensible qui demeure sain d'esprit, confronté à l'abominable vérité.

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Dim 17 Mai - 14:38

date du rp ≈ 24 novembre 1981
lieu du rp ≈ le dispensaire

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elle ne revient pas vraiment sur sa réaction un peu plus violente qu’elle ne l’aurait voulu, hochant simplement la tête. « c’est moi qui suis désolée, » dit-elle avant de se taire, ne souhaitant pas épiloguer. elle hausse les épaules lorsqu’il évoque les progrès de la médecine. qui vivra verra, voilà tout, se dit-elle avant de sourire à l’américain. finalement, elle se rhabille et lui demande de l’aide. il semblerait que le bon docteur ait un peu du mal à prêter attention à la conversation, ce qui prouve que le stratagème de winnifred fonctionne à la perfection. finalement, elle a bien fait de lui demander de l’aide pour cette histoire de robe. il ferme le zip et ne saisit pas toute la phrase, lui racontant un peu comment les choses se passent pour Annie, alors qu’elle se retourne vers lui avec un sourire malicieux, un sourcil néanmoins levé pour lui faire comprendre que ce n’est pas la seule chose dont elle a parlé. le voir rougir comme ça, le sang qui lui monte aux joues injectant un peu de vie dans son visage, ça a quelque chose d’attendrissant. winnifred aime bien faire rougir les hommes, surtout ceux qui ne sont pas habitués à être l’objet de l’attention d’une femme comme ça  l’air d’être le cas du docteur. ou alors, s’il a l’habitude, ça ne l’aide pas beaucoup, vue sa réaction. il admet finalement ne pas avoir écouté, et elle ne peut s’empêcher de le taquiner, un grand sourire sur le visage. « je vous ennuie docteur ? » elle lui laisse le temps de comprendre qu’elle plaisante et laisse échapper un rire chaud avant de se répéter. « vous, moi, déjeuner ? » il bafouille un peu avec embarras et la maire doit se retenir pour ne pas rire à nouveau. midi et demie. elle parcourt mentalement son agenda, et hoche la tête. « ça ira, ne vous en faites pas, docteur. » elle plisse un peu les yeux, comme une sorte de renarde maligne qui s’amuse de son propre tour. elle se rapproche du bureau, altière, désignant d’un doigt le carnet posé sur le meuble. « c’est mon ordonnance, c’est ça ? » elle remet son manteau, ses gants, récupère son sac et tend la main pour recevoir le bout de papier. « alors, à tout à l’heure, docteur. et merci encore, » articule-t-elle à travers son sourire plus solaire encore qu’un peu plus tôt. elle sort d’une démarche élégante saluant une dernière fois le docteur depuis le pas de la porte, avant de payer et récupérer ses médicaments auprès de la secrétaire.

Le reste de la matinée se passe sans événement marquant, et winnifred fait surtout acte de présence, réfléchissant à d’autres moyens de s’assurer la loyauté pleine et entière du docteur. quelques états d’âmes vite balayés lui font penser qu’il doit certainement avoir vu des horreurs, et qu’il serait bon de faire preuve de douceur, voire de le laisser tranquille. mais plus que la mission qu’elle doit accomplir pour s’assurer que les secrets de l’île restent des secrets, c’est une sorte de curiosité, une envie d’en savoir plus qui la pousse aussi à se rapprocher du docteur. et puis, il vient de loin. elle qui n’a jamais quitté cette île, ne peut s’empêcher de s’interroger sur ce qu’il a vu, ou même simplement sur comment sont les choses de l’autre côté de l’étang, sur ce qu’il a vécu, comment en est il venu à s’occuper de sa nièce ? elle s’imagine des péripéties tragiques, car quoi d’autre aurait pu pousser un brillant médecin comme lui à s’exiler à selkirk ? et puis, son regard honnête lui donnerait presque envie de lui raconter des choses sur elle. elle décide d’ignorer ces pensées, et de se concentrer sur ce qu’on lui a demandé de faire. s’assurer qu’il ne fasse pas de vagues.

elle se dirige donc, vers midi vingt, vers le centre ville, pour se rendre au crags. arrivée dans le quartier central, elle se retrouve face à face avec son ennemie de toujours : la grande rue pavée. ses talons claquent sur les dalles alors qu’elle s’assure d’un pas élastique de ne jamais mettre un orteil sur aucune ligne. ce qui pour certains est un jeu d’enfant, pour elle est une question de vie ou de mort. si par malheur le bout de sa chaussure empiétait sur l’un de ces joints qui séparent les pavés, la misère s’abattrait immédiatement sur elle et sa fille, cela ne fait aucun doute. tenant d’une main le chapeau qu’elle a rajouté à sa panoplie de femme chic pour se protéger de la pluie fine qui a commencé à tomber peu avant midi, elle descend donc la rue, avant d’arriver quelques minutes après l’heure dite et très légèrement essoufflée devant le pub, où le médecin l’attend déjà. « ah, docteur, » s’écrie-t-elle d’un air jovial. « j’espère que vous ne m’attendez pas depuis trop longtemps ! » simple formule de politesse, mais cela fait partie des choses que winnifred applique sans faillir. toujours être courtoise avec tous, quelles que soient les circonstances. elle époussette les fines gouttelettes de l’épaule de john, et inspire profondément. « entrons nous ? » demande-t-elle toujours aussi guillerette, et sans attendre de réponse elle passe la porte du pub pour pénétrer dans la salle sombre mais chaleureuse ou le brouhaha familier résonne à ses oreilles. une fois au sec, elle retire son chapeau d’un geste délicat, lisse sa chevelure d’une main gantée, et fait signe au barman avant d’entraîner l’américain jusqu’à une table près d’une fenêtre. « allons, venez, » ordonne-t-elle gentiment. elle se débarrasse de son manteau qu’elle pose sur la chaise, ainsi que ses gants qui viennent se placer sur la table, côté fenêtre. une fois assise confortablement elle remonte un peu une manche et allume une cigarette qu’elle sort d’une petite boite argentée. « je suis ravie que vous ayez trouvé le temps de déjeuner avec moi. ça nous fait l’occasion de papoter un peu, n’est-ce pas ? » elle souligne sa phrase d’un clin d’œil malicieux, avant de souffler la fumée de cigarette tout doucement, les volutes s’élevant presque tout de suite à la sortie d’entre ses lèvres. « alors, dites-moi, comment se passe votre installation ? Annie s'ennnuie à l'école, mais vous? vous ne trouvez pas notre petite île trop assommante et dénuée d'attraits ? »
 
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Jonathan Fox
Jonathan Fox
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âge : 47 ans
statut marital : éternel célibataire, vieux garçon qui pense qu'il est trop vieux pour toutes ces conneries

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métier : ses mains guérissent, sa tête soigne ; et il essaye de vaincre la mort comme un matador dans une arène (médecin)
carcasse : mortel
damnation : Trouble de stress post-traumatique, cette maladie dont la guerre est la cause, le traumatisme inhérent et implacable, le mal-être déclenché par le plus petit des sons et la plus vive des lumières

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Mar 19 Mai - 21:30

date du rp ≈ 24 novembre 1981
lieu du rp ≈ le crags


You're not a drop in the ocean

Winnifred Carberry & Jonathan Fox ☆ I have spoke with the tongue of angels. I have held the hand of a devil. It was warm in the night, I was cold as a stone, but I still haven't found what I'm looking for
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383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgJe me presse sur les routes de Selkirk, rejoignant Kinross d’un pas alerte. Venant à peine de quitter mon dernier patient de la matinée, un vieux pêcheur souffrant d’une arthrose particulièrement douloureuse au niveau de son articulation interphalangienne distale, j’ai peur d’arriver en retard à mon déjeuner avec la maire du village : raison pour laquelle mes foulées se font de plus en plus rapide, ma cravate s’envolant par intermittence pour venir me fouetter le visage de manière plutôt ridicule, j’en ai conscience. Je ne comprends pas vraiment mon empressement. C’est idiot, il s’agit d’un simple repas amical proposé par une élue consciencieuse du bien-être d’un nouvel habitant de sa ville, pourtant, mon cœur bat à cent à l’heure dans ma poitrine, comme un adolescent emmouraché qui rejoindrait sa dulcinée. Serait-ce l’air marin qui me monte à la tête ? Ou bien ce que certains appellent la crise de la quarantaine ? Je n’en ai aucune idée, et je dois bien avouer que ce trouble m’effraie. Je suis venu m’installer à l’autre bout de la planète pour me retirer du monde, d’un quotidien trop compliqué à gérer pour mon esprit malade – m’engager sur la voie de la romance n’est vraiment pas une bonne idée dans mon état. De toute façon, c’est totalement stupide de ma part d’imaginer que quoi ce soit puisse se passer entre Winnifred et moi, elle est tellement… je pense que mon vocabulaire n’est pas assez développé pour que je puisse exprimer à quel point elle est trop bien pour un pauvre idiot comme moi. Et puis, je suis trop vieux pour envisager une quelconque relation, ce n’est pas raisonnable de ma part. Je pourrais continuer ainsi pendant des heures, à évoquer toutes les raisons pour lesquelles ce déjeuner n’est pas un rendez-vous, et qu’il ne débouchera sur rien d’autre que, je l’espère, une belle amitié avec la première personne qui m’a accueillie à bras ouvert sur l’île : alors, lorsqu’une tâche de couleur attire mon regard, dans la vitrine d’un des seuls commerces de Selkirk, j’essaie de me raisonner en me disant que j’achète ce bouquet par politesse, et certainement pas pour d’autres raisons bien plus saugrenues.

J’avais tort de me hâter puisque j’arrive avant Winnifred, et je me retrouve à attendre, les bras ballants, devant le Crags, ne sachant pas vraiment si je dois entrer et prendre une table en l’attendant, ou simplement prendre mon mal en patience tout en cachant ma nervosité. Quoi, je suis apte à réaliser certaines des chirurgies les plus complexes de la planète mais je suis incapable de manger un simple repas en charmante compagnie ? C’est insensé. Heureusement, la maire de Selkirk arrive pour me délivrer de mes tourments intérieurs, de cette angoisse qui hante mon cerveau dès l’instant où j’ai le temps de réfléchir.

« - Non, je viens à peine d’arriver, je réponds à sa question sans mentir. Un franc sourire s’étale sur mon visage, sans que je m’en rende réellement compte : cette expression faciale m’est pourtant, la plupart du temps, étrangère. Alors qu’elle me touche l’épaule pour ôter quelques gouttes de mon manteau (j’ai appris, au cours des quelques semaines qui se sont écoulées depuis mon arrivée en Ecosse, que la pluie était le temps habituel, et ce quelle que soit l’heure de la journée), je lui tends maladroitement mes fleurs. Tenez, j’ai pensé que… enfin, je voulais vous remercier comme il se doit de votre accueil à Selkirk.

Le bouquet que j’ai choisi est composé de fleurs bleues et blanches, des gardénias, des bleuets, des roses blanches, et quelques brins de lavande. J’ai tiqué lorsque j’ai vu le prix de l’arrangement floral, absolument indécent, mais je me doute que l’import de fleurs fraîches à bord du ferry doit coûter extrêmement cher au commerçant. Bien que d’autres bouquets étaient un peu plus abordables, puisque composés de plantes sauvages locales, je me devais de choisir celui-ci pour Winnifred : je trouve que la couleur bleue lui sied parfaitement. Ce sont ses yeux, probablement, qui me font penser ainsi – après tout, c’est la première chose que j’ai remarqué chez elle, la profondeur de son regard, la splendeur de ses iris semblables à l’azur qui nous entoure, à Selkirk, entre le ciel et la mer.

J’entre à sa suite à l’intérieur de l’auberge, elle salue la compagnie lorsque je me contente de la suivre timidement. Je me suis peu mêlé à la scène sociale de l’île, depuis que je suis arrivé, et je ne connais personne. Il est aisé de masquer le fait qu’on se mure dans sa solitude, en ville, mais dans un petit village comme Selkirk, le moindre de nos faits et gestes est épié, décortiqué. Je me demande ce qu’ils pensent de moi, les habitués, en me voyant arriver aux côtés d’une femme comme Winnifred – probablement que je détonne.
Nous nous asseyons à une table et elle ouvre la discussion, parfaitement à l’aise. Je suis assez reconnaissant du fait qu’elle dirige la conversation, pour être tout à fait honnête : il serait ridicule de prétendre que je suis doué dans les situations sociales.

- Avec plaisir, je dois vous avouer que vous êtes à peu près la seule adulte à qui j’ai adressé la parole depuis que je suis arrivé, sans compter mes patients, bien entendu. Je ne suis pas du genre à… Idiot, arrête de souligner tes inaptitudes ! Elle va te prendre pour un ermite, si tu lui racontes ta triste petite vie. Enfin, oui, j’ai été ravi de l’invitation. Mon installation s’est relativement bien passé, la maison nous convient parfaitement, bien que j’ai dû convaincre Annie qu’il n’y avait aucun fantôme qui venait la réveiller la nuit ! Pendant trois jours entiers, elle a refusé de dormir dans son lit parce qu’elle jurait avoir vu des spectres rôder près de ses fenêtres. Enfin, je suppose que de telles choses sont normales pour une enfant de son âge, un tel déménagement est un événement perturbant… Je me rends compte que je fais tout, sauf répondre à ses questions, en me focalisant sur ma nièce plutôt que sur mes propres états d’âme. Assommante n’est pas le mot que j’emploierai. Selkirk est calme, c’est vrai, mais ça me convient parfaitement. J’avais besoin d’une telle tranquillité, en fait, d’une sorte de… retour à la nature, je suppose. Et puis, mes ancêtres étaient écossais avant qu’ils n’émigrent aux Etats-Unis au XVIIIème siècle, donc je renoue avec mes racines, quelque part, j’ajoute en rigolant doucement, comme si ma généalogie avait un quelconque rapport avec mon emménagement à Selkirk. Vous avez toujours vécu ici, Winnifred ? J’imagine que vous avez dû au moins faire vos études sur le continent. »

Les mots me viennent facilement et coulent sur ma langue comme une mélopée que je connaîtrais par cœur. Je préfère discuter avec elle ainsi, plutôt que dans mon cabinet, je me sens moins pataud, plus sûr de moi, ce qui est incongru puisque c’est dans mon travail, d’habitude, que je me sens le plus à ma place. C’est parce qu’elle est habillée, crétin, me dit la petite voix dans ma tête. Tu es plus à l’aise parce que tu n’as pas besoin d’essayer d’occulter le fait qu’elle est en petite tenue à quelques centimètres de toi.

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Mar 19 Mai - 23:17

date du rp ≈  24 novembre 1981
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383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpglorsqu’elle le rejoint, sautillant de pavé en pavé en prenant bien garde à ne pas toucher les lignes, elle réalise qu’il tient à la main un bouquet de fleurs, qu’il lui tend après l’avoir rassurée sur la durée depuis laquelle il l’attend. elle se surprend elle même à être sincèrement touchée par le geste, et le gratifie d’un sourire encore plus large. « oh, docteur, » dit-elle en retirant sa main de son épaule, « il ne fallait pas, vraiment, c’est… » elle remarque surtout que le bouquet a été choisi avec attention, c’est assez évident, et il est même presque assorti à sa robe, à quelques tons près. « c’est adorable, vraiment, » dit-elle d’un ton sincère, presque déstabilisée, en rajoutant à peine pour se donner à elle même l’impression de rester dans les clous de sa mission. « merci beaucoup, ça me touche vraiment. » continue-t-elle, avant de proposer d’entrer, ce qu’ils font de ce pas. alors qu’ils s’avancent entre les tables, elle ne peut s’empêcher de penser. quand était-ce, la dernière fois qu’un homme lui a offert des fleurs avant d’être passé par son lit ? elle n’est pas vraiment sûre de s’en souvenir. ne laissant rien paraître elle guide néanmoins le médecin entre les tables avant de s’asseoir, posant délicatement le bouquet sur la table avant d’allumer sa cigarette. elle l’interroge et il se lance dans une tirade qu’elle écoute patiemment, fumant son tabac, posant même son menton dans sa paume l’espace d’un instant, alors que son embarras la fait sourire. il est clair que les îliens ne sont pas des plus bavards, en général, si on ne sait pas comment s’y prendre. une chance qu’elle sache comment. il suffit, comme souvent, de les caresser dans le sens du poil, de leur faire miroiter un peu de progrès mais pas trop, juste assez pour augmenter le confort dans lequel ils vivent. et ça tombe bien, parce qu’en fin de compte, winnifred, elle tient ses promesses. elle se rend bien compte que c’est tout à fait paradoxal. égorger des biches la nuit, œuvrer au bien être de la population le jour, c’est la vie qu’elle a choisi il y a bien vingt ans de ça, et dans laquelle elle se sait coincée sans porte de sortie. elle ne peut de toute façon pas partir de ce stupide caillou érodé par les vagues, alors elle fait aller comme elle peut, essayant de se mettre doucement en retrait quant à ses activités nocturnes. mais elle ne peut s’empêcher d’y retourner, d’y croire, de trembler avec ferveur tant elle sait que la vérité, c’est là qu’elle se trouve, bien au delà de tout ce que l’esprit humain peut imaginer. alors, quand john évoque des spectres, elle hausse un sourcil, sans toutefois relever sa phrase. après tout, tout est possible sur cet îlot isolé au milieu des flots noirs.

il finit par répondre à la question qu’elle a posée, et elle prend une bouffée de cigarette, les lèvres toujours relevées dans un sourire félin. « vous êtes donc de retour sur les terres de vos ancêtres, d’une certaine manière, en terrain connu, » le taquine-t-elle d’une voix douce, les paupières légèrement baissées et le regard fixé sur lui. c’est assez agréable de le voir rire, d’autant plus que c’est évident qu’il s’agit d’une expression rare sur ce visage qui semble plus habitué à prendre des airs sérieux voire moroses. elle ne peut s’empêcher de s’interroger : a-t-il toujours été comme ça, ou bien est-ce la guerre et les années qui ont suivi qui ont effacé les traits de son sourire ? il la tire de ses pensées en la questionnant et elle bat des cils le temps de reprendre contact avec la réalité. « oh, moi ? non, je ne suis jamais partie d’ici. ma seule tentative s’est soldée par un cuisant échec, » dit-elle, tentant de garder un visage serein et de ne pas laisser son expression s’assombrir. « c’est pas que j’aurais pas voulu. si j'avais pu, je serais partie faire des études supérieures, mais… quand on est né ici, c’est difficile d’en partir. » elle ne précise pas son propos, laissant à l’américain le soin d’interpréter ses paroles comme il le veut. « surtout dans mon cas. » quelque part, elle aurait envie de lui dire. elle aurait envie de lui en parler. c’est évident que cet homme là a souffert, qu’il pourrait comprendre. mais un voile de pudeur la retient encore et elle se tait donc, et remercie intérieurement le serveur qui leur amène des cartes à ce moment précis. elle lève d’ailleurs la main, l’interpellant. « oh, harris… vous seriez un amour si vous vouliez bien m’apporter de l’eau pour que ces fleurs ne dépérissent pas… » il hoche la tête en rougissant légèrement, et part donc chercher ladite eau. winnifred ouvre son menu d’un mouvement gracieux, et l’observe un instant avant de lever le regard vers le médecin, en profitant pour changer de sujet. « pour ce qui est des spectres d’annie… je pourrais lui parler, si vous voulez. il y a pas mal de légendes ici, peut être que ses camarades de classe lui en ont raconté quelques unes ? il faut dire que nous sommes en territoire celtique, alors… » elle sourit, essayant de se rappeler si quoi que ce soit a eu lieu dans les rues de la ville les deux semaines précédentes, mais rien ne lui revient. c’est donc peut être simplement l’imagination débordante d’une enfant trop intelligente pour son propre bien, ou alors de véritables apparitions. après tout, elle ne peut balayer cette hypothèse d’un revers de la main, même si elle tend à privilégier la première. mais bon inutile d’alerter jonathan sur ce point. le serveur revient avec une carafe d’eau qu’elle lui prend des mains pour y mettre les fleurs, et il leur demande s’ils ont fait leur choix. elle lui sourit, avant de répondre « absolument, je vais prendre un steak. bleu, comme d’habitude. » elle referme le menu, et s’apprête à demander à jonathan ce qu’il veut prendre, mais se retourne néanmoins vers le serveur. « ah, et vous me mettrez aussi un bitter lemon. et vous docteur ? » demande-t-elle en tournant ses prunelles bleu acier vers le médecin.

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Jeu 21 Mai - 1:54

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383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgJ’ai souvent énoncé à voix haute mon profond agacement envers les gens qui fument devant moi. En tant que physicien, j’ai conscience du danger que peut représenter l’inhalation de tabac, surtout quotidiennement, mais si les quidams décident de se tuer la santé en forçant de la fumée nocive dans leurs poumons, grand bien leur fasse : ce qui me dérange, c’est qu’ils me forcent à sentir cette odeur désagréable de vieille cendre qui se dégage de leurs cigarettes quand je suis près d’eux, et, je dois bien l’avouer, j’ai assez peu de patience à ce sujet. Cependant, cela ne me traverse même pas l’esprit quand je suis aux côtés de Winnifred. Quand je suis près d’elle, je n’arrive à penser à rien d’autre qu’à ses gestes gracieux, qu’au ton envoûtant de sa voix, et je me laisserai probablement emporter par les flots tumultueux de sa beauté si seulement mon anxiété ne se rappelait pas dangereusement à moi, me murmurant constamment que je ne mérite certainement pas une femme comme elle. Parce que j’ai beau la nier, cette attirance, elle est là, indéniable, souveraine – bien que je ne comprenne pas vraiment sa nature. J’ai l’impression que la maire de Selkirk est une magnifique énigme, l’un de ces casse-têtes chinois sculptés dans du bois ouvragé qui ne révélera sa vraie splendeur que lorsqu’on parviendra à ouvrir son cœur. Je la connais à peine, pourtant, j’en ai conscience. C’est peut-être la véritable raison pour laquelle j’ai accepté de partager ce déjeuner en sa compagnie : pour comprendre le pourquoi, lever le voile sur le mystère que représente Winnifred Carberry.

Pourtant, c’est bel et bien autour de ma propre histoire que résonnent les premières notes de notre conversation. Je suis flatté, quelque part, de me dire que quelqu’un comme Winnifred daigne adresser la parole à un homme tel que moi, mieux, à lancer une discussion à bâtons rompus. Je me doute, cependant, que cette rencontre n’est pour elle qu’un devoir inhérent à son rôle de maire – je ne saurai imaginer quoi que ce soit d’autre.

« - Oh, c’est la première fois que je viens en Europe, en fait. C’est étrange de se dire qu’il y a, sur ce continent, certaines constructions qui sont beaucoup plus anciennes que mon pays d’origine, mais c’est aussi tout bonnement fascinant. Enfin, j’aurai pu dire la même chose en Asie, mais… mon voyage là-bas était tout autre et ne se prêtait pas vraiment à ce genre de considérations, je suppose. J’hausse les épaules, préférant m’attarder sur son passé plutôt que sur le mien : quand est-ce que la guerre arrêtera de jeter une ombre sur mon passé ? Oh, je… oui, je vois… Évoque-t-elle son accident, lorsqu’elle me parle de sa tentative de quitter Selkirk ? Je n’en ai pas la certitude, mais une certaine amertume dans le ton de sa voix me laisse penser à un épisode de sa vie qu’elle préférerait oublier. Depuis que je suis arrivé ici, j’ai vraiment l’impression que cette île est… à part, je dirais. Une sorte d’enclave presque mystique, écartée du monde extérieur. C’est ce que je recherchais en venant ici, mais je me doute que cela doit peser, sur quelqu’un qui n’a pas choisi son sort. Non pas que je… enfin, je ne veux pas présumer… Je rougis encore une fois, me traitant intérieurement d’incapable et d’idiot : cela devient une habitude, en compagnie de Winnifred. Mais ne suis-je pas profondément impoli en partant du principe qu’elle est malheureuse de sa situation ? Je ne peux croire qu’une femme de sa trempe se laisserait aller aux affres du destin ainsi. Elle n’est pas faible ; elle n’est pas moi. Hmm, excusez-moi. Je voulais simplement dire que je peux parfaitement comprendre l’envie de changer d’air, parfois.

Alors qu’elle interpelle le serveur pour pouvoir mettre le bouquet que je lui ai offert dans de l’eau, j’essaie d’essuyer discrètement les paumes de ma main, devenues moites sous l’effet du stress, sur mon pantalon. Je ne suis définitivement pas doué pour ce genre de choses, et si j’ai envie de continuer notre conversation, d’apprendre à connaître Winnifred, je me doute que je dois terriblement l’ennuyer avec mes gaffes perpétuelles.

- Elle a toujours eu une vive imagination. A Pittsburgh, elle était persuadée que notre maison était construite sur un ancien cimetière indien et que nous étions maudits car nous marchions sur des sépultures sacrées. Je ne sais pas où elle va chercher ça… Peut-être chez ses camarades de classe, en effet. J’apprécie votre proposition, mada… Winnifred, mais je ne veux pas vous embêter avec mes histoires. Je soupire. Je ne sais juste… Enfin… Je ne sais pas si je l’élève correctement, en réalité. Je me demande parfois s’il n’existe pas un ouvrage qui donnerait la recette miracle pour que je sois sûr de faire ce qu’il faut pour ma nièce, mais il n’existe pas, malheureusement. Croyez-moi, j’ai cherché. Je pouffe, passant la main dans ma barbe mal entretenue. Elle doit me trouver bien nigaud, à avouer mes inaptitudes, mais il est agréable de se confier ainsi. Vous avez-vous-même une fille, n’est-ce pas ? Enfin, c’est ce que j’ai cru comprendre…

J’essaie désespérément d’ouvrir des portes, d’allumer des lumières. Winnifred l’énigme, Winnifred le logogriphe qui semble être une rose sublime, pas encore prête, pourtant, à laisser admirer ce qui se trouve sous ses pétales. Le serveur vient prendre notre commande, et je me dis soudainement que je n’ai absolument pas pris la peine d’ouvrir mon menu, perdu dans les abîmes infinis de mes interrogations concernant la femme en face de moi. Pris de court, mes yeux parcourent à toute vitesse la carte, assez sommaire, puis je finis par opter pour la solution de facilité.

- Hmm, et bien… la même chose, je suppose ? Enfin, un steak bien cuit, pour ma part. Je n’ai jamais compris la propension qu’ont les européens à aimer la viande presque crue. Avec de l’eau, ça ira très bien.

L’employé hoche la tête et emporte avec lui nos menus et nos commandes, notées rapidement sur un petit carnet plié. Seuls à nouveau, je me dis qu’il faut que je relance la conversation, que je dise quelque chose, n’importe quoi. Maudite soit mon incapacité au moindre bavardage – un silence s’installe entre nous, pourtant, j’ai l’impression qu’il est si bruyant que le vacarme pourrait nous terrasser. Inconfortable, je tape du pied sous la table, et finit par prendre la parole, en essayant de masquer ma détresse.

- Je n’étais jamais venu ici, le… Crags, c’est ça ? Je… Que dire, bon sang, que dire ? Improvise, que diable ! Je suppose que vous êtes une habituée des lieux. »

Mais ce n’est pas possible, tu es vraiment un empoté toute catégorie ! Voilà maintenant que j’énonce des banalités affligeantes, des faits qui ne font avancer en rien notre discussion. Je souffle intérieurement, me promettant de ne plus jamais sortir en public si c’est pour sortir des âneries pareilles. Winnifred doit se mordre les doigts d’avoir accepté un déjeuner en compagnie de quelqu’un d’aussi gauche que moi – je ne serais pas étonné, d’ailleurs, si elle y mettait un terme le plus rapidement possible…

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Winnifred Carberry
Winnifred Carberry
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puissent les dieux prendre en pitié l'homme insensible qui demeure sain d'esprit, confronté à l'abominable vérité.

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métier : maire de selkirk
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Ven 22 Mai - 16:20

date du rp ≈  24 novembre 1981
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You're not a drop in the ocean

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383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgalors qu’il parle, elle l’observe d’un regard curieux. c’est une sensation plutôt agréable que de voir son visage s’animer ainsi. elle plisse légèrement les paupières, ses yeux se réduisant à deux fentes brillantes dans l’ovale de son visage. première fois en europe, hein ? intéressant. elle penche légèrement la tête sur le côté avec un petit sourire, sourire qui diminue néanmoins largement lorsqu’il évoque le temps qu’il a passé en asie. elle sourit de nouveau, compatissante cette fois. « j’imagine que vous n’avez pas eu tellement de temps pour faire du tourisme, en effet. » il l’interroge sur son éventuel séjour loin de selkirk et elle répond à moitié, avec un soupir. il évoque l’ambiance mystique de l’île et elle ne peut s’empêcher de trouver ça un peu drôle. si vous saviez, docteur, si seulement vous saviez. néanmoins, il semble avoir eu peur de la vexer, et elle le laisse se dépatouiller dans son embarras, s’expliquer, avant de lui faire un sourire un peu plus fin. le pire, c’est qu’il a raison. elle est ici parce qu’elle n’a pas le choix. oh, bien sûr, quelqu’un comme elle s’accommode de tout. de toute façon,  elle ne peut pas partir. mais bon, elle a appris à se satisfaire d’une situation moins qu’idéale. elle hoche la tête avant de reposer son menton dans sa paume, tirant sur sa cigarette. « non, vous avez raison. plus jeune, je voulais absolument quitter cet endroit. et puis, en vieillissant, j’ai fini par m’accommoder de ma situation. on fait avec ce qu’on a, en fin de compte, et dans l’ensemble je suis plutôt bien ici. » elle s’étonne elle même à parler ainsi sans mascarade, mais après tout, personne ne lui a interdit d’être sincère avec le médecin. elle change néanmoins de sujet, un peu mal à l’aise avec sa propre honnêteté, plutôt inhabituelle, et revient plutôt à annie. elle sourit un peu, reconnaissant dans la description de l’enfant intelligente et imaginative celle de sa propre fille, et puis elle ne peut étouffer un petit rire lorsqu’il se confie sur ses difficultés à assumer son rôle de parent. c’est assez touchant, elle doit bien l’avouer. rares sont les hommes qui s’autorisent à partager de telles choses, et alors elle ne peut s’empêcher de se dire qu’il doit être bien seul, et que n’avoir personne à qui se confier, partager ses doutes, surtout sur des choses aussi difficiles qu’aider une petite personne à se construire, ça doit être loin d’être facile. il rit aussi et ils sont là tous les deux à pouffer, dans un moment de complicité qu’elle ne peut qu’apprécier.

il évoque isobel et elle hoche la tête, prenant une nouvelle bouffée de tabac. « hm-hm, » dit-elle en hochant la tête. « mais elle n’a pas exactement le même âge. isobel aura vingt ans l’été prochain. et, pour être honnête… » elle rit à nouveau un peu, sa voix grave et chaude un peu couverte par le brouhaha. « pour être honnête, je me suis maintes fois demandé  si j’allais un jour réussir à l’élever correctement. » elle hausse les épaules. « il n’y a pas de mode d’emploi pour ça, mais finalement, alors que je pensais avoir fait n’importe quoi, je me rends compte que le résultat est plutôt satisfaisant. j’ai aussi eu la chance d’avoir de l’aide, mais seul j’imagine que ça peut parfois être épuisant. » ses yeux se plissent à nouveau dans un sourire sincère, et elle baisse le regard, un vague rire s’étiolant encore sur ses lèvres. entre temps, revoilà le serveur avec l’eau demandée, dans laquelle elle s’empresse de mettre les fleurs, avant de passer commande. son sourire prend une teinte taquine et malicieuse en entendant la cuisson de la viande. ah, ces foutus américains et leur obsession de la viande cuite comme de la semelle. elle se retient néanmoins de faire une quelconque remarque, gardant son amusement pour elle. et après le départ du serveur, le silence s’installe, et elle se divertit comme une petite folle à le voir chercher à relancer la conversation, décidant volontairement de ne pas le faire pour voir un peu ce qu’il va trouver. au lieu de ça, elle observe les fleurs, les caresse du bout du doigt, hume leur parfum. lorsqu’il la questionne, vraiment, docteur, vous n’avez pas trouvé mieux ? elle continue son petit manège, feignant à moitié une fascination pour le bouquet en question, qui au demeurant lui plaît réellement beaucoup, avec son parfum à la fois frais et légèrement poivré. « hm ? oh, non, pas vraiment, enfin, pas plus que qui que ce soit qui habite ici… je fais mon devoir de visite une fois de temps en temps, mais c’est tout. à vrai dire, il y a un autre petit restaurant, plus proche du port, où je vais plus souvent. » elle se tait un instant avant de reprendre, se tournant cette fois vers lui pour le regarder dans les yeux. « ces fleurs sont vraiment magnifiques, et elles ont un parfum délicieux. à vrai dire, j’adore les fleurs blanches, et j’ai une affection particulière pour les roses. en fait, j’y ai dédié une petite partie de mon jardin, vous devriez passer, à l’occasion. » hop, la ligne est lancée, l’hameçon traverse l’eau. évidemment, elle a dit ça l’air de rien, mais c’est histoire de voir.

« pour ce qui est d’annie, » reprend-elle avec un sourire, « je ne pense pas que ça embêterait isobel de vous la garder quelquefois, si vous voulez prendre un peu le temps de souffler. » elle baisse le ton, ses yeux bleus rivés sur le visage de jonathan, un sourire de connivence. « il n’y a pas de mal à ça, surtout quand il s’agit d’un enfant particulièrement intelligent. personne n’est équipé pour faire face à tout ça seul. » elle rit un peu. «  alors n’hésitez pas à me le dire, et je lui en parlerai. » pendant ce temps, le serveur ramène le bitter lemon ainsi que l’eau, et elle le remercie avec un sourire, avant de lever son verre. « je ne vous propose pas de trinquer avec de l’eau et du soda, docteur. nous ferons ça plus proprement une autre fois. » elle sourit et fait un clin d’œil avant de porter le verre à sa bouche, et de boire une première gorgée, puis de le reposer pour prendre une bouffée de tabac, la dernière avant qu’elle n’écrase le mégot dans le cendrier, qu’elle déplace ensuite sur la table derrière la leur, se tordant un peu dans son siège, le buste tendu vers l’arrière. elle revient à sa position d’origine et pose son menton dans sa main, s’avançant légèrement vers lui. « alors docteur, racontez moi, je suis curieuse : à quoi ressemble la vie de l’autre côté de l’étang ? est-ce que vous buvez tous des litres de coca-cola dans des maisons post-modernistes ? » demande-t-elle sur le ton de la plaisanterie, mais néanmoins sincèrement intéressée. elle qui n’a jamais eu l’occasion de quitter cet endroit, elle pourrait enfin avoir une idée un peu plus précise de ce à quoi ressemble le reste du monde, une anecdote à la fois.

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Jonathan Fox
Jonathan Fox
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métier : ses mains guérissent, sa tête soigne ; et il essaye de vaincre la mort comme un matador dans une arène (médecin)
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damnation : Trouble de stress post-traumatique, cette maladie dont la guerre est la cause, le traumatisme inhérent et implacable, le mal-être déclenché par le plus petit des sons et la plus vive des lumières

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Sam 23 Mai - 0:54

date du rp ≈  24 novembre 1981
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You're not a drop in the ocean

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383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgIl y a dans chacun de ses mots le piquant de la curiosité, l’envie tenace d’en savoir plus, de creuser profondément pour comprendre qui elle est vraiment, la superbe alcine en face de moi. L’ourlet de sa voix envoûtante semble paver le chemin de mystérieux possibles : ainsi donc, ce n’est pas qu’une beauté saisissante, ce n’est pas qu’une impératrice au gant de velours, ce n’est pas qu’une femme enfermée dans un carcan de roche et d’embruns. Elle a de multiples visages, pourtant, tous sont des plus somptueux – lorsqu’on a l’habitude de gratter la surface poreuse derrière le masque qu’arborent constamment les braves gens, l’on a tendance à découvrir rouille, voire moisissure, mais ici, ce n’est pas le cas. Peut-être que je me laisse aller à d’agréables rêveries et que ce que je crois entrapercevoir n’est qu’une énième illusion, mais je m’accroche à ce beau songe, je me laisse bercer par les délicates chatteries de son charme.

« - J’aimerai pouvoir me dire que je réussirai un jour à remettre les pieds au Vietnam sans penser à… je soupire. Alors que je lui parle de certains des souvenirs les plus difficiles de mon existence, je sens qu’un poids s’enlève de mes épaules. J’ai envie de me confier, j’ai envie d’aller dans son sens et de me laisser aller à mes pensées les plus intimes, pourtant, une dernière pudeur m’empêche d’aller jusqu’au bout : la peur du vide, peut-être. Mais ce n’est pas encore le cas, de toute façon.

Et le sujet n’est-il pas, de toute façon, bien trop lourd pour être abordé au cours d’un diner informel, amical ? L’on imagine des funestes discours dans des circonstances différentes, sous une pluie battante, dans une forêt sombre, auprès de judas qui appellent au lugubre. Alors je préfère me taire et ne plus m’avancer sur le sujet. Le renard se doit d’être apprivoisé pour qu’il accepte la main qui le nourrit, je suppose.

- Le temps calme souvent la naïveté de la jeunesse, je l’ai vu maintes et maintes fois. Il n’y a pas une journée qui passe sans qu’Annie ne change de projet pour l’avenir, un jour, elle veut être astronaute, l’autre, vétérinaire, et celui d’après encore, pilote de course. Enfin, je ne veux pas réduire votre… situation aux rêves d’une enfant, mais je suppose qu’il est plus simple de prendre du recul et gagner de la perspective, au fur et à mesure des années. Shakespeare disait que le temps ressemble à un hôte du grand monde, qui serre froidement la main à l’ami qui s’en va et qui, les bras étendus, embrasse le nouveau venu. Je trouve que l’image est appropriée.

Je suis reconnaissant de voir qu’elle accepte de s’ouvrir à son tour, que je ne sois pas le seul nigaud à évoquer les moulins que je dois combattre chaque jour sans compagnon fidèle pour m’aider à la tâche. Je me surprends à vouloir la réconforter, à ce que la doucereuse mélancolie qui se dégage de ses paroles, bien que résignée, se change en un sentiment qui se rapprocherait davantage du bonheur. Enfin, c’est idiot de ma part, je le sais bien. Encore une fois, ce repas n’est rien d’autre qu’un déjeuner de convenance qui existe simplement parce que des yeux sont là pour nous regarder, des électeurs avides de savoir si la maire qu’ils ont choisi est à la hauteur de son titre. Pourtant, voilà que nous rions ensemble d’un petit rien, et mon cœur se pare d’une chaleur que je n’ai pas ressenti depuis des années. Idiot, idiot, idiot. La voix dans ma tête ne se bride plus et répète sans cesse le même refrain comme un vieux coucou enrayé.

- Je pourrais être moins bien loti. Ma nièce est une petite fille extraordinaire… Bon, je suppose que les parents pensent tous de telles choses de leur enfant… mais je ne dis pas ça à la légère. Elle a vécu des choses terribles, mais garde en elle une telle joie de vivre, une soif d’apprendre… Je suis parfois un peu jaloux de sa facilité à tirer un trait sur les zones d’ombre de son passé. Mais nous en revenons à notre conversation précédente, n’est-ce pas ? Elle a tout le temps du monde devant elle, alors il est normal qu’il soit plus aisé pour elle de se perdre dans le champs des possibles.

Mes discours ampoulés doivent probablement ennuyer la maire de Selkirk, mais c’est plus fort que moi : ceux qui me côtoient quotidiennement connaissent mon amour de la philosophie et des considérations métempiriques. Le silence qui suit n’en est que plus effrayant pour moi. J’ai l’impression que ce flocon de neige parfait que je tiens entre mes mains est en train de fondre, que l’intérêt de Winnifred va s’envoler en même temps que ces folles espérances que j’ose apercevoir dans notre conversation. Et la voix, elle est toujours là, elle rôde, serpent en vadrouille qui siffle de médisantes prophéties.

- Je ne suis pas un grand connaisseur de fleurs, je dois bien l’avouer, je reste un botaniste du dimanche – bien que j’aime à m’occuper des boutures de plantes grasses que j’ai ramené des Etats-Unis. Maintenant que j’habite à la campagne, je compte planter un petit potager avec Annie, si vous avez quelques conseils, je les recevrai avec plaisir. Sa voix baisse, sa tête se penche légèrement sur le côté, et j’écoute en fronçant les sourcils. Lorsque j’entends sa proposition, un fin sourire apparait sur mes lèvres serrées. Oh, c’est très gentil de votre part… Peut-être plus tard, quand nous serons installés ici depuis un peu plus longtemps… Annie se remet à peine de notre déménagement et je m’en voudrais terriblement de la laisser, bien qu’elle ne soit plus un bébé, j’en conviens… Je ne sais pas, peut-être que je m’inquiète trop.

Je radote sur mes soucis, sur ma petite vie trop morne pour qu’on s’y intéresse à ce point. La nourriture vient nous délivrer de ma misérable diatribe et je regarde, avec un peu de dégoût je dois l’avouer, le morceau de viande dégoulinant de sang qui siège dans l’assiette de mon interlocutrice. Je préfère donc me concentrer sur ses questions, et je m’en veux, encore une fois, que ce soit elle qui parvienne à mener la conversation, à relancer des sujets qui me permettront de me dévoiler. Je voudrais pouvoir en faire de même, réussir à mettre les mots sur mes questionnements sans qu’ils ne paraissent indiscrets, mais j’ai conscience que je ne serais jamais homme de parole – je lis sans écrire, j’écoute sans converser, je subis sans vivre.

- J’ai bien peur de vous décevoir, ma chère, dis-je sans penser une seule seconde à la familiarité dont je fais preuve, naturelle chez elle, incongrue chez moi. Je pense que je n’ai pas bu de Coca-Cola depuis… plus de vingt ans, je crois bien. J’ai vu les ravages du diabète et je ne le recommande à personne. Je ponctue ma phrase d’un petit éclat de rire, pour empêcher le sujet de glisser sur une pente trop inconfortable et rester léger. Mais Pittsburgh, ma ville d’origine, est un endroit où il fait bon vivre. Pas trop grand, pas trop petit, un bon équilibre entre nature et infrastructures… Certains diront que c’est la cité idéale. Je me mets à manger en peinant à couper ma viande avec mon couteau, peu aiguisé. La chair est savoureuse – malgré l’apparence sans prétention du Crags, la nourriture est de qualité. Mais je dois bien avouer que Selkirk a un charme indéniable. Je suis allé ramasser quelques champignons dans la forêt… d’Oyckel, c’est bien ça ? J’ai pu repérer des paysages à couper le souffle, des enclaves qui n’ont jamais vu la main de l’homme et qui sont plus splendides encore que n’importe quelle Mona Lisa. »

Mais la nature réussit-elle a égaler la beauté de Winnifred Carberry ? Ça, je n’en suis pas si sûr.    

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Winnifred Carberry
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Sam 23 Mai - 23:51

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383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgalors qu’il parle, elle l’observe d’un regard curieux. elle n’imagine pas un seul instant ce que ça peut être de participer à une guerre.  elle a vu son lot de violence, avec les années, en a même infligé pas mal, mais elle suppose que ça n’a rien à voir avec ce dont à été témoin l’homme en face d’elle. elle lui fait un sourire compatissant, sans lui forcer la main néanmoins lorsqu’il se rétracte alors qu’elle sent bien qu’il aurait pu en dire plus. inutile de le brusquer. chaque chose en son temps. et puis quelque part, elle a aussi envie qu’il vienne à elle de lui même. bien sûr, elle ne peut pas supprimer entièrement son charme de sirène. mais parfois, elle aimerait à penser qu’elle pourrait plaire sans ça, bien qu’elle ne puisse en être sûre. c’était ce qui lui avait plu, chez duncan. c’était comme si l’aura qui entourait winnifred ne l’atteignait pas, et forcément, elle avait choisi la difficulté, se désintéressant de ceux qui succombaient trop facilement à son magnétisme pour choisir celui qui y semblait immunisé. c’était pour ça, que c’était lui. il l’aimait pour elle, pour ce qu’elle était en dehors de sa nature profonde, de cette carcasse contre laquelle elle ne pouvait rien faire. elle se prend un instant à imaginer que peut être, le docteur fox pourrait lui aussi voir à travers cet écran de fumée. mais à en juger par le trouble qui semble le saisir à chacune de leurs interactions un peu plus poussées, elle préfère ne pas trop y compter. de toute façon, là n’est pas la question. elle n’est pas en position de rêvasser.

elle chasse ces pensées parasites et sourit en l’entendant évoquer de nouveau sa nièce et ses envies chaotiques qui carburent à l’énergie que l’on a lorsqu’on est enfant. il cite shakespeare et le sourire de la maire s’élargit. alors donc, il ne cite pas que des biologistes et autres scientifiques, il a aussi la fibre littéraire. évidemment, elle saute sur l’opportunité, et lui répond, tout sourire, « toujours l’arrivée sourit, et l’adieu soupire en s’en allant... » elle rit un peu avant de continuer. « mais vous avez raison, les années donnent de la perspective aux choses. et finalement, j’accomplis quelque chose ici, peut être pas grand chose, mais pas rien non plus. » le sujet de conversation dévie de nouveau sur les rejetons qui occupent une bonne partie de leur vie à chacun, et elle le regarde, attendrie, parler avec fierté de la fillette qu’elle a rencontré le jour de leur arrivée. elle hoche un peu la tête, sérieuse, lorsqu’il évoque ce qu’elle a traversé, et même si elle n’a pas les détails, elle imagine les grandes lignes, car si c’est lui qui s’occupe d’elle, c’est que ses parents en sont incapables. au vu de l’apparence de la fillette, elle peut vaguement supposer le contexte dans lequel elle a été conçue. l’îlienne hoche la tête, ses cheveux blonds venant caresser l’un des côtés de son visage, tandis qu’elle vient appuyer sa joue dans la paume de sa main. les voilà partis sur le sujet des fleurs, et son sourire s’élargit. « j’ai plus que des conseils, je dois avoir des graines à vous donner. mais bon, vous avez le temps d’y penser. ceci dit c’est vrai que les enfants aiment bien jardiner, en général. » elle propose ensuite qu’isobel tienne compagnie à la nièce du docteur, si besoin, et celui ci semble touché par la proposition. et puis, à le voir papa poule comme ça, elle aussi est un peu touchée. « bien sûr, bien sûr. c’est une offre qui se prolonge dans le temps, évidemment, » précise-t-elle avec un clin d’œil, alors que le serveur dépose leurs commandes devant eux. son steak est parfaitement bleu, constate-t-elle avec satisfaction ; exactement ce qu’il lui faut. certainement que ce soir, elle s’occupera d’aller attraper son dîner elle même, elle a besoin de se dégourdir les nageoires de toute façon, surtout si elle se voit obligée de prendre l’un des analgésiques prescrits par le bon docteur. « c’est tout à fait naturel de s’inquiéter, » le rassure-t-elle, « surtout si vous avez tous deux traversé des choses difficiles. » elle se tait, et plante sa fourchette dans la viande morte, dont elle coupe un morceau, relevant néanmoins la tête, interloquée lorsqu’il se montre un peu plus familier avec elle, un sourire surpris s’étalant de lui même sur son visage. bien, bien. elle ne relève pas néanmoins, pour peu qu’il ne l’ait pas fait exprès, elle ne compte pas le mettre mal à l’aise. alors elle mâche donc son morceau de steak, la bouche fermée, tout en l’écoutant.

lorsqu’il s’interrompt, elle finit sa bouchée et s’adresse à lui. « Pittsburgh est une assez grande ville, non ? voire même une très grande ville, à l’échelle de selkirk. vous avez peut être remarqué que les bâtiments qui dépassent les trois étages sont inexistants, ici, alors qu’il doit y avoir pas mal de gratte-ciels là bas, non ? » elle demande ça comme une petite fille, les yeux pétillants de curiosité, avide de détails. elle ne pourra jamais partir d’ici, alors si elle peut avoir quelques descriptions, ça lui donnerait au moins de la matière première pour s’imaginer ensuite toutes sortes de choses. il fait l’éloge de selkirk néanmoins, et elle hoche la tête pour acquiescer, bien qu’après quarante-cinq ans passés sur ce maudit caillou, elle oublie parfois, souvent d’en admirer la beauté. car il a raison, l’île peut être véritablement belle, dans son côté cru, minéral, envahi de mousses et de végétaux, les rares rayons de soleil se reflétant dans les flots d’ordinaire teintés de gris. c’est d’un air un peu mélancolique qu’elle relève les yeux vers lui pour signifier son accord. « oui, c’est vrai qu’il y a des lieux qui sont de toute beauté, la plupart d’entre nous avons tendance à l’oublier, à force d’avoir cela sous les yeux quotidiennement. c’est dommage. mais par exemple, au fond de mon jardin, il y a un escalier en pierre taillé à même la falaise et qui descend jusqu’à la mer, une sorte de petit crique, si vous voulez. j’aime bien aller m’y asseoir, particulièrement en été, au frais. » elle rit un peu, une main devant la bouche, « pas qu’il y ait particulièrement besoin de se rafraîchir, il ne fait jamais vraiment chaud, ici. » reprenant son repas, elle ne mentionne évidemment pas le fait qu’elle emprunte cet escalier tous les jours, deux à trois fois par jour, sans quoi, par manque de contact avec la mer, sa carcasse pourrirait, révélant à tous sa nature sublime et monstrueuse. « vous verrez, cet été, » dit-elle après avoir fini une nouvelle bouchée, « avec le tilleul l’odeur est particulièrement agréable. on se croirait soi même en train de barboter dans une tasse de tisane. » elle rit à nouveau, tout doucement, et boit une gorgée de son bitter au citron, fixant le médecin d’un regard toujours intrigué, et décide de prodiguer néanmoins un conseil. « faites quand même attention dans les bois, surtout la nuit. il y a pas mal de bêtes sauvages, » prévient-elle. « en été, comme il fait jour plus tard, ça va, mais en hiver… et puis, on a vite fait de marcher accidentellement dans un ruisseau, et là vous êtes bon pour un rhume qui vous tiendra au moins deux semaines... alors, pas de folies, docteur fox, d’accord ? » elle n’est pas totalement sûre de la raison pour laquelle elle prend cette attitude soudainement, quittant un instant son rôle de femme fatale pour adopter celui, tout simple, de quelqu’un d’attentionné qui veut simplement s’assurer du bien être de quelqu’un d’autre, mais toujours est-il que c’est arrivé, sans qu’elle le fasse exprès, sans même qu’elle y pense. alors, elle se tait et boit une nouvelle gorgée avant de reporter son attention sur son plat dont le rouge de la viande accroche ses mirettes.

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Jonathan Fox
Jonathan Fox
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âge : 47 ans
statut marital : éternel célibataire, vieux garçon qui pense qu'il est trop vieux pour toutes ces conneries

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métier : ses mains guérissent, sa tête soigne ; et il essaye de vaincre la mort comme un matador dans une arène (médecin)
carcasse : mortel
damnation : Trouble de stress post-traumatique, cette maladie dont la guerre est la cause, le traumatisme inhérent et implacable, le mal-être déclenché par le plus petit des sons et la plus vive des lumières

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arrivée : 11/04/2020


cthulhu fhtagn
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Mar 26 Mai - 0:59

date du rp ≈  24 novembre 1981
lieu du rp ≈  le crags

You're not a drop in the ocean

Winnifred Carberry & Jonathan Fox ☆ I have spoke with the tongue of angels. I have held the hand of a devil. It was warm in the night, I was cold as a stone, but I still haven't found what I'm looking for
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383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgPeu importe les malheurs que la vie se décide à jeter sur ma route, j’ai toujours pu me réfugier dans les livres, lorsque le monde est si cruel que plus rien ne fait vraiment de sens. Les mots ont cette fantastique capacité de transporter leurs lecteurs dans une réalité toute autre que celle dans laquelle ils se trouvent, dans un endroit caché où rien ni personne ne pourra leur faire du mal - c’est pratiquement de l’ordre du mystique, voire du divin. Car l’oubli est une chose précieuse qui se fait rare, de nos jours, en particulier avec l’avènement de la technologie dans nos quotidiens, avec ses serveurs et ses mémoires immortelles dissimulées dans des boîtes noires. L’oubli, c’est ce que je cherche sans arrêt, pourtant. Et dans les yeux de Winnifred, ces yeux d’un bleu profond qui m’emprisonnent dans le carcan de leur beauté, j’ai l’impression de toucher du doigt la même félicité qui me saisit, lorsque je suis plongé dans un merveilleux roman.
Et lorsqu’elle cite la suite de Troïlus et Cressida, je ne peux que plonger un peu plus profondément dans leurs eaux. J’ai probablement l’air un peu idiot, à sourire comme un demeuré simplement parce qu’elle connait l’œuvre de Shakespeare, mais je ne peux m’en empêcher. S’il y a bien quelque chose qui résonne en moi, c’est la littérature. D’autant plus qu’elle ne fait qu’approuver mes dires, et il est fort plaisant de s’adresser à quelqu’un qui comprend et adhère à notre façon de penser : certes, je n’ai rien contre l’idée de débattre mais c’est un exercice qui reste éprouvant, et propice au dissentiment.

« - Vous faites probablement bien plus que vous pouvez le pensez. Regardez, vous prenez la peine de déjeuner avec les nouveaux arrivants de la ville, alors que vous avez sûrement bien d’autres choses à faire… c’est quelque chose qu’il faut souligner et louer. Mon sourire s’évanouit quelque peu de mes lèvres sans que je ne puisse vraiment m’en empêcher, alors que mes mots s’étirent entre nous, me rappelant leur sens sous-jacent. Je me reprends, pourtant. Je ne dois pas laisser la petite voix dans ma tête gagner, et apprécier le moment passé avec la maire de Selkirk plutôt que de me rappeler sans cesse la réelle nature de ce déjeuner. Je n’envie pas votre position. Ce doit être ardu de diriger une communauté aussi recluse. Je suppose qu’il est parfois bien difficile de faire entendre raison à certains habitants sur les impératifs de modernisation du village…

Alors que notre repas arrive enfin et que les assiettes fumantes laissent se répandre leurs effluves tout autour de nous, notre conversation s’oriente sur un sujet bien différent, qui me laisse pourtant tout aussi intéressé. Si je suis loin d’être un professionnel du jardinage, je dois bien avouer me passionner du sujet depuis des années : ayant davantage exploré la théorie que la pratique, j’entends bien combler cet écart maintenant que j’habite à la campagne.

- Et bien pourquoi pas, merci. Peut-être que les prochaines fleurs que je vous offrirai proviendront de mon jardin, qui sait. A la seconde où la phrase franchit la barrière de mes lèvres, je sens mes joues se tenter de rose. Est-ce que je viens vraiment d’insinuer que je compte lui donner d’autres bouquets ? Je me sens terriblement cavalier, gauche. La dernière des choses que je souhaite est de la mettre mal à l’aise – je n’entendais, dans mes mots, aucune démarche de séduction mais seulement une conversation innocente sur l’art du jardinage. Je me reprends donc bien vite en parlant de ma nièce. Vous êtes trop aimable, mad… Winnifred. Quand diable arriverais-je à m’adresser à elle sans me reprendre sans cesse ? Je crois qu’Annie trouve que je m’inquiète un peu trop, justement : elle est déjà très indépendante, à son âge. Je redoute déjà les futures frénésies de son adolescence.

Qu’elle ne grandisse pas trop vite, c’est quelque chose que je conjure sans cesse. Car sans cette enfant, qui sait ce que je serais devenu ? Qui sait ce qu’il adviendra de mes vieux os lorsqu’elle prendra irrémédiablement son envol, une fois capable de se débrouiller toute seule ? Je préfère ne pas y penser.
Mangeant mon steak avec appétit, en agrémentant régulièrement ma viande d’une gorgée d’eau, voilà que la discussion dévie encore une fois sur un tout autre sujet. Je n’ai pas l’habitude de me laisser aller à de telles causeries, préférant habituellement me murer dans le silence, mais c’est loin d’être désagréable, bien au contraire.

- Le bâtiment principal de l’UPMC Presbytarian, l’hôpital où j’exerçais, comporte en effet onze étages, et c’est loin d’être le plus grand building de Pittsburgh. Mais je ne suis pas le plus grand fan des gratte-ciels, pour tout vous avouer. Je préfère de loin les bâtiments moins modernes, ils ont plus de charme, une âme, en quelque sorte. Alors qu’elle me décrit les merveilles de Selkirk, ce que j’imagine ne fait que renforcer l’impression d’avoir fait le bon choix, en venant s’installer ici. Lorsqu’elle finit son discours par un avertissement qui ressemblerait presque à de… la tendresse, à mon plus grand étonnement, je ne peux m’empêcher de bafouiller quelques mots surpris. Je… je n’y manquerai pas, je… Allons, John, du nerf, reprends-toi. C’est mon rôle de médecin, d’habitude, de me soucier que mes patients n’attrapent pas de rhume, pas l’inverse, je finis simplement en laissant échapper un petit rire. Il faut vraiment que j’arrête de tout analyser comme si ses paroles avaient une quelconque signification cachée. Mais vous savez, vous devriez m’appeler Jonathan, vous aussi, Winnifred. »

La proposition me prend par surprise, et pourtant, elle est étrangement naturelle. Elle m’a demandé de l’appeler Winnifred dès notre première conversation, néanmoins, je n’ai pas su lui retourner la proposition tout de suite, troublé par ses manières qui m’étaient étrangères : je ne fais que réparer une erreur commise sous l’effet de ma timidité naturelle, et d’une sorte de pudeur surannée qui entoure le fait d’utiliser mon titre, plutôt que mon prénom. Alors que finis les dernières miettes de mon assiette, me réfugiant dans la contemplation de mon assiette plutôt que ses yeux pour éviter de penser à l’éventualité d’un refus de sa part quant à ma proposition, je me sens encore une fois bien bête de faire tant de cérémonie pour si peu.  

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Winnifred Carberry
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puissent les dieux prendre en pitié l'homme insensible qui demeure sain d'esprit, confronté à l'abominable vérité.

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Mar 26 Mai - 3:01

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You're not a drop in the ocean

jonathan fox // winnifred carberry there's nothing to see here, people, keep moving on slowly their necks turn, and then they're gone she wants revenge → these things  •••

383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgelle n’allait pas vraiment à la pêche aux compliments en disant qu’elle ne faisait pas grand chose, mais elle ne peut s’empêcher de sourire un peu plus largement lorsqu’il cherche à la rassurer. néanmoins, elle ne peut s’empêcher de répondre, à la fois pour voir sa réaction, et aussi parce qu’elle a envie d’être sincère. « oh, à vrai dire, ce déjeuner est motivé par des raisons purement égoïstes. j’étais curieuse et j’avais envie de papoter avec vous, docteur, » dit-elle, ses lèvres dévoilant ses dents parfaitement alignées. « pour ce qui est de ma position… » elle hausse les épaules, avec une légère moue. « c’est surtout les difficultés techniques, plus que les habitants, qui sont un frein à la modernisation. même si évidemment il y a toujours quelques récalcitrants… et puis, mon élection à ce poste a soulevé quelques tollés, à l’époque, évidemment. tout le monde n’était pas prêt à voir une femme endosser ce rôle. » les plats arrivent, elle sourit, prend une bouchée de viande, mâche, avale. « mais j’avais le soutien de l’ancien maire, ce qui m’a grandement aidé à l’époque. » elle ne précise pas comment elle a obtenu ce fameux soutien et par quoi il a fallu en passer, mais elle se remémore certains passages avec amertume. bien sûr, après la mort de duncan, elle n’avait plus considéré son corps que comme un outil et rien d’autre. mais si c’était à refaire… enfin, inutile de se perdre dans des rêveries. ce qui est fait est fait et rien ne peut changer ça. néanmoins, ces souvenirs lui laissent un mauvais goût en bouche et elle est ravie que le sujet de la conversation dévie vers autre chose. si elle n’a pas honte de ce qu’elle a fait au nom de son ambition, ou simplement par facilité, elle n’aime pas spécialement y repenser, c’est donc avec enthousiasme qu’elle saute sur le sujet du jardinage. et le voilà qui évoque l’idée de lui offrir de nouveau des fleurs, et elle reste coite un instant. alors donc, ça existe encore, les hommes qui offrent des fleurs sans même avoir obtenu des faveurs au préalable ? elle a un sourire un peu surpris, un peu incrédule, mais plutôt ravi. « avec plaisir, » répond-elle seulement à mi-voix, avant d’aller chercher de la contenance dans son verre de soda au citron amer. un regard à la dérobée, et elle constate qu’il rougit. il rougit. c’est tout bonnement attendrissant, songe-t-elle. elle est habituée à faire rougir, mais là, c’est différent.

le sujet change néanmoins de nouveau, et elle propose évidemment son aide. toujours proposer son aide, surtout si ça n’engage pas à grand-chose. elle s’amuse de le voir toujours hésiter à l’appeler par son prénom, et entendre ses paroles lui rappelle des moments qu’elle a elle même traversé. « vous savez, je pense que nous avons plus besoin de nos enfants qu’ils n’ont besoin de nous. ils n’ont qu’une hâte, grandir, s’envoler loin du nid, tandis que nous voulons les garder près de nous pour toujours. » elle hausse les épaules, un sourire malicieux sur le visage. « enfin, » souffle-t-elle, « c’est comme ça. » elle prend un instant pour couper un morceau de son steak et le manger. « mais à vrai dire, si elle veut de l’indépendance, alors elle l’obtiendra de toute façon. si vous lui en donnez, vous pourrez contrôler la progression de cette fameuse indépendance. » elle s’interrompt, soudainement prise d’un doute. peut être paraît elle arrogante à dispenser ainsi de la sagesse de comptoir. « enfin, loin de moi l’idée de vous diriger. c’est simplement que j’ai constaté l’efficacité de la méthode avec ma fille, mais l’échantillon de sujets sur lequel elle a été testé est peut être un peu trop restreint, » plaisante-t-elle, une main venant remettre sa coiffure en place. « et ne vous en faites pas pour l’adolescence. il y a aura des moments difficiles, pour sûr. mais je suis certaine que vous vous débrouillerez très bien. » de toute façon, il n’y a aucun moyen d’éviter que les choses se fassent, il faut bien que jeunesse se passe. bien sûr, la mort de kenneth a rapproché les deux femmes à la fin de cette période, mais dans l’ensemble les choses ont été moins difficiles que ce qu’elle s’imaginait. quand elle repense à sa propre crise d’adolescence, elle se rend compte que soit elle a été particulièrement détestable, soit isobel a été particulièrement gérable. ce sont les deux seuls vrais exemples qu’elle ait, alors elle évite de faire plus de généralités, et oriente gentiment la conversation vers un autre sujet, curieuse que l’américain lui raconte à quoi ressemble la contrée lointaine dont il vient.

elle écarquille les yeux un peu plus grand lorsqu’il lui conte la ville, elle s’imagine les immenses bâtiments de verre et d’acier qu’elle ne verra jamais puisqu’elle est coincée sur cette maudite île, les rues pleine d’une foule pressée et qu’elle aurait certainement appris à détester, si elle avait vécu dans un tel contexte, l’abondance des voitures. bien sûr, tout cela sonne épuisant, mais vivifiant aussi, et le brouhaha de ces villes qui ne dorment jamais vient s’échouer à ses oreilles comme le bruit des vagues qui y meurt si souvent. elle oublie un instant de manger, sa tête posée dans sa main alors qu’elle l’écoute raconter comme une enfant qui écouterait quelqu’un lui lire un conte de fées, mais hoche néanmoins la tête lorsqu’il se tait. elle comprend tout à fait ce qu’il veut dire. bien qu’elle n’ait pas connu autre chose, elle sait de quoi il parle lorsqu’il évoque l’âme des vieux bâtiments. « lorsque vous posez la main sur les pierres d’une maison ici, c’est comme si elles étaient vivantes. elles ont une histoire, des tas de choses à raconter, » dit-elle doucement. « mais je vous assure qu’on s’en lasse. au moins, les grandes villes doivent être propices au changement, » imagine-t-elle à voix haute. elle se prend ensuite à lui donner quelques conseils, avec l’attention d’une femme qui se soucierait réellement de son bien être, et elle ne peut s’empêcher d’être surprise par sa propre attitude, ce qui semblerait être le cas du docteur également, vu sa réaction légèrement confuse. elle se réfugie dans son repas, mais se détend légèrement lorsqu’il rit en remarquant l’ironie de la situation et elle l’imite, le rouge lui montant légèrement aux joues, de manière à peine perceptible. winnie darling ne te laisse pas déstabiliser. « non, bien sûr, je ne voulais pas insinuer quoi que soit, je me doute que vous savez prendre soin de vous, enfin, pardon, ce n’était pas… pffff, » elle rit à travers son soupir, un peu gênée, quelques mouvements de main pendant qu’elle parle cherchant à lui donner contenance. en revanche, elle s’immobilise lorsqu’il lui suggère de l’appeler lui aussi par son prénom. elle ne s’y attendait pas, et elle se retrouve légèrement déstabilisée comme il a dû l’être lorsqu’elle lui a fait la même proposition deux semaines plus tôt alors qu’ils venaient à peine de se rencontrer. elle plisse légèrement les yeux en même temps que son sourire s’élargit après une seconde à rester coite. utiliser ma propre technique contre moi ? c'est mesquin, docteur fox. « je dois avouer que j’ai déjà pris l’habitude de vous appeler docteur, mais je ferai de mon mieux, jonathan. » dit-elle avec un clin d’œil, avant de manger la dernière bouchée de son steak, qu’elle fait passer avec une gorgée de bitter. elle l’observe un instant, laissant le silence s’étirer entre eux, et puis elle reprend, inspirant un peu brusquement avant de parler. « un dessert ? » demande-t-elle pour désamorcer ce moment de flottement qui commençait à s’installer, tout en commençant à chercher le serveur des yeux, histoire de l’appeler si nécessaire. « vous avez le temps ? » demande-t-elle, car comme elle, il est en pause déjeuner mais doit certainement avoir des choses à faire de son après midi. elle remonte un peu sa manche comme plus tôt dans la journée, au dispensaire, à la recherche d'une montre qu'elle ne trouve pas, faisant cliqueter les deux bracelets qu'elle porte au poignet.

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Jonathan Fox
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métier : ses mains guérissent, sa tête soigne ; et il essaye de vaincre la mort comme un matador dans une arène (médecin)
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Ven 29 Mai - 22:40

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383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgL’essence de l’humanité se trouve dans son égo. On ne peut exister qu’à travers l’autre, son regard, ses jugements – et quiconque prétendrait le contraire serait bien naïf, ou porterait des œillères si épaisses qu’elles l’empêcheraient de voir le monde tel qu’il est vraiment. L’homme est un animal social, un animal à l’œil vif plutôt qu’aux crocs acérés : il observe pour savoir à qui se fier et choisir précautionneusement qui rejeter de la tribu, car permettre le loup d’entrer dans la bergerie serait signer la fin de la communauté, et donc, sa propre mort, puisque l’humain est incapable d’évoluer seul. Ainsi, lorsque Winnifred me signale, en ourlant sa voix d’un ton chaud que je ne lui connaissais pas encore, qu’elle est ici, à mes côtés, de par sa propre volonté plutôt qu’un quelconque devoir électoral, je ne peux m’empêcher d’avoir un sursaut d’orgueil. Cette femme extraordinaire a envie de papoter avec moi, pas un autre. Je ne peux masquer le rouge qui colore mes joues.

« - Oh, je… Voilà que je bafouille à nouveau. La maire de Selkirk a la faculté extraordinaire de me faire perdre mes moyens avec une facilité déconcertante. Déglutissant avec difficulté, je préfère ne pas m’attarder sur le sujet pour masquer mon trouble, bien que je sois piètre acteur, j’en ai conscience, et réponds à la suite de sa diatribe. Je me doute, je me doute. Il est difficile pour certaines personnes de remettre en question des enseignements qu’on leur a rabâché durant des années, même s’ils sont totalement idiots : la dernière fois, Annie m’a demandé avec beaucoup d’intérêt si nous avions nommé les oranges d’après leur couleur ou la couleur d’après les oranges, et cela m’a fait réfléchir à ce genre de choses. Qui nous dit qu’une orange est bel et bien orange, en réalité ? Peut-être que nous nous trompons tous collectivement, depuis la nuit des temps, et qu’une orange est bleue – Paul Eluard aurait eu raison depuis le début. Enfin, je m’égare… Je rigole doucement. Je me doute que mes élucubrations pseudo-philosophiques ne vous intéressent guère, et ce n’est pas vraiment le sujet, de toute façon, désolé.

Pourtant, ce genre de réflexions me passionne, je dois bien l’avouer. Je suis de ceux qui aiment à réfléchir aux concepts abstraits qui ne prennent leur source que dans l’imaginaire, aux théories surprenantes qui remettent en cause les fondements même de la réalité. Mais j’ai conscience que ce hobby est étrange pour le commun des mortels, et préfère donc reprendre le fil premier de la conversation.

- Selkirk a de la chance de vous avoir, en tout cas, on peut voir que vous aimez profondément l’île et ses habitants. Une qualité rare, chez les politiciens. Enfin, je suppose qu’ils vous le rendent bien.

Winnifred est une femme charmante à l’esprit surprenant, qui semble mettre un point d’honneur à se soucier du bien-être de ses concitoyens : elle mérite d’avoir quelqu’un à ses côtés qui prenne soin d’elle, autant qu’elle le fait pour les autres. Peut-être n’est-ce qu’une façade, peut-être est-elle comme tous ces élus avides de pouvoir qui font de grands sourires sans jamais prendre les choses en main, mais je ne pense pas que ce soit le cas – je l’espère, en tout cas.

- Oh, loin de moi l’idée de vouloir l’enfermer dans une tour d’ivoire, j’ai conscience qu’il est nécessaire que jeunesse se fasse, et j’ai confiance en ma nièce, je sais qu’elle prendra les bonnes décisions. Mais… je ne sais pas, la voir grandir me rappelle que le temps passe inéluctablement, que je me fais vieux, et que je ne peux rien faire à ce sujet, je crois. J’hausse les épaules, souriant à mon interlocutrice. Merci. Si votre fille vous ressemble ne serait-ce que de manière infime, elle doit être une jeune femme remarquable. Enfin, je… Le compliment m’échappe sans que je n’y prenne garde, et me voilà maintenant dans un embarras dont je peine à m’échapper. Je veux dire que… je… je suis persuadé que vous avez fait un excellent travail à l’élever, si… hum…

Je fourre un morceau de viande dans ma bouche pour cacher mes bégaiements, baissant la tête vers mon assiette pour ne pas avoir l’air trop dépité. Je n’ai vraiment pas l’habitude de parler avec un autre être humain, en particulier un adulte, et ça se voit : me voilà à dire à voix haute ce que je pense tout bas, comme si j’étais incapable de la moindre retenue. Heureusement, la discussion s’oriente sur ma vie à Pittsburgh et, à l’inverse, sur le folklore de la petite île écossaise, et il est plus aisé pour moi de me concentrer sur ce terrain relativement neutre.

- Le changement… oui, je suppose. Mais je ne suis pas fâché de pouvoir me reposer un peu ici, sans craindre le chaos qu’engendre souvent la vie en ville.

Et ma santé mentale m’en remercie tous les jours. Mais lorsqu’elle se met à sourire puis à rire devant mon trait d’esprit, ce n’est plus de simples remerciements que me prodigue mon esprit, c’est un véritable concerto d’acclamations. Si Winnifred est magnifique lorsqu’elle me fixe de ses yeux clairs et son air mutin, elle s’élève au rang d’œuvre d’art lorsqu’elle se laisse aller à la joie. Et mon nom qui résonne sur le bout de sa langue ne fait que contribuer à l’étrange sensation qui ceint mon ventre, comme un feu de bois qui crépiterait dans le creux de la nuit, chaud et réconfortant. C’est agréable, envoûtant, même, mais aussi diablement effrayant. Jonathan. Les prémisses du possible, une porte ouverte à une intimité que je ne suis pas sûr d’assumer, me dis-je tout à coup. Alors que je devrais me laisser aller à la douce quiétude qui émane de ce moment chaleureux, voilà que mon esprit se met à tourner dans ma tête. Les pensées se chevauchent et s’entrechoquent, alors même que c’est moi qui lui ai demandé de m’appeler par mon prénom : pourtant, elle est là, la panique. J’aurai dû me douter qu’elle n’était pas bien loin. Je ne pouvais pas passer un bon moment sans qu’elle vienne gâcher la fête, et voilà qu’elle arrive au pire moment possible.

- Je euh… non, euh, oui, enfin… Je ferai mieux de retourner au dispensaire en réalité, j’ai beaucoup de travail… Mensonges et calomnies. Je me hais de recourir à de faux prétextes, mais que dire ? Je n’ai personne d’autre à blâmer que moi-même pour l’affolement soudain qui saisit mes sens, et que je n’arrive pas à maîtriser. Maudite soit cette anxiété qui me suit partout comme un faucon désireux de fondre sur sa proie – qu’il me prenne pour cible, si ça lui chante, mais pas au détriment d’une femme qui n’a été rien d’autre que délicieuse avec moi. Et pour quelle raison ? Car elle m'a appelé Jonathan sous ma propre impulsion ? Je suis vraiment pathétique. Je me lève maladroitement, manquant de faire tomber mon verre sur la table, me traitant intérieurement de tous les noms. Merci beaucoup, Winnifred, je… je suis désolé… »

Et je lui tourne déjà le dos, déposant sur le comptoir du Crags tous les billets que contient ma poche sans me soucier du montant exact, avant de sortir de l’établissement en me retenant de courir. Je me maudis, je ne me supporte plus. Comme à mon habitude, lorsque les choses deviennent trop dures, lorsque la peur prend le pas sur le moment présent, je fuis comme un lâche. Que va bien pouvoir penser Winnifred ?

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Winnifred Carberry
Winnifred Carberry
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puissent les dieux prendre en pitié l'homme insensible qui demeure sain d'esprit, confronté à l'abominable vérité.

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Sam 30 Mai - 2:12

date du rp ≈  24 novembre 1981
lieu du rp ≈  le crags


You're not a drop in the ocean

jonathan fox // winnifred carberry there's nothing to see here, people, keep moving on slowly their necks turn, and then they're gone she wants revenge → these things  •••

383c0d421a0461d97076696c12cbd43e.jpgbien sûr, elle a l’habitude de déstabiliser les hommes. de les faire bredouiller, rougir, perdre leurs mots, à eux et même aux femmes parfois. ah, les humains sont des proies si faciles que c’en est presque ennuyeux, parfois. mais là, en compagnie du docteur fox, elle ne s’ennuie pas, bien au contraire. et si d’ordinaire elle se délecte avec une joie presque sadique des émois de ses interlocuteurs, elle se trouve en l’occurrence un regard plus bienveillant sur la chose, presque attendri. peut être parce qu’il n’est pas d’ici, peut être parce qu’il est clair que l’américain est quelqu’un de sérieux, pas le genre à se laisser déstabiliser, à quitter son masque professionnel, ou peut être simplement peu habitué à être l’objet des attentions d’une femme. elle n’est pas sûre de la cause, mais la conséquence est bien là, et ses lèvres s’étirent toutes seules en un sourire amusé mais nullement moqueur. et puis, même si elle a l’habitude d’avoir cet effet là, voir les joues de jonathan fox prendre des couleurs lui apporte une certaine satisfaction, à coup sûr celle de voir que sa mission avance bien. son sourire s’élargit alors qu’il repart dans des réflexions philosophiques qui semblent être chose commune chez lui. elle penche un peu la tête, ses cheveux d’or glissant de derrière son oreille, et elle les remet en place tout en l’écoutant avec attention. bien sûr, les mœurs évoluent lentement. bien sûr, le progrès ne se fait pas sans peine. mais elle essaie de faire avancer les choses, petit à petit, comme elle le peut, tout en gardant à l’esprit les secrets à protéger. et puis, elle a un petit rire lorsqu’il évoque les questionnements incessants de sa nièce. il lui semble que c’était hier qu’isobel lui posait le même genre de questions. maman, d’où vient l’univers ? maman, pourquoi on est là en vie ? maman c’est quoi la mort ? pourquoi le ciel est bleu ? si on sort un poisson de l’eau alors il se noie dans l’air ? comment on a découvert qu’on pouvait boire le lait des vaches ? et manger les œufs des poules ? son sourire s’évanouit un peu alors qu’elle se perd dans ses souvenirs, et puis elle reprend contact avec la réalité, à peine une seconde plus tard. elle se souvient vaguement avoir eu, elle aussi, des contemplations similaires, au même âge. ainsi donc, elle hoche la tête, balayant les excuses du médecin d’un mouvement de main. « il s’agit surtout d’un genre de questions qui ouvrent des portes dans lesquelles s’engouffrer peut faire disparaître toute une après midi… ou une nuit, » plaisante-t-elle, plissant légèrement les yeux. « on en arrive rapidement à se demander si la réalité n’est pas simplement un rêve particulièrement réaliste. bien sûr, je pense donc je suis, très bien, mais c’est se débarrasser de l’affaire un peu vite, et balayer toutes sortes de choses sous le tapis. après tout, il me semble que c’est nietzsche qui écrivait que l’affirmation je pense donc je suis était en fait difficile voire impossible à fonder, car selon ce que l’on entend par ‘je’ et ‘pense’, déjà, il est bien plus difficile d’y voir clair. il s’agirait d’un sophisme linguistique, d’une certaine manière. alors à vrai dire, comment affirmer que quoi que ce soit, nous mêmes y compris, soyons réels ? » elle se laisse aller à rire, un air taquin sur le visage. « je vous avoue que je réserve ce genre d'errances spirituelles aux nuits d’insomnie, » confesse-t-elle, une ombre passant l’espace d’un instant sur son visage, ombre qu’elle chasse bien vite cependant, retrouvant le sourire.

elle hausse un peu les épaules, son expression se faisant plus malicieuse. « disons que quitte à être ici, autant que l’endroit soit aussi agréable à vivre que possible, n’est-ce pas ? Mais j’imagine que mes administrés m’apprécient, autrement ils ne m’auraient pas réélue comme ils l’ont fait. » quatre mandats de quatre ans, mine de rien, ça commence à faire. « les choses se font. lentement, mais elles se font. et dites vous bien que vingt pour cent de l’île sont encore sans électricité. heureusement, ce sont des lieux peu, ou pas habités, de nos jours. mais tout de même. » elle fronce un peu les sourcils. en seize ans, elle n’a pas avancé autant qu’elle l’aurait voulu, la faute aux comptes qu’elle se doit de rendre à ce cercle auquel elle appartient, auquel elle se sent parfois, souvent, soumise. mais il n’y a strictement rien qu’elle puisse faire à ce propos, alors, elle s’accommode. oh, elle est passée maître dans l’art de faire comme si rien ne pouvait la toucher, troubler sa sérénité intimidante. c’est d’ailleurs avec cet air serein qu’elle rassure le médecin, lui souriant, un peu goguenarde. « allons, allons, docteur. à vous entendre on dirait que vous avez soixante-dix ans. vous êtes loin d’être vieux, rassurez vous. » car si lui est vieux, alors elle aussi. et non. elle n’a pas envie de les voir, de se voir comme ça. la vieillesse, elle l’a côtoyée de près, en la personne de son prédécesseur. et clairement, ce n’est pas l’image que lui renvoie son compagnon de déjeuner. celle de la fatigue, peut être, d’une certaine manière, mais voilà tout. quant à elle, elle se sent encore la fougue de la jeunesse, c’est presque dommage qu’elle n’ait pas grand chose à en faire. bien sûr, les idéaux ont perdu de leur attrait. elle a appris à faire des compromis pour obtenir ce qu’elle veut. mais c’est toujours la même énergie qui bouillonne en elle. il la complimente, indirectement mais sans que ce soit vraiment discret, et il semble immédiatement s’enfoncer dans sa confusion, se retrouvant à bredouiller, alors elle l’interrompt pour mettre fin à cet état probablement inconfortable. « merci bien, » dit-elle d’un ton taquin, avant de réorienter le sujet. et puis, au détour d’une phrase, il lui propose, ou peut être lui demande-t-il plutôt, de l’appeler par son prénom, et elle oblige, avec un sourire, un clin d’œil même, rien de bien fou, une simple taquinerie.

alors qu’elle lui propose un dessert, simple prétexte pour passer un peu plus de temps ensemble car elle n’a pas tant le goût des choses sucrées et n’a, de toute façon, plus tellement faim de ce genre de nourriture humaine, il semble de nouveau déstabilisé, mais pas de la même manière presque touchante que plus tôt, lorsqu’elle lui a décoché quelques sourires ou répliques dans le but de le bousculer un peu. non, là c’est différent. elle ne saurait dire en quoi, mais ce n’est pas aussi amusant. peut être a-t-il simplement réalisé que l’heure était plus tardive que ce qu’il pensait ? mais tout cela sans regarder sa montre une seule fois ? elle hausse un sourcil, confuse, car il est clair que cette histoire de travail est une excuse. qu’a-t-elle donc bien fait pour le mettre si mal à l’aise, se demande-t-elle, alors qu’il se lève maladroitement et qu’elle fait de même, par réflexe, et sans bousculer la vaisselle. « oh, eh bien, je… » elle même se trouve prise de court, plongée dans une situation sur laquelle elle n’a pas la mainmise et où elle ne décide finalement pas de tout, « je comprends, bien sûr, » tente-t-elle de tempérer, alors qu’elle a cependant un peu de mal à cacher son trouble et la légère déception qui la saisit. « bon courage, alors, » a-t-elle a peine le temps de prononcer alors qu’il s’enfuit, à toutes jambes aurait-elle envie de dire. elle reste là debout un instant, ses yeux fixé sur lui jusqu’à ce qu’il disparaisse de son champ de vision, et un doute affreux la prend soudain, et ses doigts viennent se poser fébrilement sur son visage. non. la texture est toujours la même. pas de lésions préliminaires à la putréfaction de ses chairs déshydratées. elle ne sent le contour d’aucune écaille, et le soulagement la fait se rasseoir, un peu moins gracieusement qu’à son habitude, tandis qu’elle soupire. « non mais, quelle mouche l’a piqué ? » marmonne-t-elle pour elle même. alors ça. c’est bien la première fois depuis des années qu’on lui fait un coup pareil. elle avait oublié le goût acide que ce genre de rejet ou d’échec, même temporaire, laisse sur les lèvres. un mystère, ce jonathan fox. mais s’il croit s’en tirer comme ça, il se fourre le doigt dans l’œil jusqu’au coude, car ce qu’il vient de faire ne fait qu’attiser la curiosité que la sirène avait déjà à son encontre. bon. il va falloir réfléchir à un plan d’action, se dit-elle, sa détermination habituelle pointant le bout de son nez. elle se redresse dans sa chaise, se lève, et va s’asseoir au bar. « un gin, double, » commande-t-elle au barman avant que celui ci ait le temps de dire quoi que ce soit. elle le descend en quelques gorgées alors qu’un sourire point sur ses lèvres. voilà longtemps qu’elle n’avait pas été face à quelque chose d’intriguant, quelque chose qui lui donne du fil à retordre, qui la challenge. et après tout, quel intérêt d’avoir toujours ce qu’on veut juste en claquant des doigts ?

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